INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 275

FÉDÉRALISME ou INDÉPENDANTISME : deux options légitimes

Que les médias assument honnêtement leur responsabilité devant cette alternative

Chronique de Bruno Deshaies

Les citoyennes et les citoyens du Québec ont droit à un vrai débat entre le fédéralisme et l’indépendantisme. Malheureusement, la majorité des médias au Canada et au Québec sont majoritairement (pour ne pas dire massivement) sous l’influence et même la domination de l’idéologie fédéraliste.
Si l’on se place d’un point de vue démocratique, cette situation est carrément intolérable. Pourtant, nos journalistes, nos responsables et propriétaires de médias (toutes catégories confondues) aiment à nous répéter inlassablement qu’ils nous offrent toujours les deux côtés de la médaille. En général, cela est en partie vraie pour les débats entourant les problèmes sociaux, économiques, politiques (de gouvernance surtout) et culturels, sauf si la dimension « nationale » pose clairement le problème de l’indépendance du Québec. Le sujet devient alors tabou.
C’est là où le bât blesse. Si les fédéralistes peuvent exprimer à peu près tout ce qu’ils veulent dans les médias, en contrepartie, les indépendantistes québécois n’ont pas les mêmes avantages de mettre en évidence leur particularisme, leur singularité, leur différence, leur distinction ou leur caractère propre comme collectivité nationale. Les journaux, la radio et la télévision ne donnent pas une vision impartiale de l’optique indépendantiste. La question est toujours vue par le prisme des questions sociales ou du fédéralisme. Ce biais modifie immédiatement le débat et la question de l’indépendance devient un sujet suspect, voire illégitime.
Intervenir dans les médias pour expliquer les fondements de l’indépendance est quasi impossible, car il y a toujours cette question, cette réflexion ou cette réaction des médias qui visent à contourner le problème de telle manière que l’idée ne peut s’exprimer. On peut faire des débats émotifs sur les éoliennes, l’effet de serre de la planète, les sables bitumineux de l’Alberta, le détournement de la rivière Rupert ou encore le Marché central et les Sœurs du Bon-Pasteur, la Centrale thermique du Suroît près de Beauharnois et l’environnement, la forêt ou l’eau avec Richard Desjardins ou Paul Piché, la langue avec Yves Beauchemin, le nom d’une rue à Montréal comme l’Avenue du Parc ou encore les accommodements raisonnables, mais il n’est pas bienvenue de mettre les cartes sur la table en ce qui à trait à l’indépendance du Québec. Cependant, tous les fédéralistes ont le champ libre pour faire entendre leur musique.
Les Québécois doivent mettre l’accent sur ce qui est l’essence de l’indépendance. Ils doivent exercer des pressions sur les médias de manière à rendre possible le vrai débat qui permettra la confrontation des indépendantistes contre les fédéralistes. Un MOUVEMENT, un élan, doit être donné pour rendre possible le changement. Or, les médias, comme les pendules, ne fonctionnent sans que les hommes leur impriment leur MOUVEMENT. Les Québécois doivent interpeler les médias afin qu’ils accordent un espace comparable au point de vue indépendantiste qui peut s’exprimer autrement que par les porte-parole politiques du PQ ou du BQ. Le discours indépendantiste ne doit pas être la chasse gardée uniquement des politiciens et des ex-politiciens ou de quelques mandarins à la retraite et d’ex-conseillers politiques. La démocratie exige que les médias élargissent l’éventail de leur consultation ainsi que des parodies de sondages.
Par ailleurs, je participe aux extraits cités ci-dessous qui concernent la pensée indépendantiste au Québec.

