Le scandale des hausses exagérées de la rémunération des médecins spécialistes colle à la peau de Philippe Couillard comme le tatouage d’un stéthoscope. Car scandale il y a. En voici les raisons.
1- Déjà sous Jean Charest, les libéraux leur ont ouvert le bar des fonds publics. Ils l’ont fait sous le prétexte fumeux d’un « rattrapage » soi-disant urgent du revenu des spécialistes québécois face à leurs collègues du reste du pays. Depuis, c’est à coups de milliards en fonds publics que leur rémunération a bondi d’un prodigieux 117 %.
2- Malgré cet enrichissement spectaculaire, une bonification notable de l’accès aux spécialistes n’a pas suivi. C’est ce qui s’appelle un marché de dupes ou un piège à cons. À vous de choisir. Hormis pour les oncologues, obtenir un rendez-vous avec un spécialiste dans un délai raisonnable frôle la mission impossible.
3- Sur le même sujet du « rattrapage », Radio-Canada rapporte qu’en fait, « les médecins spécialistes du Québec ont gagné en moyenne 403 537 $, soit 36 000 $ de plus que les spécialistes en Ontario ». Les spécialistes québécois sont donc mieux payés que leurs collègues ontariens depuis 2016. Au Québec, la valse des milliards en hausses se poursuivra pourtant jusqu’en 2023.
Le prix de la gloutonnerie
Avec un revenu annuel moyen de 697 642 $, le premier prix de la gloutonnerie va néanmoins aux radiologistes. Comme par hasard, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, est un radiologiste.
4- On apprend maintenant que les hausses faramineuses accordées aux spécialistes par les libéraux découleraient aussi de mauvaises « prévisions » datant de 2006 quant à l’augmentation du revenu des médecins dans le reste du pays. La belle affaire.
5- Se délestant de sa propre responsabilité dans ce scandale qui vampirise aussi le budget de la santé et des services sociaux, M. Couillard a même le culot d’en blâmer François Legault. Ministre de la Santé sous Bernard Landry, il est vrai que M. Legault voulait étudier les écarts de rémunération entre les spécialistes du Québec et du Canada.
Mais, contrairement à ce qu’en dit M. Couillard, jamais M. Legault n’a mis le bras des contribuables dans le tordeur de ces augmentations pharaoniques. Les responsables en sont les libéraux.
Enquête
6- Le dernier élément du scandale est en fait son premier. On le trouve chez ses vrais géniteurs : Philippe Couillard, Gaétan Barrette, l’ex-ministre de la Santé Yves Bolduc et Juan Robert Iglesias, jusqu’à récemment le puissant secrétaire général et greffier du Conseil exécutif.
Au-delà de l’amour du pouvoir, ces quatre hommes ont en commun d’être médecins. Devant ce qui s’avère être une dilapidation éhontée de fonds publics à hauteur de quelques milliards de dollars payés en trop aux spécialistes, ce trait commun est la définition même d’un conflit d’intérêts.
Bref, à l’incompétence de mauvaises « prévisions » faites en 2006 s’ajoutent surtout des années de favoritisme pratiqué par des médecins spécialistes au pouvoir. Le tout, au profit de leur propre profession et de ceux qui l’exercent.
Considérant les sommes en jeu, ce scandale mérite une enquête indépendante.