«J'ai voulu vérifier si le cours donne des connaissances aux enfants ou s'il les endoctrine. J'ai constaté que c'est la deuxième option qui prime», dit la sociologue Joëlle Quérin, qui a mené l'étude.
Photo: André Tremblay, Archives La Presse
***
Ariane Lacoursière - Le cours d'éthique et culture religieuse (ECR), obligatoire depuis l'automne 2008 dans les écoles du Québec, n'instruit pas les élèves, mais sert plutôt à les endoctriner pour en faire des «enfants accommodants», conclut une nouvelle étude de l'Institut de recherche sur le Québec, qui demande que la formation soit retirée des écoles.
«J'ai voulu vérifier si le cours donne des connaissances aux enfants ou s'il les endoctrine. J'ai constaté que c'est la deuxième option qui prime», dit la sociologue Joëlle Quérin, qui a mené l'étude.Pour Mme Quérin, l'objectif du cours d'ECR est clair: rendre les enfants plus accommodants. La formation «abandonne les connaissances pour se consacrer exclusivement à la promotion du multiculturalisme, rebaptisé pluralisme», dit-elle.
N'hésitant pas à parler de «propagande à l'école», Mme Quérin croit que le cours d'ECR «passe par les enfants pour transformer la société». Sous prétexte de favoriser le «vivre-ensemble», la formation «anéantit tout débat», plaide Mme Quérin, qui martèle que le cours doit être aboli.
Porte-parole de la Coalition pour la liberté en éducation, Richard Décarie est du même avis. «Ça confirme ce qu'on a toujours dit: le cours d'ECR impose une stratégie de pluralisme endoctrinal et ça doit cesser», affirme-t-il.
Le sociologue Mathieu Bock-Côté qualifie la formation en ECR de «cours d'accommodement 101». «L'enseignement des religions sert de prétexte à la rééducation thérapeutique de la société québécoise», croit-il.
La présidente du Mouvement laïque québécois, Marie-Michelle Poisson, croit elle aussi qu'il y a «un élément de propagande flagrant» dans le cours d'ECR. «On impose un modèle de laïcité ouvert aux religions qui est soi-disant celui qu'ont choisi les Québécois. Or, ce modèle n'a jamais fait l'objet de débat», dit-elle.
Dans son étude, Mme Quérin déplore aussi que le cours d'ECR articule l'identité québécoise principalement autour de la Charte des droits et libertés. «Il s'agit de dire aux enfants qu'ils sont tous québécois... et qu'être québécois signifie tout simplement respecter la Charte québécoise des droits et libertés! Aussi bien qualifier de québécois tous les touristes qui, durant leur séjour, n'enfreindront pas la Charte!» commente Mme Quérin.
Au cabinet de la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, on assure que le cours d'ECR est «le meilleur outil de rapprochement entre les différentes communautés du Québec en leur permettant de mieux se connaître».
Le cours d'ECR a remplacé l'enseignement religieux et moral dans les écoles en septembre 2008. Depuis, plusieurs groupes ont tenté de l'abolir. Des parents de la région de Drummondville ont récemment poursuivi la Commission scolaire des Chênes, en prétextant que le cours obligatoire d'ECR porte atteinte à la liberté de conscience des élèves. En septembre, un juge a donné raison à la Commission scolaire des Chênes, qui refuse d'accorder des exemptions au programme. La cause sera entendue en appel en janvier.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé