« Les concepteurs de la Charte de la langue française avaient de grandes ambitions pour le Québec » écrit l’auteur avocat et doctorant Éric Poirier dans son premier livre « La Charte de la langue française : ce qu’il reste de la loi 101 quarante ans après son adoption» qui vient tout juste de paraître chez Septentrion.
Œuvre recensant l’historique de la loi 101, ce livre plaira à tous les amoureux du Québec, de son histoire et de sa langue, mais deviendra probablement aussi une lecture incontournable pour quiconque s’intéressant aux lois québécoises ou canadiennes, ou aux nombreux débats linguistiques qui font souvent la manchette. C’est un livre de droit, certes, mais on sent son auteur imprégné d’une volonté de vulgarisation scientifique tout au long du volume, un défi qu’il réussit, tout en demeurant extrêmement rigoureux.
À travers diverses causes, certaines plus connues et d’autres que nous découvrons au fil des pages, Poirier réussit à démontrer à quel point la loi 101 a été charcutée, émasculée. Qu’elle n’est pas le grand outil d’unité linguistique que ce à quoi rêvait Camille Laurin, ou encore Guy Rocher, qui en signe d’ailleurs la préface. Laurin serait sans doute renversé à la lecture de ce livre que de constater que certains professionnels de la santé « omettent » de rédiger des rapports dans la langue de Molière, tentent de contourner la loi 101 afin d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise ou encore le cas surréaliste d’une femme de Chambly, qui après avoir vu sa maison saisie, plaider l’incompréhension puisque les avis n’étaient écrits qu’en français... à Chambly.
Ce livre, incontournable pour tous les amoureux de la langue française et des dossiers linguistiques du Québec, nous démontre fort bien comment une loi aussi importante que la loi 101 a pu être modifiée, voire émasculée au fil des ans. C’est une chose de le dire ou de l’entendre, mais de le constater au fil des pages surprendra le lecteur les plus au fait de ces questions.
C’est le deuxième livre du type à être lancé chez Septentrion dans les derniers mois. En effet, au début de l’été, le professeur de droit Guillaume Rousseau, de l’Université de Sherbrooke publiait « L’État-Nation face aux régions : une histoire comparée du Québec et de la France. » Ce duo d’amis juristes de Sherbrooke, qui a publié au fil des derniers mois quelques lettres ouvertes dans les médias nationaux, n’a probablement pas fini de faire parler de lui, désirant rapprocher le droit des débats publics et de l’actualité politique d’ici.
À voir la qualité de leurs écrits, ce ne sera pas de refus.
Poirier, Éric (2016). La Charte de la langue française, ce qu’il reste de la loi 101 quarante ans après son adoption. Québec: Cahiers des Amériques, Septentrion, 250 p.
Rousseau, Guillaume (2016). L’État-Nation face aux régions, une histoire comparée du Québec et de la France. Québec: Cahiers des Amériques, Septentrion, 525 p.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé