L'immigration a été au cœur des élections législatives en Italie qui se sont tenues ce dimanche. À cette occasion, Le Figaro revient en graphiques sur les chiffres des flux migratoires dans la péninsule. Sur le million de migrants qui ont traversé la Méditerranée depuis 1997, les trois quarts l'ont fait depuis 2010.
L'immigration a été l'un des sujets les plus discutés des élections législatives italiennes de dimanche. Deux partis qui souhaitaient réduire les flux migratoires ont obtenu des scores importants, le Mouvement 5 étoiles, qualifié de populiste, et la Ligue (ancienne Ligue du Nord), parti d'extrême droite appartenant à la coalition menée par Silvio Berlusconi, dont le parti Forza Italia est arrivé derrière.
La question de l'immigration est depuis plusieurs années au cœur de la vie politique italienne, surtout depuis l'augmentation du nombre de migrants qui accostent sur les côtes italiennes dans des embarcations de fortune. Ces derniers sont nommés migrants «sbarcati» (qui débarquent par bateau) en italien, pour les distinguer de l'immigration traditionnelle. Ces flux migratoires venus notamment d'Afrique subsaharienne sont importants depuis les Printemps arabes, la Libye devenant après la chute de Kadhafi en 2011 le lieu de passage privilégié par les réseaux de passeurs. En graphiques, revenons sur les chiffres de l'immigration en Italie, au cœur des débats lors de ces élections.
● Depuis le début du siècle, la proportion d'étrangers a fortement progressé en Italie
Avec l'élargissement progressif des frontières de l'Union européenne au cours des années 1990 puis 2000, l'immigration légale a fortement progressé en Italie, notamment depuis la Roumanie, qui représente la première communauté étrangère (1,1 million) représentée dans la péninsule. Il y avait fin 2016 un peu plus de 5 millions d'étrangers vivant en Italie, soit 8,29% de la population (contre 8,9% en France). Ce chiffre est en forte progression depuis le début du siècle: ils n'étaient qu'un 1,3 million en 2002, selon le ministère italien de l'Intérieur.
Parmi les pays d'origine les plus représentés, figurent, derrière la Roumanie, le Maroc, l'Albanie et la Chine. L'immigration venue d'Europe de l'Est et d'Asie a tendance à augmenter tandis que celle du Maghreb diminue.
Cette immigration concerne aussi bien les personnes obtenant un titre de séjour que les enfants étrangers naissant en Italie. Contrairement à la France, le droit du sol n'y est pas reconnu. En 2017, un projet de loi allant dans ce sens, porté par le centre gauche au pouvoir, a été reporté sur fond de contexte politique tendu sur la question migratoire. Ces chiffres ne concernent en revanche ni l'immigration illégale, ni, logiquement, les étrangers qui obtiennent la nationalité italienne. Ces derniers ont vu leur nombre croître considérablement à la même période. 12.260 ont été naturalisés en 2002, contre plus de 200.000 en 2016, soit un peu plus d'un million de personnes sur l'ensemble de cette période.
● L'immigration depuis la mer, une question polémique en Italie
L'immigration illégale est par nature difficilement quantifiable. En mai 2008, le Boston Globe estimait à 670.000 le nombre d'immigrés illégaux en Italie. Or, depuis cette date, les flux migratoires qui empruntent la Méditerranée ont fortement augmenté, la Libye devenant le lieu de transit privilégié pour les réseaux de passeurs. De la fin des années 1990 à 2010, les flux de «migranti scarbati» étaient relativement stables, entre 20 et 30 mille chaque année. À partir de 2011, ils vont considérablement augmenter pour atteindre181.436 en 2016, chiffre le plus élevé jamais enregistré.
Ces flux migratoires illégaux sont aussi la cause d'un drame humanitaire sans précédent: 5143 migrants ont perdu la vie en Méditerranée en 2016 en tentant de rejoindre l'Europe. À l'été 2017, le gouvernement italien a donc décidé un nouveau plan de lutte contre l'immigration illégale, soutenant les garde-côtes libyens pour lutter contre les réseaux de passeurs. Les flux ont fortement baissé en 2017 (119.310) de même que le nombre de morts (3116) sans revenir néanmoins au niveau d'avant 2011. Au total, en vingt ans, plus d'un million de migrants ont accosté sur les côtes italiennes, dont 750.000 depuis 2010.
Beaucoup d'entre eux ne souhaitent pas rester en Italie, mais rejoindre d'autres pays de l'Union européenne, comme l'Allemagne, la France ou le Royaume-Uni. C'est ainsi que le gouvernement français a dès juin 2015 rétabli officiellement des contrôles aux frontières, notamment à Vintimille, près de Nice, où les flux migratoires ne se tarissent pas. En avril 2017, 2880 centre d'accueil, répartis majoritairement en Sicile et en Lombardie, accueillaient 176.460 migrants.
C'est dans ce contexte migratoire que se sont tenu les élections italiennes ce dimanche. Si le Mouvement 5 étoiles souhaite réduire l'immigration, son jeune dirigeant, Luigi Di Maio, a adopté une stratégie de «normalisation» et a donc évité toute polémique sur le sujet. En revanche, à droite, Forza Italia de Silvio Berlusconi et plus encore la Ligue de Matteo Salvini ont choisi de mettre en avant ce thème. Le leader de l'ancienne Ligue du Nord a ainsi promis d'expulser 100.000 migrants par an au cours de ses cinq années de mandat s'il devait accèder au pouvoir.