C’était ce mercredi rentrée politique à Ottawa, alors que s’ouvrait une nouvelle session du Parlement avec tout le faste vice-royal habituel accompagnant la lecture d’un discours du Trône. Un discours en forme de feuille de route électoraliste qui conduira le gouvernement de Stephen Harper à ce rendez-vous qu’il a avec les électeurs à l’automne 2015.
Sous le vernis protocolaire de cette rentrée, les choses ne se présentent pas si bien que ça pour le gouvernement Harper. À mi-mandat, son avenir est incertain. Le Parti conservateur, qui avait recueilli à l’élection de mai 2011 tout près de 40 % des voix, a depuis subi un recul de 10 points de pourcentage. Il est aujourd’hui à égalité avec les libéraux.
Qu’est-ce donc qui a changé ces deux dernières années pour qu’il se retrouve dans cette position ? Il y a déjà sept ans que les conservateurs sont au pouvoir, et peu à peu ils ont perdu le rythme. La fatigue est apparue de façon évidente ces derniers mois, alors qu’ils étaient mis sur la défensive par les partis d’opposition à propos des notes de frais des sénateurs. Pour calmer le jeu, le Parti conservateur n’a trouvé d’autre moyen que la prorogation du Parlement, faisant le pari qu’un nouveau discours du Trône pourrait lui procurer un nouvel élan. Parfois cela a cet effet, mais pas toujours.
Les orientations qu’on retrouve à travers ce discours ne nous révèlent toutefois pas un gouvernement Harper différent de celui que l’on connaît depuis 2006. Au contraire, il garde le cap, ne reniant aucune des valeurs qui sont les siennes, tout particulièrement sur le plan économique et en matière de sécurité publique et de défense, sans oublier la famille, qu’il célèbre comme élément principal de la fibre de la société canadienne.
Ainsi, pas plus aujourd’hui qu’hier on ne doit espérer que ce gouvernement puisse être un acteur du développement économique. Il maintient au contraire le cap sur l’atteinte du déficit zéro et réitère son intention de réduire les dépenses internes du gouvernement. L’efficience du gouvernement passera par des efforts accrus des fonctionnaires. Il n’y a là rien de nouveau, sauf son intention d’adopter une loi sur l’équilibre budgétaire qui exigera l’adoption de budgets équilibrés en temps normal. Une loi verrou au cas où les libéraux ou les néodémocrates remporteraient le pouvoir à la prochaine élection. Ils seraient alors forcés de poursuivre cette politique conservatrice. L’idée des conservateurs est bien sûr de se donner l’image de gestionnaires responsables des fonds publics.
Comme toujours, la cible que ce gouvernement cherche à atteindre est le Canadien moyen, à qui on promet moult mesures égrenées ici et là dans ce discours du Trône. La recette avait donné de bons résultats, pourquoi ne pas la reprendre ? D’autant plus que le Parti libéral de Justin Trudeau veut désormais jouer sur ce terrain. D’où cette série de mesures évoquées visant à réduire les frais téléphoniques cellulaires d’itinérance et ceux des forfaits télé des câblodistributeurs qui plairont à cette classe moyenne qu’on veut « aider à joindre les deux bouts ».
Il n’y a pas de surprise à cette continuité de la stratégie conservatrice. Le premier ministre Stephen Harper n’est pas homme à varier avec le vent, ce qui est bien sûr à son honneur. Mais l’humeur des électeurs est au changement. Après sept ans de pouvoir des conservateurs, ils attendent des projets mobilisateurs dont pourrait être l’accord de libre-échange Canada-Europe, dont le premier ministre prévoit une conclusion imminente. À cette exception près, ce discours du Trône ne nous montre pas un gouvernement capable de briser la routine dans laquelle il s’est installé.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé