L’art de perdre à l’avance une élection n’est pas donné à tous les chefs de partis. En voyant Philippe Couillard s’entêter à défendre les indéfendables hausses de rémunération des médecins spécialistes, force est d’admettre qu’il en a tout le talent.
Après trois ans d’austérité, le premier ministre n’entend toujours pas la colère des citoyens. S’il ne corrige pas le tir, son niveau ahurissant de surdité politique pourrait bien lui coûter la prochaine élection.
Les milliards additionnels qu’il entend faire pleuvoir d’ici 2023 sur sa propre profession de médecin spécialiste ne passent pas. Les Québécois qui, pendant ce temps-là, attendent des soins ou des services sociaux en ont ras le bol.
Doléances
Les doléances se multiplient, mais Philippe Couillard reste de glace. Il devrait pourtant savoir que la santé s’annonce comme un enjeu électoral majeur. Le système public, sous sa gouverne, craque de partout. Le Québec est aussi une société vieillissante dont les besoins en soins et services n’iront qu’en augmentant.
D’où l’écœurantite de nombreux Québécois qui, tout en appréciant leurs médecins, n’en peuvent plus de les voir passer constamment à la caisse. Le problème n’est pas la profession médicale. Ce sont les politiques du gouvernement Couillard qui leur donnent le beurre, l’argent du beurre et la combinaison du coffre-fort du trésor public.
Dette ?
Pour se justifier, le premier ministre répète que la « société » a une « dette » envers les spécialistes pour une entente déjà signée. Désolée. La « société » n’a rien décidé de tel. C’est l’argent des Québécois dont on parle. Tout gouvernement peut renégocier une entente lorsqu’elle est devenue déraisonnable en termes de finances publiques et de justice sociale.
La vraie « dette » des libéraux, elle est envers les infirmières, les préposés, les aidants naturels, les enseignants, nos aînés et les personnes handicapées. Elle est envers tous ceux et celles qu’ils ont laissés pour compte. Comment perdre une élection ? En voilà bien la recette parfaite...