Bravo à Hydro-Québec qui, dans le dossier Churchill Falls, vient de gagner une fois de plus sa cause en cour suprême contre le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Une autre cause pendante devrait être maintenant portée en cour, cette fois par le Québec… Lors du référendum de 1949, Ottawa a offert ce bonbon à Terre-Neuve pour favoriser son adhésion à la fédération. On connaît la suite : l’option Canada l’emportait par… 52 % des voix. Le Québec a alors perdu un gros tiers de son territoire nordique, aucun argument juridique solide ne pouvant renverser le jugement du conseil privé de 1927 (lire Henri Dorion, Le Québec : territoire incertain, Septentrion, 2011, p. 267). Cependant, au sud, une partie de la frontière est demeurée non définitive, soit la ligne horizontale correspondant au tracé de 1927.
La CAQ aura-t-elle plus d’aplomb que le PLQ sur cette question en réclamant cette bouchée significative de la morsure du Labrador ? De la tête de la rivière Romaine à Blanc-Sablon, la frontière devrait, comme au nord, épouser la ligne de démarcation des eaux, soit le sommet des montagnes. Lâcher cette ligne, c’est rien de moins qu’accepter de perdre la tête de toutes les rivières de la Moyenne et de la Basse Côte-Nord, de la Petit-Mécatina à la Natashquan, en passant par la Saint-Augustin et la Saint-Paul. C’est aussi prendre le risque qu’un jour, par cupidité ou par désir de vengeance dans le dossier Churchill Falls, cette province détourne toutes ces grandes rivières au profit de ses propres barrages…
Et sachez, Monsieur Legault, que cette revendication peut très bien se faire à l’intérieur du Canada.
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