Denis Lessard - Jean Charest confirmera cet après-midi le départ du ministre Jacques Dupuis de son cabinet. Il annoncera du même coup que l'ancien député libéral Jean-Marc Fournier sera candidat pour le remplacer dans la circonscription de Saint-Laurent, a appris La Presse.
Le premier ministre a convoqué les médias à la permanence du Parti libéral du Québec à 15h30. La Presse révélait ce matin que Jacques Dupuis, 61 ans, a fait part de ses intentions il y a une semaine au premier ministre. Il compte prolonger ses vacances à l'automne puis se joindre à un important cabinet d'avocats de Montréal.
Selon des sources sûres, Jean-Marc Fournier est pressenti devenir leader parlementaire. Le départ de Jacques Dupuis ouvre la voie au remaniement ministériel que Jean Charest avait prévu pour la fin du mois de juin, mais qu'il avait reporté. Plusieurs postes sont désormais vacants au Conseil des
ministres: leader parlementaire, Sécurité publique, Famille et Travail. Les deux derniers sont devenus vacants avec les démissions de Tony Tomassi et David Whissell.
Jean-Marc Fournier a été député de la circonscription de Châteauguay de 1994 à 2008. Il ne s'était pas porté candidat aux dernières élections. Comme ministre des Affaires municipales, il avait piloté la délicate question des défusions municipales. Il a ensuite été ministre de l'Éducation, ministre du Revenu et leader parlementaire.
Il était jusqu'à tout récemment conseiller politique du chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff.
Le départ d'un homme fort
Avec le départ de Jacques Dupuis, Jean Charest perd un redoutable parlementaire, doté d'un esprit vif et d'un caractère bouillant. Dupuis était davantage un conseiller stratégique qu'un travailleur acharné. Il avait joué un rôle important dans les derniers mois pour faire obstacle aux velléités de l'opposition qui réclamait une commission d'enquête sur l'industrie de la construction. Il avait aussi convaincu l'ex-juge de la Cour suprême Michel Bastarache d'accepter le mandat du gouvernement pour enquêter sur le processus de nomination des juges.
Au printemps, il avait été éclaboussé par la controverse autour de l'agence de sécurité BCIA. Il avait rencontré le patron Luigi Coretti, qui souhaitait que la Sûreté du Québec lui accorde un permis de port d'arme, qu'il a finalement obtenu.
Avec Dupuis, Jean Charest perd surtout un homme de confiance, bien enraciné au PLQ. Il avait été chef de cabinet de Pierre Paradis, puis de Daniel Johnson quand ce dernier était devenu chef de l'opposition. Normand Cherry lui a cédé sa circonscription de Saint-Laurent en 1998. Il a été critique en matière de sécurité publique, mais surtout, avec Thomas Mulcair, il a attaqué le gouvernement Landry sur le lobbyisme avant les élections de 2003 où le PLQ a pris le pouvoir.
Sa carrière a évolué en dents de scie, même s'il est toujours demeuré au coeur des décisions importantes. Il est devenu vice-premier ministre en 2005, mais a perdu le poste aux mains de Nathalie Normandeau deux ans plus tard. Même ses fonctions de leader parlementaire ont été confiées un moment à Jean-Marc Fournier. Il a récupéré ce poste stratégique après les élections de 2008.
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