On s’y attendait, mais demain, la rumeur se confirmera, Gabriel Nadeau-Dubois (GND) se lancera en politique pour Québec solidaire (QS).
Il succédera à Françoise David dans Gouin. On peut apprécier ou non GND: il s’agit néanmoins d’un événement majeur.
En 2012, le héros du printemps étudiant s’était imposé comme un orateur doué. Chef contestataire, il savait exciter les foules avec des slogans simplistes, excessifs, mais exaltants.
Tribun charismatique, il excelle quand vient le temps d’en appeler à l’insurrection.
Leader
Depuis cinq ans, il s’est aussi construit, avec la complicité du système médiatique, la réputation d’un penseur subtil, même si ceux qui l’écoutent savent qu’il est plutôt un militant doctrinaire bien plus radical qu’il n’y paraît.
GND, on s’en doute, saura attirer la jeunesse militante qui rêve moins d’un autre gouvernement que d’un autre monde, aussi indéfini soit-il.
Sa posture sera celle d’un populiste de gauche. Il dénoncera le système économique et les élites politiques tout en bénéficiant de la complaisance des médias.
Mais le système félicitera le jeune prodige. GND ne l’inquiète pas vraiment.
Les seuls vrais rebelles, pour lui, ce sont les critiques décomplexés du multiculturalisme et GND n’en est pas un.
Le système voit l’anticapitalisme comme une passion de jeunesse.
Mais quel créneau politique occupera GND?
Est-ce qu’il sera un candidat incarnant la gauche souverainiste, prête à tendre la main au PQ dans un vaste exercice de convergence pour renverser le gouvernement libéral?
GND a beau être un gauchiste inflexible, c’est aussi un vrai indépendantiste. Mais est-il capable de s’allier mentalement avec des gens qu’il a tendance à caricaturer et diaboliser? Souhaite-t-il l’indépendance au point de la faire avec des souverainistes qui ne sont pas à gauche?
Mais il se peut aussi que GND se campe dans un autre créneau, celui de la gauche inclusive anti-identitaire et anti-péquiste.
Sera-t-il fidèle à cette vieille tradition de la gauche radicale qui préfère taper sur le PQ que sur les libéraux? Le fonds de commerce de QS, depuis dix ans, ce n’est pas la lutte contre le PLQ, mais contre le PQ, qu’il accuse de fausse représentation et rêve de faire éclater pour le remplacer.
PQ
Pour les péquistes, l’arrivée en politique de GND est une mauvaise nouvelle. Avec Paul Saint-Pierre Plamondon, le PQ s’était donné une stratégie pour gagner la jeunesse. Elle était discutable. Elle n’était pas sans mérite.
Peut-il encore espérer y faire une percée? Probablement pas pour 2018.
La jeune génération militante voit le PQ comme les boomers dans leur jeune temps voyaient l’Union nationale.
Le PQ se mettra-t-il à singer QS? Il oublierait alors que les jeunes électeurs préféreront probablement l’original à la copie. Avec GND, QS consolidera ses appuis tout en se donnant les moyens de croître.
Le PQ devrait aussi se demander si les électeurs de la CAQ sont plus susceptibles de voter pour lui que les électeurs de QS.
Le PQ aura intérêt à s’assumer comme un vrai parti nationaliste. GND l’oblige à renouer avec sa propre base.
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