Les révélations faites lundi soir par Julie Couillard, en entrevue à TVA, ont forcé le premier ministre Harper à admettre que l’histoire débordait la vie privée de Maxime Bernier, contrairement à ce qu’il soutenait dur comme fer depuis trois semaines.
Le premier ministre a donc accepté la démission de M. Bernier du poste de ministre des Affaires étrangères. Mais l’affaire ne pourra pas en rester là.
Comme toujours, M. Harper en a dit le moins possible. Ce qui fait que de nombreuses questions restent ce matin sans réponse. De quel document s’agissait-il ? Le fait qu’il se soit trouvé chez Mme Couillard aurait-il pu mettre à risque la sécurité nationale ? De façon plus générale, diverses informations ont filtré selon lesquelles la relation de Maxime Bernier avec Julie Couillard suscitait depuis longtemps des inquiétudes dans l’appareil gouvernemental et politique à Ottawa.
M. Harper lui-même serait intervenu auprès de son ministre. Tout cela doit être éclairci. Le premier ministre doit s’empresser de tout dire ce qu’il sait de cette affaire. Il doit aussi ordonner une enquête indépendante. Les déclarations de Mme Couillard selon lesquelles son appartement aurait été espionné ne peuvent pas être prises à la légère.
Le premier ministre espère peut-être que la démission de M. Bernier et son propre départ pour l’Europe, hier soir, mette un terme à la controverse. Ça ne sera évidemment pas le cas. Les partis de l’opposition et les médias ne lâcheront pas cet os, et ils auront parfaitement raison. M. Harper, qui connaît bien l’histoire, devrait savoir que les gouvernements qui cherchent à camoufler la vérité se font toujours bien plus de tort que s’ils l’avaient révélée dès le départ.
La manière dont Stephen Harper gérera la suite de l’affaire Bernier est de loin le test le plus important de sa gouverne. Elle pourrait être déterminante pour le verdict que porteront sur lui les Canadiens lors du prochain scrutin.
Car ce n’est pas seulement du jugement de Maxime Bernier qu’il est question ici.
C’est surtout de celui du premier ministre lui-même qui est remis en question. Lorsqu’il a choisi le député de Beauce comme ministre des Affaires étrangères, il savait qu’il nommait un néophyte à ce poste névralgique. C’était déjà un risque.
Comme meneur d’hommes, il aurait dû aussi savoir que son protégé n’avait pas le jugement nécessaire pour occuper une telle fonction. Et s’il ne le savait pas, il aurait dû s’en rendre compte dès les premiers faux pas de M. Bernier. Lorsqu’un premier ministre doit choisir entre ses intérêts partisans et les intérêts du Canada, en particulier la sécurité nationale et la crédibilité internationale du pays, il doit toujours privilégier ces derniers.
***
La descente aux enfers de Maxime Bernier aura été aussi rapide que son ascension. C’est une triste affaire. M. Bernier n’est pas dépourvu de talents, loin de là. C’est un homme affable, aimé dans sa région, animé par un désir sincère de servir le Québec et le Canada. Sa démission interrompt une carrière politique prometteuse. De plus, elle affaiblit grandement la représentation québécoise au sein d’un cabinet où elle était déjà fragile.
Le premier ministre Harper est confronté à une grave crise. Cette fois, il ne s’en tirera pas par les entourloupettes tactiques auxquelles il nous a habitués.
Dites tout, M. Harper
"L'affaire Maxime Bernier"
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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