En affirmant une chose et son contraire en moins de 24 heures, dans le dossier du pont de Québec, le ministre fédéral Jean-Yves Duclos a sérieusement miné sa propre crédibilité, estime son adversaire politique Gérard Deltell.

Le député conservateur n’a pas mâché ses mots sur sa page Facebook, mercredi matin, affirmant que le ministre de Québec «a marqué dans son propre but et c’est toute la région de Québec qui a perdu».

Rappelons que le ministre avait affirmé en entrevue éditoriale avec Le Journal, lundi, que tous les scénarios allaient être étudiés, y compris le rachat du pont par Ottawa. «C’est une des éventualités qui vont être discutées», avait-il dit.

Il avait répété que «toutes les options sont ouvertes» en mêlée de presse à Lévis mardi, avant de changer son fusil d’épaule en fin de soirée et d’écarter totalement cette option. Soucieux de recentrer le débat médiatique, il a déclaré mercredi matin que le rachat du pont est une option «hautement irréaliste», en entrevue à la radio de Radio-Canada.

Joint par Le Journal, Gérard Deltell a pourfendu le ministre qui s’est «enfargé» dans ce dossier majeur. «En faisant marche arrière, le ministre vient de miner sa crédibilité et surtout son rapport de force qu’il doit avoir face au CN. C’est toute la région de Québec qui est perdante».

«C’est décevant pour les maires de Québec et de Lévis de ne pas avoir l’heure juste lorsqu’ils discutent avec le ministre fédéral. Que vaudront ses engagements et déclarations futures ?», a-t-il renchéri sur sa page Facebook.

Duclos nie avoir été rabroué par le PM

Par ailleurs, le ministre Duclos nie avoir été rappelé à l’ordre par le cabinet du premier ministre Justin Trudeau au sujet du possible rachat de l’infrastructure.

Photo Le Journal de Québec, Jean-François Desgagnés

Son attaché de presse avait pourtant affirmé le contraire au Journal mardi soir, deux fois plutôt qu’une. «Le cabinet du premier ministre est intervenu», nous avait-il glissé. Mercredi matin, il s’est confondu en excuses et a plaidé le malentendu.

Le ministre a déclaré au Soleil qu’il avait lui-même pris la décision de «recentrer l’attention médiatique sur les options réalistes», après avoir eu l’occasion de consulter divers intervenants et de revoir le dossier.

«Je persiste à croire que c’est le cabinet du premier ministre qui est intervenu, a réagi le député conservateur Gérard Deltell. Lorsqu’ils expliquent que c’est à la suite de certaines consultations qu’ils ont décidé de clarifier la position, écoutez, je ne vois pas d’autre autorité plus compétente et forte que le bureau du premier ministre.»

Pas de réaction au cabinet de Labeaume

L’attaché de presse du maire de Québec Régis Labeaume n’a pas voulu commenter la volte-face du ministre Duclos. Mardi, le maire avait lancé des fleurs au ministre pour son «ouverture incroyable» dans le dossier à la suite de ses déclarations sur la possibilité de voir Ottawa se porter acquéreur du vieux pont rouillé.

– Avec la collaboration de Sophie Côté