- Il faut que le pouvoir devienne aussi un instrument de promotion de la souveraineté. Il faut que ça serve à quelque chose d’être au pouvoir. - Josée Legault - 2002
- Nous ne voulons pas être une province "pas comme les autres", nous voulons être un pays comme les autres. - Pierre Bourgault
- Jamais un peuple n’acceptera d’être la simple province d’un autre peuple. - Bernard Landry - 1995
- L’indépendance politique nous ouvrira les portes de la modernité. - [Denis Monière ->1253]
- Les Québécois, comme les autres peuples, devront accepter un jour d’être eux-mêmes, ce qui n’empêche ni l’ouverture aux autres, ni la fraternité. - Yves Beauchemin - 1993
- Je dis que désormais la réalité des choses nous met, comme peuple, dans une nécessité si rigoureuse qu’il n’y a plus de place, dans le choix qu’il doit faire, pour une décision qui ne serait pas radicale. - Pierre Vadeboncœur
- Les Québécois d’aujourd’hui ne se sentent pas humiliés. Ce dont ils ont besoin, c’est d’un grand changement, de faire un pas en avant pour eux, pas contre les autres. - Lucien Bouchard - 1993
- Le Québec sera distinct à l’intérieur du Canada, ou alors il le sera à l’extérieur du Canada. - Brian Mulroney - 1984
- Le choix de l’indépendance signifie en soi que le traumatisme de la Conquête anglaise a été surmonté, que les rouages du colonialisme et de la domination aliénante ont été démontés et, donc, rendus inopérants, que la peur de la liberté a été vaincue et assumées les responsabilités inhérentes à la pleine maîtrise du destin national. [Andrée Ferretti->www.vigile.net/auteurs/f/ferrettia.html]
- L'indépendantisme, c'est une volonté et une stratégie de conquête du pouvoir d'État pour libérer la nation québécoise de toutes les tutelles qui entravent sa puissance à prendre entièrement charge d'elle-même, avec les avantages et contraintes, les réussites et échecs, les droits et devoirs inhérents à la responsabilité et, donc à la liberté. (...) Andrée Ferretti
- Je trouve très dangereux de lier si étroitement la lutte d’un peuple pour son indépendance à la lutte d’un parti qui n'a jamais craint de mettre l'option sous le boisseau pour accéder au pouvoir provincial. Andrée Ferretti
- Après avoir assuré son hégémonie sur l’ensemble du mouvement indépendantiste, par crainte de perdre le contrôle de ses troupes, le Parti québécois a tué le militantisme comme expression libre et gratuite de l’engagement politique de celles et ceux qui étaient prêts à payer de leur personne et à prendre le temps nécessaire pour faire progresser dans la conscience du peuple le désir de l’indépendance politique du Québec, conçue comme le seul moyen de réaliser un projet de société à la mesure de ses besoins, de ses aspirations et de ses valeurs. - Andrée Ferretti 2003 (voir NOTE no 2)

MALHEUREUSEMENT, IL MANQUE À TOUT CE SPICILÈGE DE CITATIONS QUELQUE CHOSE DE CONCRET, DE PRATIQUE ET D’EFFICACE. Il manque aux indépendantistes une organisation qui pourrait les réunir et les faire agir de manière concertée avec des idées communes au sujet du NATIONAL au sens intégral, c'est-à-dire que les indépendantistes devraient absolument comprendre cette norme :

La MAÎTRISE de l’agir collectif l’emporte sur la MANIÈRE d’agir.

 La liberté et les moyens d’agir sont bien plus importants que le style de l’agir, c’est-à-dire les lois, les mœurs, la langue d’une nation.

Conserver la liberté et les moyens d’agir collectivement est d’un ordre bien supérieur à « conserver ses lois, sa langue, etc. ».

(Maurice Séguin, Les Normes. Chapitre deuxième, section 2.)


Ils devraient aussi comprendre que le NATIONAL apparent concerne plutôt cette autre norme :
AUTONOMIE CULTURELLE RESTREINTE

Même si la nation minoritaire maîtrise absolument (dirige elle-même) toutes les institutions culturelles (du national apparent),

– les tribunaux (et le droit civil),

– les écoles (la langue, les sciences, les arts, etc.), même la radio et la télévision,

– la religion et l’organisation ecclésiastique, etc.

il n’y a jamais une autonomie culturelle entière, complète de la part du peuple minoritaire, car la « culture » est intimement liée au politique d’abord et à l’économique ensuite.

• Directement ou indirectement, la « culture » de la nation minoritaire se trouve fortement atteinte, marquée, paralysée, atrophiée, bornée.

• Elle est perturbée, mais pas nécessairement rendue précaire.

(Maurice Séguin, Les Normes, Chapitre troisième, section 10, division 1, subdivision 1.)

