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C’est l’un des principaux axes de la campagne du pouvoir ultraconservateur de Droit et justice (PiS) en vue du scrutin législatif du 13 octobre, comme lors des européennes de mai : l’offensive anti-LGBT lancée par la droite polonaise agite les collectivités territoriales. Depuis le début de l’année, une trentaine d’entre elles – régions, départements, communes –, essentiellement situées dans les régions très conservatrices du sud-est du pays, ont adopté des déclarations visant à « endiguer l’idéologie LGBT » dans leurs territoires.
Les conseillers du powiat (sorte de canton) de Swidnik, ville industrielle de 40 000 habitants en banlieue de Lublin, à 200 kilomètres au sud-est de Varsovie, ont été les précurseurs du mouvement. C’est là qu’a été adoptée, le 26 mars, à une écrasante majorité (quinze voix pour, deux contre, une abstention), la première déclaration du pays visant à rendre le powiat « libre de l’idéologie LGBT » contre « les radicaux qui visent à instaurer une révolution culturelle en Pologne, et qui attaquent la liberté d’expression, l’innocence des enfants, l’autorité de la famille et de l’école ainsi que la liberté d’entreprendre », selon le préambule du texte.
Ce dernier aspect fait référence au cas d’un imprimeur de la ville de Lodz, qui avait été condamné à trois reprises pour avoir refusé d’imprimer des tracts d’une organisation de défense des personnes LGBT, avant d’être relaxé par un arrêt du tribunal constitutionnel. Le ministre de la justice, Zbigniew Ziobro, s’était réjoui de cet arrêt, en déclarant que les Polonais vivent « enfin dans un pays libre, où la liberté de conscience est respectée ». C’est donc au nom de la liberté que se met en place, petit à petit, en Pologne, le droit à la discrimination.
« L’idée principale derrière cette déclaration est la défense de la liberté, souligne ainsi d’emblée Radoslaw Brzozka, conseiller du powiat de Swidnik et initiateur du texte. C’est la liberté des citoyens de ne pas se faire imposer des modèles de société dont ils ne veulent pas, et la liberté des parents d’éduquer leurs enfants en accord avec leurs convictions. » Dans la revendication d’égalité des droits émanant des organisations de défense des homosexuels, M. Brzozka voit « une entreprise politique imprégnée d’une idéologie néomarxiste mensongère, ayant pour objectif le changement du droit et donc des mœurs en Pologne ». Un phénomène qui serait aussi contraire aux « valeurs catholiques » du pays.