Les militants du Parti libéral du Québec (PLQ) ne font pas grand cas de l’apparence d’effritement du vote francophone pour leur parti : ils ont adopté samedi une série de propositions visant à « prendre davantage en compte » la réalité des anglophones, mais n’ont pas abordé, en revanche, les enjeux linguistiques qui touchent les francophones.
« Le sentiment d’appartenance [au Québec] est faible, chez les anglophones et chez les jeunes, surtout dans les régions », a lancé la ministre responsable des Relations avec les Québécois d’expression anglaise, Kathleen Weil, à son arrivée au Congrès des membres du PLQ, à Québec.
« C’est inquiétant », a-t-elle ajouté. « On veut que tout le monde se sente Québécois à part entière. Que ce soit des gens qui viennent d’ailleurs ou des anglophones ; il faut travailler ce sentiment d’appartenance », a-t-elle fait valoir.
La ministre s’est réjoui des propositions de la Commission politique de son parti, qui suggérait notamment au gouvernement du Québec de se préoccuper des « citoyens d’expression anglaise » lors de l’élaboration de « tout nouveau projet de loi, règlement ou politique qui les concerne ». L’ensemble de ces propositions ont été adoptées samedi. Un amendement visant à rendre les services publics bilingues obligatoires a été retiré.
Avant la ministre Weil, le député libéral de D’Arcy-McGee, David Birnbaum, a loué la « tradition du Parti libéral de comprendre qu’il y a un Québec inclusif ». Le vote des « Québécois d’expression anglaise » n’est pas acquis, et le PLQ pose « les bons gestes », s’est-il félicité.
Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a apporté une lecture différente. « Je suis un élu d’un comté dans l’Ouest-de-l’Île de Montréal, où il y a beaucoup d’anglophones et d’allophones. Je ne sens pas un sentiment de non-appartenance », a-t-il déclaré.
Il a néanmoins évoqué une « question sociétale ». « [C’est] une communauté qui est très active, qui travaille, qui contribue à l’essor du Québec et qui ne se sent pas représentée dans les institutions québécoises » a-t-il expliqué.
Les plus récents sondages sur les intentions de vote des Québécois font état d’une diminution du vote libéral chez les francophones. Des coups de sonde effectués aux mois de mai, août et octobre donnent 25 %, 22 % et 21 % du vote francophone au PLQ. La Coalition avenir Québec (CAQ) récolte en revanche 35 %, 33 % et 34 % des intentions de vote chez les Québécois francophones.
La CAQ lorgne, elle aussi, les anglophones
Le PLQ recueille 60 % des intentions de vote des non-francophones contrairement à 17 % pour la Coalition avenir Québec, 7 % pour Québec solidaire et 4 % le Parti québécois, selon un sondage effectué par Léger il y a moins d’un mois. La popularité de l’équipe de Philippe Couillard s’effrite, note Nathalie Roy à 311 jours des élections générales. « Ça descend, ça descend, ça descend », a-t-elle répété devant les quelque 500 militants caquistes rassemblés à l’Hôtel Delta de Sherbrooke ce week-end.
Questionnée par un militant anglophone de Mont-Royal-Outremont sur les moyens mis en branle par la CAQ afin de gagner l’appui des membres des communautés anglophones et allophones, Mme Roy a répondu : « Nous devons vous parler plus. Nous devons vous écouter, et nous vous écoutons Et, vous devez écouter ce que nous avons à offrir parce que nous avons beaucoup à offrir. »
Dans cet esprit, le chef de la CAQ, François Legault, promet de maintenir le Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise seulement si celui-ci s’avère « vraiment utile ».
La ministre Kathleen Weil a annoncé la création du Secrétariat à quelques heures du coup d’envoi du congrès du PLQ vendredi. Survivra-t-il à l’élection d’un gouvernement caquiste ? « Je veux voir ce que ça va donner. Si ça donne de bons résultats, si c’est vraiment utile, puis ce n’est pas seulement de la bureaucratie additionnelle, je n’ai pas de problème à le garder », a répondu M. Legault en marge du congrès général de la CAQ samedi.
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