« En fait, le programme du PQ est un « Big mac » particulièrement indigeste
avec un gros contenu amphigourique sans substance indépendantiste claire
sinon ce désir de réformer les institutions fédérales actuelles
et de créer un pays dont il est impossible de savoir
s’il sera indépendant, associé ou reconfédéré sous une forme ou une autre. »

Au fond, notre « impuissance nationaliste » (pour reprendre une expression de madame Andrée Ferretti) tient principalement à cette difficulté D’ABORD de comprendre la signification de la NATION AU SENS INTÉGRAL. Les indépendantistes doivent comprendre sans faute que l’agir (par soi) collectif est possible dans tous les aspects de la vie nationale et peut s’étendre à tous les domaines (politique, économique et culturel) à l’intérieur comme à l’extérieur (cf. Maurice Séguin, Les Normes, Chapitre troisième, section 2, division 4.a). Cette affirmation et cette défense de l’idée de nation au sens intégral est incontournable.
Pour faire passer le message, les indépendantistes doivent s’organiser efficacement en vue de commencer réellement la déprogrammation mentale de la majorité des Québécois pour qui l’optique fédéraliste perturbe leur raisonnement sur l’indépendance. Jusqu’aujourd’hui, aucun parti politique souverainiste n’a pu réellement faire ce travail de sape (voir la NOTE no 4). Ce constat est principalement dû au fait que ces formations politiques existent, vivent et dépendent quotidiennement du système fédéral canadian. Elles sont annexées à leur corps défendant. De plus, « l’objectif premier » du programme péquiste de 2005 n’est pas aussi clair que les partisans ou les beaux parleurs de la souveraineté le disent. En fait, le programme du PQ est un « Big mac » particulièrement indigeste avec un gros contenu amphigourique sans substance indépendantiste claire sinon ce désir de réformer les institutions fédérales actuelles et de créer un pays dont il est impossible de savoir s’il sera indépendant, associé ou reconfédéré sous une forme ou une autre (cf. NOTE no 2).
Devant cette situation, il faut sans faute une organisation indépendante des partis politiques qui mettra au point les objectifs et les stratégies susceptibles de battre le fer de l’indépendance du Québec à partir de notions claires sur le principe d’indépendance de la « nation-État ». En d’autres termes, une nation a le pouvoir de sa force. Pour qu’elle obtienne ce pouvoir, elle doit exercer sa force de persuasion et de dissuasion envers d’autres nations qui peuvent être de mêmes forces qu’elle, plus fortes ou moins fortes tout en assurant la maîtrise de sa vie collective chez elle (cf. Maurice Séguin, Les Normes, Chapitre troisième, section 5, division 10). Elle aura besoin d’un État pleinement souverain.
Après 275 chroniques du jeudi, nous avons acquis la certitude que le temps est terminé de faire des commentaires sur la situation des Québécois dans le système fédéral canadian. Le besoin d’organiser toutes les forces indépendantistes entre elles devient urgent. Les indépendantistes doivent mettre en place un war room (voir NOTE no 1) qui veillera au parcours à suivre pour accéder à l’indépendance du Québec avec les moyens de communication que nous offre la démocratie. Nous avons d’ores et déjà les institutions nécessaires pour relever ce défi national.
Bruno Deshaies

http://blogscienceshumaines.blogspot.com/
NOTES :
(1) Bruno DESHAIES, [« INDÉPENDANCE OU SUJÉTION ? C’est assez de se faire endormir par les politiciens. »->3355] Dans VIGILE.NET. Chronique du jeudi 14 décembre 2006. Dans cette chronique, il est fait allusion à l’idée de créer un quartier général (au lieu de war room) pour guider et orienter le travail des indépendantistes, n’en déplaise aux chefs des partis souverainistes au Québec et à Ottawa.
(2) Bruno DESHAIES, « LES « GROUPES RÉELS » SONT NÉCESSAIRES À L’INDÉPENDANCE DU QUÉBEC. Comment peut-on sortir de l’impasse fédéraliste ? » Dans VIGILE.NET. Chronique no 246 du jeudi 30 mars 2006.
(3) Andrée FERRETTI, « Actualité de l’indépendantisme. Pour dépasser 250 ans d’impuissance nationaliste » Au nom de l’auteur dans VIGILE.NET, les internautes trouveront 24 textes stimulants où madame Ferretti fait montre d’un réalisme politique éprouvé par son combat pour l’indépendance du Québec.
(4) Michel MÉNARD, [« Voulons-nous vraiment ce pays ? » ->4266] Dans La Presse, mardi 6 février 2007 (« Opinions »). Un véritable cri du cœur qui nous montre à quel point le message souverainiste du PQ et du BQ n’est pas à la hauteur des aspirations des Québécois du Québec-Français.

