C’est avec une certaine appréhension que je me suis installé devant mon petit écran pour écouter le discours d’adieu de Joe Biden à titre de président sortant des États-Unis, les derniers mois de sa présidence ayant été marqués par des signes évidents de sénilité. Or quelle ne fut pas ma surprise d’entendre d’une voix rassurée un Joe Biden passionné aborder avec conviction les valeurs profondes qui l’ont toujours animé tout au cours de sa longue carrière de quelque 50 ans au service de la fonction publique américaine.
Je retiens à prime abord son panégyrique fort éloquent envers la légendaire statue de la Liberté dévoilée au grand jour en1886 pour souligner le centenaire de la Déclaration d'indépendance des États-Unis. Mais au-delà de ces considérations historiques, Joe Biden y est allé d’une envolée oratoire sur le message de paix et l’appel vibrant à la défense et à la sauvegarde de la démocratie en tout respect envers les institutions américaines.
Dans cette foulée, le 46e président des États-Unis n’a pas manqué d’inciter les Américains à faire preuve de prudence contre la montée croissante de l’oligarchie sur la terre de l’oncle Sam, une assertion qui, sans l’ombre d’un doute, visait sans la nommer l’omniprésence des oligarques dans l’entourage immédiat du président désigné Donald J Trump.
Sur un autre plan, nonobstant les avancées majeures de l’intelligence artificielle (IA), particulièrement dans la recherche en médecine, Joe Biden s’inquiète de l’ingérence indue de l’IA dans la protection de la vie privée des gens notamment à l’égard de leur identité personnelle qui est reproduite intégralement sans coup férir sur les médias sociaux.
Enfin je terminerai sur un bémol qui m’a relativement agacé à savoir l’insistance avec laquelle Joe Biden a décrit en long et en large ses réalisations au cours de son mandat. À cet effet, je suis plutôt d’avis que la mise en évidence des dites réalisations est du ressort des historiens qui, eux, pourront objectivement y apporter leur regard ainsi que leur retombée historique. Quoi qu’il en soit, il m’apparaît un tantinet prétentieux et inopportun d’exhiber tels des trophées ses réalisations personnelles dans un discours d’adieu à la nation…
Le pari de Danielle Smith
En guise de préambule à la décision de la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, de se dissocier du front commun des premiers ministres provinciaux et du fédéral visant à lutter contre l’intention de Donald Trump d’imposer des tarifs de 25% sur les produits canadiens, il est important de rappeler que, le 8 décembre 2022, la nouvelle première ministre fait adopter la loi sur la souveraineté de l’Alberta dans un Canada uni qui lui accorde le pouvoir d’ignorer «les lois fédérales et les initiatives jugées contraires aux intérêts de la province».
Dans cette foulée, le 27 novembre 2024, au surlendemain de l’annonce par Donald Trump de la possible imposition de tarifs de 25 % sur les exportations canadiennes, Danielle Smith avait déclaré être en faveur de l’approche Équipe Canada, à condition que Équipe Canada soit aussi Équipe Alberta. À cela s’ajoutent les récentes rencontres de Danielle Smith avec Donald Trump à sa résidence de Mar-a-Lago en Floride qui suscitent des interrogations tout à fait légitimes. À cet effet, la professeure en science politique de l’Université Mount Royal, Lori Williams, se montre inquiète: «Si son message était "ma province et ses industries sont les plus importantes et je n’aime pas le gouvernement fédéral, et je ne me soucie pas des autres industries et des autres provinces"», cela nuirait considérablement au Canada, selon la politologue. Enfin, détail important, Danielle Smith a prévu de se rendre aux États-Unis le 20 janvier pour assister à l’assermentation de Donald Trump.
De toute évidence, Danielle Smith affiche ouvertement ses visées nationalistes à l’égard de l’Alberta. Je ne connais pas le contenu des discussions qu’elle a entretenues avec Donald Trump et certains haut placés de la future classe dirigeante américaine. Selon moi, elle fait le pari que le président «adoucira» l’impact des tarifs douaniers sur le pétrole albertain moyennant certaines conditions… à venir.
Henri Marineau, Québec
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2 commentaires
François Champoux Répondre
19 janvier 202519 janvier 2025
Monsieur Marineau,
Je veux rappeler que nous avons, Québécoises et Québécois, travaillé ferme et fort pour empêcher Énergie-Est : et nous avons gagné… jusqu’à ce jour. Les pouvoirs appelaient ça, l’acceptabilité sociale! C’est justement notre seul pouvoir : celui de nous indigner et dire NON à l’abus de pouvoir. Il en fut de même avec les développements de l’hydro-électricité sur les territoires de Terre-Neuve-et-Labrador! Ça fait longtemps que les terre-neuviens s'indignent, n'est-ce pas?
Mais avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement, nous devrons à nouveau faire valoir le respect de notre territoire. L’éternel débat. En sortirons-nous? Je ne pense pas.
Au Canada, il y a peu, comme vous dites, de camaraderie d’un océan à l’autre. La protection d’une maison, si celle-ci est trop grande, ça devient impossible; les Américains ne l’ont pas encore réalisé, mais ça s’en vient. Malheureusement, le prix de ce savoir sera incommensurable. Pourtant, ils ont déjà payé cher, ces Américains. Apprendront-ils?
Ce Trump nous renvoie le miroir en pleine face. Mais il ne s’est pas encore bien regardé lui-même! Le jour qu’il le fera, il ne pourra pas croire ce qu’il verra, comme actuellement : Trump demeurera jusqu’à sa mort un éternel aveugle. Tristement, ce sont les peuples qui payent la note.
Les peuples asservis sont multiples sur la planète et nous ne faisons pas exception à cette règle d’un capitalisme sauvage et sans retenue. On appelle ça du colonialisme. Au nom de la sécurité, nous serons asservis, méprisés, colonisés par cette ploutocratie triomphante. Ce n’est pas pour rien que les ambitieux font de la politique qu’ils appellent «démocratie»; et nous, nous nous faisons endormir, car notre ambition n’est pas la même : c’est la paix des peuples et le respect, par un voisinage de bons services rendus et appréciés.
Nous n’avons que le poids de notre indignation pour dire «C’est assez!». Il faut le dire et jamais cesser de le dire, même si l’autorité nous menace de nous pénaliser et nous poursuivre en justice. Imaginez : Desjardins et l’Autorité des marchés financiers du Québec en sont là pour faire taire la grogne des sociétaires de tout le Québec abusés, sont-ils, par des dirigeants qui se prennent pour des Trump ou des tyrans au pouvoir absolu. C’est la loi!
François Champoux, Trois-Rivières
Henri Marineau Répondre
17 janvier 2025En refusant de se soumettre au front uni des premiers ministres contre les politiques impérialistes de Donald Trump, Danielle Smith démontre de facto à quel point l’unité canadienne d’un océan à l’autre est fragile, une réalité sans équivoque avec laquelle le gouvernement du Canada doit composer, la première ministre de l'Alberta, l’insoumise, en étant l'incarnation indéniable aujourd’hui.