Les travaux des députés sur le projet de loi 9 en immigration tournent en rond au Parlement, alors que les libéraux cherchent en vain à en savoir plus sur le test des valeurs auquel il ouvre la porte.
« À quel moment [le candidat à l’immigration] passe-t-il le test de valeurs ? À partir du moment où il est sur le territoire ou avant l’arrivée ? », a demandé à plusieurs reprises la députée libérale Dominique Anglade au ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, lundi soir.
« C’est une question qui est hypothétique », lui a répondu le ministre avant que Mme Anglade le relance avec d’autres questions sur le même sujet en commission parlementaire.
Les travaux sur le projet de loi en immigration achoppent actuellement sur l’article 9, qui permet au gouvernement du Québec « d’imposer des conditions qui affectent la résidence permanente ».
Les libéraux souhaitent en savoir davantage à ce sujet, parce que cet article donne au gouvernement du Québec le pouvoir d’imposer à terme un test de valeurs aux immigrants.
Encore faut-il qu’il s’entende avec le gouvernement fédéral, a rappelé le ministre Jolin-Barrette, en soulignant que les conditions du futur test des valeurs seront clarifiées dans les négociations avec Ottawa avant de faire l’objet d’un règlement.
Or cette réponse n’a pas satisfait les libéraux. « On ne peut pas donner un chèque en blanc au gouvernement », a fait valoir le député de Robert-Baldwin, Carlos Leitão. La séance de consultation parlementaire s’est donc close lundi soir sans avoir progressé et reprendra mardi matin toujours à l’article 9.
Excédé, M. Jolin-Barrette a lancé, à un certain moment, qu’il était prêt à en débattre « jusqu’en juillet » s’il le fallait. « Ça ne me dérange pas », a-t-il dit.
À deux semaines de la fin de la session parlementaire, le gouvernement de la CAQ est pourtant pressé de faire adopter ce projet de loi, dont les longs travaux empêchent le ministre de faire avancer son autre projet de loi sur la laïcité.
Les échanges sont de plus en plus tendus entre le gouvernement de la CAQ et le PLQ, ce qui a donné lieu à une véritable séance de cabotinage en commission lundi soir. À tel point qu’en milieu de séance, la présidente de la commission, MarieChantal Chassé, a dû élever la voix pour reprendre le contrôle des travaux. « Heille ! Ça suffit », a-t-elle lancé.
Même le choix du local a donné lieu à des affrontements entre libéraux et caquistes lundi. Les libéraux s’expliquaient mal que le gouvernement ait décidé de choisir la seule salle où la télédiffusion est impossible alors que le Parlement vient justement d’inaugurer de nouvelles salles dans son nouveau pavillon. « Nous avons deux nouvelles salles de commission que nous pouvons utiliser pour le bénéfice de ceux et celles qui nous écoutent », a lancé le leader de l’opposition libérale, Sébastien Proulx.
Vérification faite, les deux nouvelles salles — Kirkland et Marois — étaient bien disponibles lundi, mais le gouvernement s’en est tenu à son plan. « Le gouvernement libéral nous a fait abondamment siéger à la salle 1.38, ça fait partie des salles qui sont disponibles », a rétorqué M. Jolin-Barrette dans son rôle de leader du gouvernement.