Dans une tribune publiée par le Huffington Post, Jean-Christophe Cambadélis a mis en cause Gerard Collomb dans le cadre du projet de loi Asile Immigration qui sera présenté ce 21 février en Conseil des ministres. Eric Verhaeghe, fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio, analyse ses motivations.
Je dirais volontiers qu’il s’agit d’une hypocrisie tout à fait calculée et intéressée. N’oublions jamais les deux casquettes de Cambadélis. Il y a l’ancien premier secrétaire du Parti Socialiste, et il y a surtout l’ancien député d’un arrondissement parisien très fortement marqué par l’immigration et par ce discours de la bienveillance vis-à-vis des réfugiés. Soyons clairs, même: Cambadélis a lourdement perdu la dernière législative du fait d’une coalition des gauches contre lui. Elle lui ont préféré la candidature de Mounir Mahjoubi. Pour Cambadélis, ce discours favorable aux réfugiés a là encore un double sens. Il s’agit de reconquérir des voix ou, en tout cas, de faire entendre sa petite musique, notamment dans la perspective des municipales qui s’annoncent.
Il s’agit aussi de promouvoir une politique de peuplement qui lui a profité pendant des années. On ne mesure pas assez que l’accueil d’immigrés est une bonne façon de changer le tissu électoral. Des arrivées massives d’immigrés font partir progressivement les autochtones et en priorité ceux qui ne votent pas spontanément socialiste. Elles constituent également un réservoir de voix plutôt enclines à voter socialiste dans la durée.
Pour Cambadélis, ce sujet est donc un mets de choix dans la mesure où il peut espérer enfoncer un coin « local » contre son rival En Marche sur ce thème.
Plus généralement, il faut marteler que la majorité socialiste à Paris manie le discours de la bienveillance quant aux réfugiés pour des raisons de calcul bien avant d’avoir des raisons de coeur. L’ouverture aux réfugiés remet en branle l’écosystème d’une victoire qui redevient probable après la déculottée infligée par En Marche. Hidalgo a un intérêt objectif à cliver sur ce thème: c’est la meilleure façon de mettre En Marche en difficulté face à un électorat bobo travaillé au corps quotidiennement par des medias complaisants. C’est aussi l’annonce de nouvelles arrivées qui feront fuir les marcheurs ou les libéraux qui habitent Paris. Sur ce sujet, Hidalgo gagne donc sur tous les tableaux. […]
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