Facebook et Twitter: la banalisation du pouvoir

Médias et politique




Qu'ont en commun le président américain Barack Obama, le vice-président américain Joe Biden, le premier ministre canadien Stephen Harper, le chef du Parti libéral du Canada Michael Ignatieff, le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe et le chef du NPD Jack Layton ? Ils sont tous présents sur Facebook et Twitter.
Après les blogues et Facebook, c'est maintenant Twitter qui est la nouvelle coqueluche des politiciens sur internet. Pour plusieurs, ces sites permettent une nouvelle forme de communication politique. En écrivant de courts messages sur sa page Facebook ou sa page Twitter à propos de ce qu'il est en train de faire, le politicien permet un dialogue permanent entre lui et ses citoyens. À lire les pages de ces politiciens, on s'aperçoit qu'ils nous racontent leurs voyages, leurs opinions, leurs commentaires et des blagues sur ce qu'il leur arrive. Bref, leur vie quotidienne matin, midi et soir. Pour certains, le fait de connaître en permanence ce que font les politiciens est une garantie d'honnêteté, de transparence et d'une vie démocratique saine.Les politiciens disent qu'ils veulent parler et écouter leurs électeurs et ces outils de socialisation que sont les sites web de réseautage leurs permettent de rester en contact avec leurs citoyens. Ces sites internet permettent de communiquer directement avec le politicien, sans aucun filtre, comme si le politicien était un ami ou un membre de sa famille. C'est une nouvelle forme de communication qui permet d'humaniser les politiciens. Avec Twitter, Facebook et les autres sites web de réseautage social, tout le monde est sur un pied d'égalité et le politicien redevient un citoyen comme les autres.
Le risque de la personnalisation du pouvoir
Il y a une conséquence à la présence de politiciens sur les sites de réseautage social que l'on semble oublier : le risque d'une banalisation de la fonction politique. Lorsque le politicien prend la parole plusieurs fois par jour sur son blog, sa page Facebook ou sa page Twitter, on est loin de la sacralisation de la parole présidentielle. Le politicien ne se soucie plus de raréfier ses interventions pour se consacrer qu'à l'essentiel et ainsi donner du poids à sa parole.
Grâce à sa présence sur ces sites internet, le politicien veut nous convaincre qu'il est un citoyen comme les autres. Mais, justement, s'il n'est pas différent, il n'est rien. Ce que le citoyen cherche en lui, c'est une différence, et dans le sens d'une certaine supériorité de façon à amener crédibilité, prestige et autorité. Ce n'est pas en exposant sa vie privée pour montrer qu'elle est simple et normal, sur des sites comme Twitter et Facebook, que le politicien se donnera la stature d'un homme d'État.
Le récent succès de la campagne présidentielle de Barack Obama, où il a placé les sites web de réseautage social comme Facebook et Twitter au coeur de sa stratégie internet, peut sembler comme étant un modèle à imiter pour les politiciens. Ces sites peuvent sans doute être utiles à une bonne communication politique, mais à condition que le politicien ne soit pas trop familier et qu'il sache garder les distances que requiert sa fonction.
Au moment où l'abstention est plus forte que jamais, la banalisation du politicien est inquiétante et ce n'est certainement pas en banalisant son rôle que le politicien amènera les électeurs à faire leur devoir le plus élémentaire de citoyen : celui de voter.
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Philippe Bernier Arcand
L'auteur est doctorant en sociologie et auteur de Je vote moi non plus (Amérik Média, 2009).


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