Jean-François Lisée souhaite avec le retour de Jean-Martin Aussant stopper l'hémorragie au sein du Parti québécois.
Le chef péquiste qui a mis au frigo l'option avait besoin d'une caution indépendantiste que lui procure l'ancien fondateur d'Option nationale. Si jamais le PQ prend le pouvoir en octobre, Aussant aura le mandat de dépoussiérer les études sur la souveraineté, un exercice confié à l'époque à Richard Le Hir et qui a tourné au vinaigre.
La manœuvre est habile et réussira peut-être à ramener des indépendantistes pressés qui sont passés à Québec solidaire. Lisée pourra dire en campagne électorale: «je ne tiendrai pas de référendum dans un premier mandat, mais je prépare le terrain avec un pur et dur».
Il faut reconnaitre incidemment que l'opposition officielle s'est resaisie au cours des dernières semaines et s'est donnée une cohérence dans son discours et son action en Chambre. La nomination surprise de Véronique Hivon à titre de vice-cheffe, la défense de l'état, les critiques sur le système de santé et l'entente avec les médecins ont porté.
Cela dit, il ne faut pas donner au retour au bercail de Aussant une importance démesurée. Nous sommes dans la mobilisation interne au PQ.
Il a atteint une certaine notoriété en claquant la porte du PQ alors sous la houlette de Pauline Marois la jugeant trop tiède sur la question de l'indépendance.
Jean-Martin Aussant a un parcours politique plutôt sinueux. Certains pourraient lui reprocher d'être un «quitter», un lâcheur qui a travaillé contre le PQ. Obscur député de Nicolet-Yamaska, il a atteint une certaine notoriété en claquant la porte du PQ alors sous la houlette de Pauline Marois la jugeant trop tiède sur la question de l'indépendance.
Fondateur d'Option nationale, il a abandonné subitement la direction du parti pour s'occuper de ses enfants et déménager à Londres, semant la consternation chez ses jeunes militants. ON a été avalé on le sait par Québec solidaire. Aussant a d'ailleursflirté avec les solidaires en menant la campagne II faut se parler avec Gabriel Nadeau-Dubois.
Si on se résume: un député élu de justesse en 2008 avec 175 voix de majorité, battu par un caquiste en 2012, qui lance un parti qui récolte 1,5% des voix qu'il s'empresse de laisser tomber pour sa carrière et sa famille.
Jean-Martin Aussant a su jouer à fond la carte du fils spirituel de Jacques Parizeau, le gardien de l'orthodoxie indépendantiste. Lors des funérailles de Monsieur en 2015, il pouvait annoncer la «fin de tous les exils», une phrase annonciatrice de son retour en politique active.
Si les 2 hommes avaient une grande connivence idéologique, je crois qu'on ne peut comparer les 2 parcours. Jacques Parizeau a été l'un des grands artisans de la Révolution tranquille avant de faire le saut en politique. Le bilan de Jean-Martin Aussant est plutôt modeste et il n'a rien cassé en économie sociale.
Il faudra voir comment les libéraux et les caquistes vont tabler sur le rôle du nouveau conseiller de Jean-François Lisée. La souveraineté fera elle aussi un retour lors des élections de l'automne.