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Bruno Deshaies209 articles

  • 300 863

BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 février 2007

    M. Deshaies,
    cette organisation indépendante des partis politique n'est possible que si elle représente clairement ceux à qui elle s'addresse et s'engage à servir.
    Le PQ s'est en premier lieu drapé de cet identitaire national (Parti Québécois) et a ensuite travaillé à construire la définition de cet identitaire qu'il a ensuite imposé comme le seul porteur du mouvement indépendantiste. Malheureusement cet identitaire s'est à ce point élargi, dans le but d'inclure tous les membres de la société québécoise - même ceux qui n'en veulent pas - que celui-ci s'est vu réduire au mouvement d'indépendance lui-même, créant ainsi un groupe essentiellement politique ; les indépendantistes (ou souverainistes).
    C'est cette construction qui nous empêche de se reconnaître et transcender au delà de ces monopoles médiatiques d'opposition politique (fédéralistes) qui exploitent et contrôlent ce discours artificiel. Il nous faut sortir de cette réduction et retourner à l'essentiel; le peuple.
    La crise actuelle sur les accommodements déraisonnables n'est rien d'autre qu'un cri du coeur de notre nation qui n'en peut plus d'être ainsi reniée pour faire la place aux revendications des autres collectivités, qui elles, s'assument et s'identifient clairement. Le peuple majoritaire du Québec n'est pas les "Souverainistes" ni les "Fédéralistes" ni les "Québécois de toutes origines" ni les "franco-québécois" ni les "résidents du Québec".
    Cette construction artificielle du "Nouveau Québécois" plurielle, mondialiste, planétaire, humaniste, hyper-inclusive, s'écroule de par sa propre insignifiance. Nos Clercs de la nation civique "sans identité" qui siègeront à cette Commission d'enquête sur les accommodements, sont déjà incorfortables devant la tâche impossible de concilier des demandes par des identités qui se distinguent du groupe qu'ils ont fabriqué pour leur plaire. On ne fabrique pas une nation (nation building).
    Le temps presse. Nous devons laisser les rêves à ces Clercs et nous affirmer dans la réalité. Il faut cesser de rêver à des conditions idéales, et mettre en place des outils conçus pour affronter la réalité actuelle. Et pour celà, il faut cesser de se rêver soi-même dans le futur en se reniant notre passé. Il faut s'assumer comme nous sommes maintenant. Notre futur, il faut le faire et non le rêver. Nous ne sommes pas ce peuple immaginaire fabriqué par nos Clercs de la Révolution Tranquille. Nous sommes toujours les Canadiens français, car nous sommes toujours sous le régime canadien. C'est en tant que Canadiens français que nous devons s'affirmer pour pouvoir un jour êtres maîtres de nous-mêmes. Ce que nous deviendrons ne sera pas fabriqué mais viendra de lui-même de par l'esprit de la nation, comme l'inspiration qui vient à l'artiste.
    Les Clercs de la Révolution Tranquille ont échoué à faire l'indépendance. Leur désespoir s'est transformé en négation. Ils ont voulu refaire l'histoire pour se donner la victoire. Une histoire immaginaire qui conte la naissance (il y a 60 ans) de la nouvelle nation dont ils rêvaient mais qui n'est pas venue. Une nation rêvée dans l'esprit de l'émergence de la mondialisation des années 70. Et pour laisser la place à cette nation fictive il leur a fallu renier la vraie, c'elle bien vivante et bien majoritaire partout au Québec. On peut voir clairement aujourd'hui la fracture entre ce rêve entretenu par l'Impérialisme de l'élite culturelle, médiatique, économique, de Montréal et la réalité du RDQ (Reste du Québec). Ce Québec en est rendu essentiellement à une copie du Canada fédéraliste centralisateur, en miniature, qui renie autant lui aussi sa nation fondatrice (Canadienne anglaise dans le ROC).
    Les immigrants qui arrivent au Canada et au Québec comprennent vite le système en place et ne perdent pas de temps à mettre en place leurs outils de défense et d'attaque. Ils se regroupent en Conseils ou en Congrès avec des identifiants clairs à leur groupe ethnique, culturel, religieux. Leurs instruments deviennent des lobby politiques puissants. Ils font de levées de fonds et multiplient leurs institutions. Développent efficacement une solidarité. Établissent des réseaux de communications efficaces.
    C'est "The name of the Game" au Canada. Et il est temps que les Canadiens français commencent à jouer leurs cartes aussi.
    C'est un Conseil National des Canadiens Français (CNCF) qu'il nous faut.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2007

