Les écoliers d’aujourd’hui sont-ils devenus incontrôlables ? Et leurs parents ont-ils la capacité ou la volonté de s’occuper d’eux ? Qui souhaite enseigner dans le contexte désorganisé et perturbant, qui donne envie de mettre la clé sous la porte, de ces écoles publiques qui servent de lieu de défoulement, de bureau de psy ou de garderie pour enfants agités ?
Notre consœur du Journal a raconté son parcours de combattante dans des classes d’une commission scolaire hors de Montréal. L’expérience est probante. Il est impossible d’enseigner et même d’imposer un minimum de discipline à des enfants qui ne sont ni aptes ni préparés à apprendre, qui ignorent la politesse et qui sont les héritiers des problèmes psychologiques de leurs parents. Des parents absents, dans tous les sens du terme.
Que s’est-il passé pour que la culture traditionnelle familiale ait explosé de la sorte ? Nos enfants sont-ils devenus des monstres incapables d’établir une relation avec un adulte en autorité ?
Fumisterie
Va-t-on laisser les enfants souhaitant apprendre, curieux de connaître et aimant l’école à la merci d’un système qui homogénéise tout le monde au nom d’une égalité, qui est de la pure fumisterie ?
S’interroger sur la responsabilité des parents demeure tabou. Mais lorsqu’on constate l’incapacité des enseignants à faire leur métier devant des classes où se retrouvent pêle-mêle des enfants dysfonctionnels, agités et perturbés psychologiquement et ceux qui ont soif d’apprendre et s’appliquent, que conclure ?
Des enfants de sept ou huit ans qui lancent des insultes à leur maîtresse sont monnaie courante dans les classes. Et qui leur apprend ces gros mots ? Les enfants qui exigent d’être le centre d’attraction et qui accaparent ainsi un temps précieux que l’enseignante ne peut accorder à sa tâche première, celle de transmettre des connaissances, sont des enfants-rois. Les directeurs d’école ont l’habitude de recevoir des parents en furie contre des enseignants qui ne seraient pas assez gentils avec leurs petits mal embouchés, arrogants et grossiers.
Abdiquer la responsabilité
Est-ce normal que nombre de parents transfèrent à l’école leur responsabilité dans l’éducation de leur progéniture ? On exige trop souvent que les enseignants maternent, instruisent et soignent des enfants dont les parents n’ont ni les capacités, ni le temps, ni même l’envie de s’occuper. Par incompétence, par ignorance et par attachement à la devise de la vie actuelle : « Je m’occupe de moi ».
Il est facile d’aimer ses enfants et de le crier sur tous les toits. Mais l’éducation qu’on doit transmettre est la plus grande exigence sans doute de la vie d’un parent. Il faut s’oublier soi-même, faire des sacrifices en limitant ses propres désirs. Il faut aussi s’astreindre à une discipline exigeante qui n’est pas toujours plaisante à s’imposer.
Ce sont de vieilles valeurs, sans doute. Mais à force d’observer le désarroi de tant d’enfants de nos jours, des enfants privés d’une routine quotidienne rassurante, d’une attention à leurs besoins constants, privés également des balises sans lesquelles ils se sentent perdus, on est en droit de se demander si l’art d’être parent est en train de disparaître.