Après les multiples menaces turques et la libération de l’autoroute Damas-Alep, principal objectif à court terme, on pouvait penser que l’offensive de l’armée syrienne allait connaître une pause. Il n’en a rien été et les combats continuent à faire rage entre islamistes et soldats syriens.
Le front s’est toutefois déplacé et c’est l’ouest d’Alep qui a été reconquis par l’armée syrienne. On se rappelle qu’Alep, qui fut longtemps le poumon économique du pays, avait fait l’objet de combats acharnés, de 2012 à 2016. Une attaque massive des islamistes leur avait permis de prendre l’est de la ville mais ils n’avaient jamais pu aller plus loin dans une ville qui leur était hostile. C’est à ce moment que les souks d’Alep, les plus beaux d’Orient, furent détruits.
La reconquête fut difficile et ce n’est que fin 2016 que les derniers islamistes se rendirent et, conformément aux accords passés avec la Russie, furent transportés plus à l’ouest, dans la province d’Idlib. Cette dernière était aux mains du Front al-Nosra depuis presque 2012 et ses combattants avaient même investi une partie de la banlieue ouest d’Alep et tous les villages environnants.
Depuis, presque tous les jours, des roquettes tombaient sur les quartiers libérés, faisant régulièrement des victimes. On en parlait peu dans les médias occidentaux car seules les victimes du « régime » intéressent nos honnêtes journalistes.
L’armée syrienne reprend maintenant tout ce territoire et, après de durs combats de rue dans la banlieue ouest, elle libère les villages occupés les uns après les autres. Comme toujours, d’importants réseaux de tunnels sont ensuite découverts, dont la sophistication est d’ailleurs assez remarquable.
L’armée turque est, finalement, assez passive alors que l’on pouvait craindre qu’elle ne contrecarre plus sérieusement l’avancée syrienne. Nul doute que les discussions entre responsables russes et turcs y sont pour quelque chose.
Que peut-il se passer, maintenant ? L’armée syrienne peut reprendre le sud de la province, relativement isolé maintenant, mais également poursuivre vers l’ouest en direction de la frontière turque, ce qui est diplomatiquement assez périlleux.
Il est certain que la maîtrise des airs donne à Poutine un avantage décisif. Toute cette reconquête n’est, d’ailleurs, possible que grâce à l’appui massif de l’aviation russe. Aucun avion turc ne peut voler sans autorisation russe, et cela change tout. D’ailleurs, lorsque les Syriens et les Turcs se sont échangé des tirs d’artillerie, il y a quelques jours, les Turcs ont sollicité l’autorisation d’envoyer un avion récupérer leurs blessés. Elle fut refusée par les Russes et c’est par camion que furent rapatriés les blessés turcs.
Cette anecdote, rapportée par L’Orient-Le Jour, en dit long. Poutine était agacé du ton menaçant d’Erdoğan et il lui a rappelé qui avait les cartes en mains.
En tout état de cause, les affaires du Front al-Nosra sont mal engagées et on ne peut que s’en réjouir.