S’il n’en tenait qu’à Maxime Bernier, Ottawa ne devrait pas mettre un sou dans le projet de troisième lien Québec-Lévis ni dans celui de tramway de Régis Labeaume, à Québec.
De passage à Québec, jeudi, dans le cadre de sa tournée pancanadienne pour mousser son tout nouveau parti – le Parti populaire du Canada (PPC) –, le député beauceron a indiqué son intention ferme d’abolir les programmes d’infrastructures fédéraux s’il devient, un jour, premier ministre du pays.
«Moi, je trouve que ce n’est pas juste que les taxes d’un Québécois à Québec servent à développer des routes locales en Colombie-Britannique et vice-versa. Nous voulons abolir ces programmes-là, donc il n’y aurait pas d’argent fédéral pour le 3e lien. Pourquoi? Parce que c’est de juridiction provinciale et c’est de nature locale», a-t-il confié lors d’une entrevue avec Le Journal, dans un café de l’avenue Myrand.
«Le fédéral peut subventionner des projets de nature nationale comme une autoroute pancanadienne, mais un pont ou une autoroute dans une province, ce n’est pas le rôle du fédéral», a-t-il insisté, renvoyant la balle aux provinces pour le financement de leurs propres projets.
Baisse d’impôts pour tous
L’abolition des coûteux programmes fédéraux d’infrastructures – qui ont été mis sur pied à l’époque de Jean Chrétien et de Paul Martin pour «acheter des votes», selon lui – permettrait au PPC de baisser les taxes et les impôts de tous les contribuables au pays. Les provinces auraient alors le champ libre pour récupérer les points d’impôts abandonnés par Ottawa.
«Le gouvernement du Québec, s’il veut un troisième lien, il peut “retaxer” les Québécois parce qu’on redonne un espace fiscal», a expliqué l’ancien ministre de l’Industrie et ex-ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement conservateur.
«Moi, je trouve que ça serait intéressant qu’il y ait un troisième lien, mais en tant que politicien fédéral, ça me fait penser au dossier de l’amphithéâtre... J’ai été le premier politicien à dire que ce n’est pas le rôle du fédéral de subventionner des amphithéâtres, même si en tant que fan de hockey, ça serait bien le fun.»
En soirée, lors d’un rassemblement, il a invité ses partisans à répandre son message. «Il faut avoir le courage de le dire et de l’expliquer à la population», a-t-il lancé.
Transports collectifs
Pour le tramway, le même raisonnement s’applique. Il refuse d’«embarquer dans ce débat-là», bien qu’il laisse la porte entrouverte à une aide financière du ministère de l’Environnement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, si de tels programmes existent, ce qu’il ignorait au moment de l’entrevue. «Je ne le sais pas, donc j’aime mieux vous dire non, c’est le pire des scénarios...»
Celui qui a claqué la porte du Parti conservateur au mois d’août pour fonder son propre parti exclut également la possibilité de racheter le pont de Québec pour mettre un terme à la saga de la peinture. «Le gouvernement a perdu en cour, donc qu’est-ce que vous voulez de plus? Je ne commencerai pas à dire aux Québécois qu’on va peinturer le pont. Il appartient au privé, au CN.»
PARTI POPULAIRE DU CANADA :
- Fondé le 14 septembre 2018 par le député de Beauce, Maxime Bernier
- Déjà plus de 33 000 membres
- 292 associations de comté
- Le parti a reçu des dons de 480 000 $ jusqu’à présent, même si aucun reçu d’impôt n’est émis puisque le PPC n’est pas encore un parti officiel
- Maxime Bernier entend présenter des candidats dans les 338 circonscriptions du pays aux élections d’octobre 2019
SOURCE : PARTI POPULAIRE DU CANADA (PPC)
Une foule conquise de 250 personnes
PHOTO, JEAN-LUC LAVALLÉE
Maxime Bernier devant des partisans à Québec, hier.
Maxime Bernier a réussi sa rentrée dans la région de Québec, hier soir, en attirant plus de 250 sympathisants de son jeune parti politique, lesquels l’ont applaudi à tout rompre dans un hôtel de Sainte-Foy.
Moins de trois mois après avoir annoncé la fondation du Parti populaire du Canada (PPC), le député de Beauce rêve déjà au prochain scrutin prévu en octobre 2019, bien que le défi s’annonce colossal.
«Nous faisons l’histoire! Je suis certain que nous allons surprendre bon nombre de Canadiens», a déclaré celui qui ambitionne de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, dans l’espoir d’obtenir le privilège de participer aux débats des chefs.
«On a commencé à 1 % dans les sondages. Là, on est à 4 % et lentement, on est en train de monter et de gagner des appuis partout au Canada. Monsieur Macron, en 11 mois, a créé son propre parti et maintenant, il est le président de la France. Tout peut arriver parce que je le sens, il y a un momentum. Les gens sont tannés de la rectitude politique», a lancé celui qui veut rallier «les conservateurs désabusés».
Aucun compromis
«Nous, on est les vrais conservateurs sans compromis. Si vous croyez au libre marché, à la liberté économique et la liberté de choix, c’est ce qu’on prône», a largué celui qui se présente comme un homme de convictions, contrairement à son ancien chef Andrew Scheer, qui raffine ses positions «en fonction des sondages».
Le chef du PPC a fait mouche auprès de ses militants, dans la grande salle du Travelodge, en énumérant ses propositions. Fin de la gestion de l’offre, abolition du CRTC et des subventions aux entreprises, réduction des seuils d’immigration, coupes à Radio-Canada, baisse des impôts, hausse des investissements militaires, approbation de pipelines ; chaque segment du discours a galvanisé ses supporteurs de la région de la Capitale-Nationale, un terreau visiblement fertile pour ses idées.
«Pour nous, il n’y a pas de sujet tabou. On doit traiter la population comme des adultes. C’est sûr qu’il y a des risques à dire ce qu’on pense. On ne plaira pas à tout le monde, mais on est en politique pour parler de ce qu’on croit.»
Le chef du PPC se réjouit d’avoir également attiré des foules appréciables lors de sa tournée qui l’a mené, jusqu’à présent, à Toronto, Calgary, Ottawa, Winnipeg, Vancouver et Saskatoon.