Horrifiée par l’attentat du 7 janvier 2015 contre les journalistes de Charlie Hebdo, Djemila Benhabib, dans Après Charlie, redit une fois de plus que « réaffirmer l’importance cruciale de la citoyenneté, de la liberté d’expression, de la laïcité et de la solidarité est plus que jamais urgent ». Il n’y a pas, insiste-t-elle dans cet essai décousu mais passionné, de compromis à trouver avec un islamisme animé par un rejet de la démocratie.
Il faut admirer le courage de Djemila Benhabib, mais il faut aussi lui taper un peu sur les doigts. L’écrivaine aura beau dire que le blâme que lui a adressé le Conseil de presse pour plagiat et inexactitudes, relatif à des textes parus sur son blogue et non à ce livre, relève de la « tentative d’exécution publique », il reste qu’il y a eu, pour le moins, négligence de sa part. Invoquer l’usage de notes mal référencées n’est pas très crédible.
N’empêche qu’il faut admirer, oui, le courage de Djemila Benhabib. Son combat pour la laïcité et contre l’islam politique l’expose, depuis des années, à bien des périls, mais elle le poursuit, contre vents et marées, avec une fougue et une détermination qui imposent le respect. « Je n’ai jamais eu peur de dire les choses qui sont habituellement tues, écrit-elle. Je n’ai pas peur d’exprimer des idées qui fâchent, qui clivent, qui polarisent. » En effet.
D’origine algérienne, l’écrivaine sait ce que c’est que de vivre dans un pays tombé sous le joug du fanatisme religieux. Femmes des Lumières, qui, explique-t-elle, ont placé « l’homme au centre de la cité et Dieu dans sa périphérie », « vivante excessive », Benhabib résume le sens de sa lutte en une phrase : « Écrire, c’est pouvoir enfin répondre “ oui ” à la question qui nous taraude tous : faut-il séparer l’islam de la politique ? »
Islam et modernité
Benhabib, précisons-le pour éviter tout malentendu, distingue toujours islam et islamisme et réserve ses attaques à ce dernier, c’est-à-dire à l’islam politique, dont elle dénonce les ravages en Algérie et dans plusieurs pays arabo-musulmans, tout en s’inquiétant de son infiltration en Occident, notamment en France, au Canada et au Québec, sous le regard tolérant d’une certaine gauche.
Nos démocraties doivent refuser d’accommoder les courants qui font « du religieux le fondement de toute légitimité politique », de même qu’elles doivent, par solidarité avec les démocrates laïques du monde entier, cesser d’entretenir des relations complaisantes avec des régimes (Arabie saoudite, Qatar, Émirats arabes unis) qui nourrissent l’islam politique.
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Djemila au combat
Dans un essai vigoureux mais décousu, la pasionaria de la laïcité pourfend l’islam politique
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