Nous le savons depuis longtemps, celui qui occupe actuellement la fonction de Premier Ministre du Québec est un adepte impénitent de l'amalgame et de la diversion. C'est ce qui fait de lui, selon certains dont je ne suis certainement pas, un bon débatteur. Imaginez !
Je pense plutôt qu'il s'agit là d'un comportement qui insulte l'intelligence et qui fait partie des techniques qui rendent la petite politique si exécrable.
Ce procédé consiste, pour détourner un débat qui ne fait pas son affaire, à accabler son adversaire d'accusations spectaculaires, par association ou mensongères s'il le faut, sur un sujet qui n'a aucun rapport, histoire de faire assez de tapage et de boucane pour qu'on oublie un instant le vrai sens de la discussion.
Souvenons-nous seulement de ce fameux recours à une vieille déclaration de Jacques Parizeau en plein débat télévisé contre Bernard Landry en 2003. Ça n'avait aucune pertinence à ce moment-là, ce qui n'avait pas empêché la campagne libérale de faire du millage là-dessus pendant quelques jours, puisque les médias n'eurent apparemment d'autre choix que de conjecturer à tours de bras sur cette niaiserie, proférée par un aspirant au poste de chef du gouvernement. Il est là le " génie " de notre bon Premier Serviteur de ce régime d'assimilation canadian qui n'a aucun sens.
Mais je n'avais jamais imaginé faire moi-même, un jour, les frais du banditisme intellectuel du chef libéral. C'est pourtant ce qui m'arrive maintenant, moi qui suis régulièrement publié sur Vigile, qui est au coeur de la plus récente tentative malhonnête du Premier Ministre de se sortir d'une impasse, cette fois-ci au sujet d'un geste irrecevable qu'il pose dans le pénible dossier linguistique.
Ici, sur Vigile, on sourit à la vue cette énorme publicité, et je comprends et partage la satisfaction de plusieurs devant ce seul fait. Sauf qu'il ne faut pas oublier, non plus, qu'on vient bel et bien d'accuser ce quotidien, grosso-modo, de faire la promotion de la violence. Rien de moins.
Pour nous qui connaissons bien Vigile, ce mensonge ahurissant est une évidence. Mais mettons nous un instant à la place de ceux qui n'ont jamais entendu parler de ce quotidien et qui suivent la politique de façon plus ou moins distraite. Il estimeront peut-être que le Premier Ministre fait diversion, mais ils pourront néanmoins penser qu'il réfère à une organisation qui est effectivement plus ou moins recommandable, ou carrément condamnable.
C'est un attentat à la crédibilité de Vigile qu'il ne faut surtout pas perdre de vue. Aussi invraisemblable que cela puisse être, c'est quand même une institution démocratique de première importance qui parle, en la personne de Jean Charest.
Je n'accepte aucune part de cette boue lancée par le Premier Ministre, ses subalternes et autres suppôts. Aussi peu crédibles soient-ils, ils ont quand même le pouvoir, et tout un pouvoir, celui d'un régime d'asservissement canadian extrêmement motivé, prêt à dépenser des sommes infinies pour maintenir son emprise.
Il faut défendre Vigile devant ce qui ressemble beaucoup à une campagne de salissage à son endroit, par une famille politique qui, manifestement, s'offusque d'y trouver de sévères critiques. Il fallait voir Liza Frulla, lundi midi à Radio-Canada, s'emporter rageusement en brandissant Vigile, qu'elle décrivait comme un véritable torchon. La " commentatrice " info-publicitaire du parti libéral fonçait comme un train, en affirmant sans la moindre nuance que la démarche de Vigile était totalement inacceptable et illégitime. Surréaliste, oui, mais dommageable aussi, qu'on le veuille ou non.
Vigile est un espace de parole et de discussion indispensable, mené avec doigté, qui n'est ni une chorale partisane ni l'outil de quelque basse démarche que ce soit. Sans ce quotidien, il ne resterait que le Devoir, pour publier des gens comme moi et une multitude d'autres qui, parce qu'ils prônent l'indépendance, sont systématiquement bannis des médias de l'empire Desmarais -- je parle ici en toute connaissance de cause sur la foi d'une expérience substantielle qui laisse peu de place au doute --, ce qui crée un déséquilibre artificiel déplorable dans le débat sur la question nationale, dont on arrive pas à se dépêtrer depuis des décennies, et propre à soulever des questions sur l'état réel de notre démocratie.
La publicité est bienvenue, fut-elle le fruit de l'incurie politique d'un groupe adverse. Mais, faite sur le dos des réputations, elle n'est pas nécessairement gratuite; Tirons-en le meilleur parti, en sachant préserver notre précieuse crédibilité.
Nic Payne
Montréal
Salir Vigile
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
21 octobre 2010M.Meloche, merci de votre commentaire. J'entends bien ce que vous dites.
Je pense néanmoins que lorsque le Premier Ministre, de sa tribune privilégiée, vous accuse et essaie de salir votre réputation, il faut réagir -- dignement, certes --, ce que fait justement Bernard Frappier, le coordonnateur de Vigile, aujourd'hui même.
Cordialement,
N.P.
Archives de Vigile Répondre
20 octobre 2010Monsieur Payne,
C'est dans la durée que s'éprouve une idée. Ne vous laissez pas impressionner par nos formes modernes de sensationnalisme qui engrangent les « unes » pour aveugler les lecteurs. Soyez patient. Le délateur en vient toujours à se contredire, au moins une fois dans sa vie. Ou alors, il n'est que mécanique. Poursuivez le travail qui vous motive et vous est propre sans vous formaliser des manipulations politiques. Comme l'écrivait Nietzsche, « prenez de la hauteur! »
Bonne continuation...
André Meloche
Sainte-Sophie