Deux sujets liés à l’éducation ont retenu l’attention des médias récemment : la piètre qualité du français des futurs enseignants et la question de l’innovation, voire de l’intégration du numérique à l’école. Dans le premier cas, il m’a semblé que l’on avait effleuré le sujet en s’attardant au taux d’échec (53 % en 2016) du TECFFE (test de certification en français écrit pour l’enseignement) et en s’interrogeant sur les modalités de passation dudit test. Une, deux ou trois reprises ? Une sélection plus sévère ? Dans cet article récent, on rapporte aussi les propos de M. Striganuk, président de l’ADEREQ (Association des doyens et doyennes, directeurs et directrices pour l’étude et la recherche en éducation au Québec), qui rappelle que ce test se veut aussi une façon de faire comprendre aux étudiants que la qualité de la langue est importante. Sans blague ? Est-ce qu’un test peut nous rappeler autre chose que la note obtenue ? On est loin de la motivation intrinsèque…
Selon moi, la vraie question à se poser est la suivante : pourquoi les étudiants échouent-ils ? Il y a certainement plusieurs raisons, mais je tente une hypothèse simple : se pourrait-il qu’ils aient eu très peu l’occasion, dans leur parcours scolaire, d’écrire et d’obtenir de la rétroaction qui les aurait aidés à progresser et à devenir des scripteurs compétents ?
Tous s’entendent pour dire que la maîtrise du français n’est pas chose facile : l’accord des participes passés, les nombreuses exceptions, l’étymologie, etc., sont autant d’exemples qui mènent la vie dure à la langue de Molière. Depuis toujours, donc, pour pallier les nombreuses exigences de cette langue quelquefois capricieuse, la majorité des enseignants optent pour des exerciseurs minutieusement conçus par les maisons d’édition. Ces « cahiers d’exercices » ont pour mission de rappeler les nombreuses règles et les cas d’exceptions et de proposer de courts exercices décontextualisés. Aussitôt un exercice fait, on le corrige. Et on passe à l’autre… Et on continue comme cela pendant des heures, des jours et des années, et ce, en oubliant l’essentiel : le transfert des apprentissages. Comme les enseignants de français ont une lourde tâche, rares sont les occasions où les apprenants peuvent mettre à profit leurs connaissances de la langue en écrivant des textes variés et inspirés et en obtenant ensuite des commentaires qualitatifs qui les feraient progresser. Sauf peut-être pour l’évaluation…
Miser sur la formation numérique
J’enseigne le français au secondaire depuis 18 ans. Je m’intéresse particulièrement à la question de l’intégration du numérique à l’école. Privilégiée, j’ai la chance de travailler avec des élèves qui ont tous un appareil technologique en classe. J’explore avec eux, depuis plusieurs années maintenant, les différentes avenues que m’offre le numérique pour les faire écrire davantage et leur donner le plus de rétroaction possible. Les outils numériques et les plateformes collaboratives dont je dispose me permettent de gagner du temps et de faire écrire de courts textes à mes élèves beaucoup plus fréquemment. Mes rétroactions, tantôt écrites, tantôt audio, ne ciblent qu’un ou deux aspects à la fois (tantôt la syntaxe et la cohérence, tantôt l’orthographe) et leur permettent de se reprendre rapidement en laissant des traces des améliorations apportées à leurs textes. Les pairs aussi mettent souvent la main à la pâte en portant un regard critique sur les écrits de leurs camarades de classe.
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