Le président soudanais Omar El-Béchir a quitté lundi l'Afrique du Sud en ignorant une décision de la Haute Cour de Pretoria qui ordonnait son arrestation à la demande de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre au Darfour.
Le chef de l'État soudanais a regagné Khartoum vers 18 h 30, a constaté un journaliste de Reuters.
Un juge sud-africain lui avait interdit la veille de quitter le pays, où il participait à un sommet de l'Union africaine, en attendant l'examen de la demande d'arrestation de la Cour pénale internationale (CPI), qui l'a inculpé de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide pour des faits commis au Darfour, où les
violences ont fait plus de 300 000 morts depuis 2003.
Saisie par un groupe de défense des droits de l'homme sud-africain, le Southern African Litigation Centre, la Haute Cour de Pretoria a ordonné par la suite l'arrestation du président soudanais et s'est inquiétée de voir qu'une décision de justice avait été ignorée par les autorités.
Le juge de la Haute Cour Dunstan Mlambo a estimé que le gouvernement avait enfreint la Constitution en laissant repartir Omar El-Béchir, visé par des mandats d'arrêt émis en 2009 et 2010 par la CPI.
Quant aux adversaires du président Jacob Zuma, ils ont dénoncé l'attitude du chef de l'État, qui a choisi selon eux d'ignorer la propre justice de son pays.
« Notre réputation internationale est en lambeaux », a déclaré un haut responsable de l'Alliance démocratique d'opposition, John Steenhuisen.
Ni la présidence ni le ministère de la Justice n'ont souhaité faire de commentaires.
L'Afrique du Sud est signataire des accords fondateurs de la CPI, elle est donc tenue d'appliquer les mandats d'arrêt, mais le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, a accusé le tribunal de La Haye de s'acharner de façon sélective contre certains pays d'Afrique et d'Europe de l'Est.
L'ANC a estimé dans un communiqué que « la CPI ne répond plus aux objectifs qui avaient motivé sa création ».
James Stewart, procureur adjoint de la CPI, s'est dit déçu qu'El-Béchir ait pu repartir d'Afrique du Sud sans être inquiété, mais il a dit ne pas y voir un coup porté contre le tribunal international, qui joue « sur le long terme ».
« Ce qui s'est passé ces deux derniers jours, et en particulier aujourd'hui, démontre qu'un mandat d'arrêt de la CPI signifie quelque chose, ce qu'a clairement exprimé le tribunal sud-africain. »
Le jugement de la Haute Cour de Pretoria signifie qu'Omar El-Béchir ne pourra désormais plus se rendre en Afrique du Sud.
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