    Monsieur Bouthillette,
    Je vous remercie pour votre encouragement ainsi que pour cette idée d’un point de mire. Je constate que vous comprenez le sens du MOUVEMENT, c’est-à-dire cette force irrésistible qui pourra entraîner le plus grand nombre de Québécois sur la voie de l’indépendance collective des Québécois comme nation-État.
    S’il y avait un point de mire sur l’indépendance du Québec, il pourrait être ce retour sur notre passé qui s’inscrirait dans la perspective de la synthèse explicative de Maurice Séguin dans son œuvre posthume, Histoire de deux nationalismes au Canada (Guérin, 1997).
    Quant à René Lévesque, il faut reconnaître son apport au mouvement. Toutefois, son adhésion au concept d’union canadienne l’a entraîné dans une voie périlleuse qui nous a conduits au rapatriement de la constitution canadienne en 1982. Si les Québécois-Français ont fait des gains importants dans le sens de leur fierté collective comme peuple majoritaire, ils ont perdu par ailleurs la bataille sur le front constitutionnel. Cet événement marque un recul en relation avec le degré d’autonomie provinciale du Québec.
    Pour être clair : le combat est à reprendre sur des fondements plus solides que ceux d’une refondation de l’union canadienne ou d’une association formelle avec le Canada-Anglais qui est ce mythe fondateur du PQ. Une transformation profonde du vocabulaire et de la pensée des souverainistes orthodoxes devient capitale pour mener le nouveau combat de l’indépendance du Québec. Par conséquent, ce nouveau « point de mire » serait profondément différent du discours des dirigeants actuels de l’organisation politique des souverainistes ainsi que de leurs prédécesseurs. Nous vivons sur des échecs que nous devons maintenant corrigés. Un plan d’action doit être mis en marche d’une manière fonctionnelle, efficace et solidement structurée.
    Finalement, je dirais plutôt, que la force soit avec nous tous !
    Salutations sincères.
    Bruno Deshaies

  • Archives de Vigile Répondre

    10 février 2007

    Je me souviens de Point
    de mire 1956-1959
    qui, à mes yeux, aura lancé le mouvement.
    Malgré (et tablant même sur) un essai de récupération de ce titre en 2002, je suggérerais Point de mire sur l'indépendance du Québec ou Point de mire sur le
    Québec
    pour votre wiki.
    Que la force soit avec votre projet.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2007

    Bonjour M. Cloutier,
    Sur l’« autoroute du changement » comme vous le signalez dans votre réponse, j’aimerais ajouter que le changement est une des choses les plus difficiles à provoquer chez les individus. Le processus de communication est un processus complexe de codage et de décodage entre des êtres humains qui reflètent des univers individuels et collectifs singuliers (famille, école, connaissance, milieu, expérience de vie, etc.). Nous parvenons à nous comprendre, mais c’est au prix d’un effort considérable. Et changer est difficile ! Je vois bien où vous voulez en arriver, mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
    Nous pourrions encore échanger des courriers par l’entremise de Vigile, mais je préférerais que nous nous rencontrions personnellement pour mettre en commun certaines de nos expériences. Vous n’avez qu’à m’écrire à l’adresse suivante : sciences_humaines@yahoo.ca.
    Au plaisir de vous rencontrer.
    Bruno Deshaies

