Le Brigadier de Gosley a un an aujourd’hui et malgré une excellente critique de Dider Fessou (Le Soleil), son auteure n’a fait l’objet d’aucune entrevue ni dans les journaux, ni dans les magazines, ni à la télé, ni à la radio. Didier Fessou prenait pourtant la peine de mentionner qu’elle écrivait « en masse ». Cette information n’a pas suscité la moindre curiosité. Mais le Brigadier n’est pas mort. Il fera une scène au Théâtre expérimental de Montréal en janvier 2011 pour deux soirs seulement avec un budget réduit (2 000$ plutôt que 5 000$) car la culture, si elle ne sert pas à promouvoir l’unité canadienne, ne vaut pas qu’on en fasse un drame.
Sans tapage médiatique, sans « coup de cœur Renaud-Bray » un livre ne se vend pas. On admet facilement qu’un écrivain québécois ne puisse vivre de sa plume alors qu’un plombier vit de son travail de plombier et qu’un collecteur d’ordures gagne son pain avec les poubelles. Mais écrire n’est pas un travail sérieux. Ce n’est pas un travail. C’est comme jouer au hockey...
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Constancia vient du Brésil. Elle est au Québec depuis quelques mois et, bien qu’elle avoue détester la politique et ne pas s’y intéresser, elle se dit d’avis que le Québec ne doit pas se séparer du Canada qui est un grand pays même si, à lui seul, le Québec contient trois fois la France. Ce sont d’ailleurs possiblement ces grandes étendues d’espace, pour à peine 8 millions de personnes, qui font des Québécois des individus si peu solidaires les uns des autres. Ainsi, chacun mène sa croisade (laïcité, loi 101, environnement, logement, salaire, guerre en Afghanistan, CDPQ, etc.) sans tenir compte de celle des autres alors que tout le monde sait que des millions de voix valent mieux qu’une et que l’union fait la force.
Il ne vient pas à l’esprit des gens la manière dont la république du Québec aborderait ces questions de laïcité, d’environnement, de lutte à la pauvreté, du français, etc. On sort gueuler un coup et on rentre chez soi. Tous pour personne et personne pour tous.
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Suzanne est Québécoise. C’est une pure laine comme on ne le dit plus. L’action se déroule dans un lieu public, à Montréal. Un immigrant, ou plutôt un « client » dans le jargon des politiques, aborde Suzanne en anglais. Celle-ci exige qu’il s’adresse à elle en français. Prenant la défense de l’homme une Québécoise s’interpose et réprimande Suzanne : « On est dans un pays libre. On a le droit de parler la langue qu’on veut. » Et le client n’a-t-il pas toujours raison ?
À quel pays libre fait-on ici référence ? Puisqu’il ne peut s’agir du Québec, cela ne peut être que le Canada car c’est le Canada qui s’exprime en notre nom; c’est lui qui reçoit en grande pompe les dignitaires étrangers; c’est lui qui décide de la façon de dépenser notre argent; c’est lui qui défait nos lois, c’est lui qui sélectionne pour une large part nos immigrants et qui en fait des citoyens canadiens de premier ordre; c’est lui qui détient tous les pouvoirs, qui a le dernier mot.
En parlant anglais, en acceptant que les immigrants en fassent autant, les Québécois se donnent la liberté de disparaître. C’est la seule dont ils jouissent. Ils appellent cela un droit.
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Lors d’une récente apparition à l’émission Tout le monde en parle, Kevin Parent présentait à la ville de Québec des excuses pour y avoir été tabassé par une dizaine d’individus à la sortie d’un bar. Désolé pour le tracas. La victime repentante. Une attitude très québécoise.
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Texte soumis pour le rassemblement du 11 avril prochain au Monument national « Québec vs Cour Suprême; la loi 101, la seule voix » :
CANADIAN TIRED
par Caroline Moreno
Je ne suis pas citoyenne du monde
Je ne suis pas anglo-saxonne
Mon sang est latin, il bouillonne
ARRÊT - STOP
POUSSEZ - PUSH
TIREZ - PULL
OUI - NO
Canadian tired
d'être Canadienne
Le Québec ratatine comme un fruit
tombé de l'arbre
et qui pourrit.
Canadian tired
d'être Canadienne
de fêter quelques jours par année mon identité
Jour du drapeau, Journée des patriotes, Saint-Jean
Francofête, Francofolies
Je veux être Québécoise tous les jours, toute l'année
Je veux entendre les accents de ma langue
dans un Québec français
qui n'est pas un Canada anglais
Je veux être ce que je suis
ailleurs, ici, partout, tout le temps
Canadian tired
Je veux ne pas être seule à vouloir
Je veux qu'il ne soit pas trop tard
Canadian tired
de ma double citoyenneté
il faut avoir un pays à laisser en héritage
Canadian tired
d'être Canadienne
Je suis Québécoise pure laine
ou d’adoption
Je suis l’eau qui dort
le contraire de ce qui est mort
l’envers de la reddition
Si tu m’aimes comme tu le dis
mets ma langue dans ta bouche
Le Québec est un pays
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Citation : Le blanc est devenu noir, les patriotes sont emprisonnés avec les violeurs et les assassins, l’armée étrangère défile dans nos rues, nous les remercions d’être les gardiens de la paix.
Shan Sa
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
27 mars 2010Je connais vaguement Fessou. Une sorte de Foglia qui a pris racine dans la région de Québec
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/livres/200905/16/01-857269-la-brigadiere-moreno.php
«De fait, Caroline Moreno écrit en masse.
Très impliquée en politique, vous pouvez la lire sur le site Vigile.com
Elle est la principale contributrice de ce portail indépendantiste, aux côtés de gens qui ont beaucoup à dire sur tout et sur n'importe quoi comme Jacques Noël, Luc Archambault ou Nestor Turcotte.»
France Bonneau Répondre
26 mars 2010Je suggère à tous de lire le roman de Caroline.
Très belle écriture, sujet pas facile traité avec art et maîtrise. Une auteure à découvrir.
Archives de Vigile Répondre
26 mars 2010Mignonne tout plein.
Tout le temps.
Il est toujours rafraîchissant de vous lire, Caroline.
Et votre langue dans ma bouche a fort bon goût.
C'est surtout là superbe manière de faire des enfants.
Ceux-là mêmes du pays-à-bâtir.
Merci, com - patrio - tesse !
Jean-Luc
Archives de Vigile Répondre
26 mars 2010«Un héros se révèle dans l’adversité, et non dans la facilité.»
Shan Sa - Extrait d'une interview sur Evene.fr - Septembre 2006
Raymond Gauthier Répondre
26 mars 2010Canadian tired, moi-z-itou !
Bravo Caroline pas tannée de crier tout haut ce que d'aucuns pensent tout bas, sans avoir le courage de le dire.
Raymond G.