«Gilets jaunes»: pourquoi le ras-le-bol?

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Les classes populaires en colère

Je suis présentement en France.


Vous avez vu ces images de manifestants saccageant les Champs-Élysées ?


Recadrons un peu les affaires.


Sur les Champs-Élysées, il y avait autour de 8000 personnes, moins que l’assistance moyenne à un match des Remparts de Québec.


Samedi, les manifestations dans toute la France ont réuni autour de 100 000 personnes, alors que le pays compte plus de 67 millions d’habitants.


Les « gilets jaunes » ne sont pas violents, mais infiltrés par des casseurs.


Qui ? Quoi ?


Au-delà de la taxe sur le diesel, c’est un mouvement « volatil et protéiforme », comme le qualifiait le quotidien Libération.


Il n’a ni chef ni revendications précises. Les autorités n’ont donc personne avec qui dialoguer et négocier.


Il est frappant de voir à quel point ces « gilets jaunes » sont des Français « ordinaires ».


Ils sont ceux dont on ne parle jamais­­­, qui n’ont pas de lobby organisé, qu’on n’invite pas dans les émissions de télé branchées.


En majorité, ils sont ceux que la France « sophistiquée » appelle les « beaufs », les « ringards », ceux que nous, on appellerait des « mononcles » et des « matantes ».


Parmi eux, à vue d’œil, très peu de militants aguerris, très peu d’habitués des médias, très peu de gens issus des minorités ethniques.


Le dénominateur commun de leur ras-le-bol contre littéralement tout, c’est la classe politique traditionnelle au grand complet, tant la droite que la gauche classique.


Pour schématiser, ces gens ont le sentiment, à tort ou à raison, de s’être fait mentir depuis des décennies.


On leur a dit que le capitalisme les enrichirait.


On leur a dit que la mondialisation était inévitable et bénéfique.


On leur a dit que l’ouverture des frontières était uniformément positive.


On leur a dit qu’on préparait un avenir meilleur pour leurs enfants.


Mais on ne leur a jamais demandé s’ils endossaient ces changements.


Surtout, on les a culpabilisés et « ringardisés » en leur disant que seul un attardé ou un anti-progrès, un « réac » comme on dit en France, pouvait penser autrement.


Rancœur


Dans les faits, leur pouvoir d’achat stagne. Leurs enfants n’ont pas de perspectives radieuses. Ils ne reconnaissent plus le pays dans lequel ils ont grandi.


Et ils ont le sentiment que les gagnants sont toujours les mêmes.


Et ils ont besoin de leur automobile, dans un pays où l’essence est beaucoup plus chère que chez nous, et se font servir un discours écologique par des gens qui prennent l’avion six fois par année.


Ces « oubliés » rejettent aussi les syndicats, perçus comme faisant partie de la même cabale et ne défendant que leurs membres.


Si Emmanuel Macron est à ce point malmené, c’est que ces gens pensent, à tort ou à raison, qu’il est à des années-lumière d’eux, et n’a guère d’autres convictions que les clichés mondialistes, multiculturalistes et bien-pensants de son milieu.


Le mouvement finira par s’essouffler, mais nourrira une rancœur qui ira en croissant.