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2007

    M. Deshaies,
    Je suis d'accord avec vous pour un Mouvement indépendantiste que, personnellement j'appelerais "Indépendance d'abord", mais il faut éviter le plus possible les organisations hiérarchiques à intelligence pyramidale, ces structures "éteignoir" qui tuent toute initiative, toute spontanéité et toute créativité.
    Ces structures "étouffoir", je les connais assez bien pour avoir été pendant 30 ans, un militant actif du PQ. Elles existent aussi au Bloc et au Conseil de la souveraineté.
    Parlant du Conseil, la structure est trop lourde. Beaucoup de chefs et pas beaucoup d'Indiens. "Ils" sont encore dans un monde en voie d'extinction et leurs moyens d'action sont limités au 4è pouvoir. Leur production vedette : un pamphlet imprimé distribué dans les écoles, comme le Petit cathéchisme de Duplessis, alors que la majorité des écoles du Québec sont branchées en fibre optique.
    Les DVD, les blogues littéraires et vidéos, les topos audio, les dessins animés, les outils géospaciaux, les jeux sérieux, les logiciels de simulation, les intranets-maison (Yahoo Groupes - GoogleGroups) la téléphonie Internet (Skype), tout cela existe, la plupart du temps GRATUITEMENT.
    Avec le plus grand respect, il n'est pas exact de dire que cela coûte cher. Comme dit Joel de Rosnay, l'Internet 2.0, c'est nouvelle nouvelle économie de la gratuité.
    Et toute la structure d'Internet repose sur le concept de l'intelligence collective et des organisations "aplaties" et horizontales à l'opposé des organisations traditionnelles - qui coûtent cher - hiérarchiques, autoritaires à intelligence pyramidale.
    Ce qui coûte cher, ce sont précisément les produits des infos capitalistes du 4è pouvoir et c'est ce pouvoir en premier que la "révolte du pronétariat" vise et elle va réussir, car c'est un tsunami que rien ne pourra arrêter. Cela a débuté par la musique et maintenant c'est le cinéma, la presse écrite, raidodiffusée et télévisée, ainsi que les politiciens professionnels qui vont passer dans le tordeur à plus ou moins brève échéance. Lisez, je vous prie "La révolte du pronétariat"
    Ce qui coûte cher, aussi, ce sont les organisations à intelligence pyramidale, lourdes et hiérarchiques, dépendantes du 4è pouvoir, handicapées au plan de la vitesse, de l'espace et de la distribution de l'information, du renseignement, du savoir et de la connaissance.
    Ces organisations ne sont pas encore sortis du 20è siècle et les plus lentes sur l'autoroute du changement sont:
    - les organisations gouvernementales - 25km/heure ;
    - le merveilleux monde de l'éducation - 10km/heure ;
    - les organisations internationales - 5 km/heure ;
    - les partis politiques ; 2 km/heure
    - la justice 1km/heure
    Quand à l'indépendance, je dis tout simplement qu'il faut réhabiliter le mot et mettre le mot "souveraineté" en veilleuse pour un petit bout de temps. Je dis que l'indépendance précède la souveraineté, car c'est l'indépendance qui permet la souveraineté. C'est Bourgault dans sa tombe qui va se régaler!
    Ce n'est pas uniquement une question sémantique. C'est une question politique. Il faut radicaliser la lutte pour exorciser la peur et briser avec la souveraineté molle des péquistes. Ne jamais oublier que l'indépendance de Bourgault a été annexée, confisquée, mise au placard par la souveraineté-association de Lévesque. Je me souviens.
    Voilà pour ce matin.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2007

    Me Pierre Cloutier,
    J'ai fait un peu le tour du jardin. Je constate que vous avez de bonnes idées et de bonnes intentions. Sur plusieurs points, je crois que nous pourrions nous comprendre assez facilement. Toutefois, je crois qu'un « quartier général » pour les indépendantistes serait d'un précieux secours pour mettre les choses en ordre et surtout conquérir l'adhésion du plus grand nombre à l'essence même de l'indépendance. Sans des idées fortes sur la nature de l'indépendance, le dérapage est très facile. De plus, la notoriété n'est pas négligeable quand il s'agit de se hisser à un niveau de respectabilité qui incite à la confiance et à l'action.
    De plus, cette lutte que vous appelez de tous vos vœux nécessite indéniablement à un moment donné des moyens financiers et des ressources humaines expertes et dévouées. Cela dit, le cyberespace demeure quand même un lieu de communication extraordinaire dont il est difficile d'évaluer l'impact à court, moyen ou long terme.
    Il me semble cependant que tout ne peut pas être livré à la spontanéité humaine si habile soit-elle. Une organisation doit exister pour soutenir à moyen terme le MOUVEMENT qui apportera le changement et facilitera l'action de ceux et celles qui auront à réaliser l'objectif.
    « Nous voulons mener, écrivez-vous, le combat pour notre indépendance nationale comme des électrons libres et indépendants, avec les armes dont nous disposons maintenant. C’est nous qui maintenant allons décider de notre sort collectif et c’est nous qui allons désormais dicter notre loi aux 4 autres pouvoirs, que sont l’exécutf, le législatif, le judiciaire et les médias traditionnels de masse. »
    Voulez-vous parler du « pays» à faire ? ou encore de ce projet de société que rêvent de nombreux souverainistes en attendant de faire un jour l'indépendance du Québec ?
    Par ailleurs, je m'interroge sur cette phrase qui me paraît ambigüe : « Nous voulons l’indépendance d’abord, ici et maintenant. La souveraineté viendra ensuite. » Voulez-vous parler de l'indépendance des individus ? Quant à la souveraineté, je suppose que dans votre esprit il s'agirait de la nation qui est dotée d'un État souverain à l'intérieur et à l'extérieur. Ce serait donc une nation qui aurait la maîtrise suffisante de sa vie collective. Des éclaircissements nous seraient nécessaires pour comprendre exactement votre pensée.
    Sur un autre plan, je suggère à nos lecteurs et lectrices de parcourir le thème de communication qui vous tient à cœur :
    Le 5e pouvoir : le cyberespace
    Pierre Cloutier ll.m avocat : http://www.vigile.net/spip/auteur950.html
    À quand la fin des dinosaures souverainistes?
    Pierre Cloutier 9 mai 2006 TRIBUNE LIBRE mardi 9 mai 2006
    http://www.vigile.net/06-5/9.html#14
    “Pierre Cloutier, Simple citoyen, indépendantiste et patriote écœuré”
    « À quand les États généraux de l'indépendance nationale sur l’Internet ? À quand une coalition virtuelle réunissant tous les groupes indépendantistes avec un programme minimal d’État ? À quand la fin des dinosaures "souverainistes" et leurs organisations dépassées ? »
    « Il nous faut 125 candidates et candidats indépendantistes déterminés à y arriver sans viser la gouvernance provinciale avec le seul mandat de conduire le peuple québécois à son indépendance nationale, unis par 5 grands principes de base : »
    Deux idées fortes et inédites
    Pierre Cloutier 25 mai 2006 http://www.vigile.net/06-5/25.html#15
    Il faut frapper là où on est attendu le moins!
    Pierre Cloutier 25 mai 2006 http://www.vigile.net/06-5/25.html#7
    • «L’indépendance d’abord !» Tribune libre de Vigile 6 février 2007 http://www.vigile.net/spip/article4249.html
    « Nous voulons l’indépendance d’abord, ici et maintenant. La souveraineté viendra ensuite. »
    • «Mise au point concernant Bernard Landry.» Tribune libre de Vigile 5 février 2007
    •«Le cinquième pouvoir» Tribune libre de Vigile 6 février 2007 1 message http://www.vigile.net/spip/article4245.html
    « Grâce à eux, la technologie, censée nous isoler, accentuer les inégalités entre les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux, est en train de nous rapprocher. Elle nous donne le moyen de nous fédérer en un nouveau pouvoir : le cinquième pouvoir, un pouvoir émergeant, mal dégrossi, cherchant encore ses marques mais déjà capable de peser dans la vie politique. »
    • «Projet de plan d’action du militantisme virtuel.» Tribune libre de Vigile 6 février 2007
    Nous n’avons pas vraiment le choix. Nous sommes condamnés à l’excellence dans le cyberespace. http://www.vigile.net/spip/article4263.html
    LoïcLemeurblog http://www.loiclemeur.com/france/
    Les médias traditionnels diffusent des messages.
    Les blogs démarrent des conversations.
    Voilà des articles qui peuvent suciter la réflexion et stimuler le désir de passer à l'action.
    Salutations sincères.
    Bruno Deshaies
    sciences_humaines@yahoo.ca

  • Archives de Vigile Répondre

    8 février 2007

    M. Deshaies,
    Prenez donc quelques minutes de votre temps pour lire les articles que j'ai écrits récemment sur Vigile sur le cinquième pouvoir, l'Indépendance d'abord, le plan de militantisme virtuel, Pour savoir ce qu'est vraiment un blogue etc...Je n'arrête pas de répéter ad nauséam que le cinquième pouvoir est en train de naître, qu'il fait une lutte très efficace au 4è pouvoir et que NOUS N'AVONS PLUS BESOIN DE CE 4È POUVOIR. Lisez "la révolte du protenariat, des mass média au média des masses, de Joel de Rosnay disponible gratuitement à l'adresse suivante : http://www.pronetariat.com
    Allez sur le blogue multimédia de Loic Le Meur à http://www.loiclemeur.com - il y a une page en français en clicquant en haut et à droite sur le petit icone représentant le drapeau français. Vous allez savoir ce qu'est un blogue multimédia fréquenté par des millions de Français.
    Lisez "Le Cinquième pouvoir - Comment Internet bouleverse la politique" de Thierry Crouzet, Bourin Éditeur, Paris, 2007 ;
    Lisez "Revolutionnary Wealth" des époux Heidi et Alvin Toffler - http://www.amazon.com
    Lisez "L'intelligence collective - la révolution invisible" de Jean-François Nouvel à http://www.TheTransitioner.org/ic
    Lisez ce qui suit que j'envoie ce matin à mes amis Landry, Robert Laplante, Gérald Larose, Guy Bertrand et vous allez tout comprendre.
    _______________________________________________________________
    Chers amis,
    Je me permets d'insister pour que vous alliez faire un petit tour rapide sur le site de Loic Le Meur, un blogue multimédia qui est vu par des millions de français.
    L'adresse du site est la suivante : http://www.loiclemeur.com/France
    Regardez bien et faites le parallèle avec ce que nous, les indépendantistes, pourrions faire ici au Québec pour peu qu'on développe dans toutes nos organisations une stratégie multimédia semblable.
    Je vous ai envoyé un Projet de plan d'action du militantisme virtuel et je vous demande de le lire attentivement et de me faire part de vos commentaires.
    Il y a 3 clous sur lesquels il faut frapper sans cesse pour que cela rentre dans la tête des militants indépendantistes :
    1 - L'indépendance d'abord!
    Réhabiliter le mot et radicaliser la lutte pour notre libération nationale, car c'est la seule façon d'exorciser la peur. L'indépendance ne se fera pas par la porte d'en arrière! Invitons la souveraineté molle à céder sa place pour quelque temps et parlons d'indépendance. On devrait lancer le Mouvement "Indépendance d'abord" sur le réseau Internet. L'ordre spontané des choses et le chaos créateur vont faire le reste. Chose certaine, il nous faut une nouvelle dynamique. Bernard Landry, Gérald Larose, Guy Bertrand, Robert Laplante, Jacques Parizeau, Lise Payette, Guy A. Lepage et al. pourraient être associés à ce mouvement. Une structure souple à intelligence collective qui utilise de façon optimale tous les outils multimédia de l'Internet (blogues, vidéo blogues, présentations Power Point, documentaires, dessins animés, DVD, Jeux vidéos sérieux, simulation etc)
    2 - La social-démocratie numérique
    La social-démocratie de l'avenir passe d'abord et avant tout par la redistribution de la connaissance et du savoir, qui seule peut mettre fin à l'ingorance et la pauvreté qu'elle engendre. La vraie révolution passe par l'accès à la connaissance et au savoir pour toutes et tous par le branchement en très haute vitesse par la fibre optique. On n'aura beau faire toutes les réformes qu'il faut en éducation, cela ne donnera rien tant qu'on n'aura pas compris qu'il faut d'abord s'attaquer aux structures à intelligence pyramidale pour les remplacer par des structures à intelligence collective. Quand Ti-Pit de Valcourt pourra recevoir de la formation collégiale ou universitaire en restant dans son village ou sa région, on sera sur la bonne voie!
    3 - Une constitution québécoise pour et par les québécois!
    La seule façon de régler le problème des accomodements raisonnables, ce n'est pas de faire une commission d'enquête confiée à grands frais à des prétendus experts, mais de travailler ici et maintenant à l'élaboration d'une constitution québécoise qui règlera le problème de la citoyenneté et de la laicité et qui nous permettra de consolider et d'inscrire dans une loi fondamentale les grandes valeurs et consensus de notre nation.
    Cette constitution nous permettrait de plus de faire un pas en avant vers l'indépendance. Lisez l'article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982. Cet article permet aux provinces, sous réserve de l'article 41, de modifier leur constitution. Nous avons une marge de manoeuvre de 95% et nous n'en profitons pas, car nous attendons un Oui qui ne vient toujours pas.
    Nous pourrions également avec les outils Internet mettre un projet de constitution québécoise en ligne et le faire bonifier par la nation québécoise. Nous avons en main tous les outils pour le faire.
    Pierre Cloutier