Tout logiquement, Dominique Strauss-Kahn a démissionné de son poste de directeur du Fonds monétaire international (FMI). Conséquence tout aussi logique, les dirigeants européens et leurs homologues des pays émergents ont amorcé la discussion devant se conclure par la nomination de son successeur. Entre les uns et les autres, la foire d'empoigne a d'ores et déjà commencé.
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la présidence de la Banque mondiale revient aux États-Unis, celle du FMI a un Européen. Autrement dit, au cours d'un demi-siècle et même davantage, l'Occident a détenu les rênes des deux organisations phares créées à la faveur des accords de Bretton-Woods. Durant tout ce temps, l'Occident a imposé sa médecine, souvent de cheval, à une foule de pays dont certains forment aujourd'hui la catégorie des pays émergents. Des pays...
Des pays qui, à la suite de l'implosion de l'Union soviétique, ont opté pour le capitalisme, parfois sauvage comme en Chine, ou pour un cocktail démocratique incluant un capitalisme plus libéral que dans les environs de Pékin. On pense évidemment au Brésil et à l'Inde. Ces nations, sans oublier l'Indonésie, ont additionné au cours de la dernière décennie des croissances économiques qui font pâlir d'envie un Occident par ailleurs vieillissant. Tout logiquement, elles réclament un pouvoir d'influence sur la gestion du FMI. Le poids souhaité, demandé? À la mesure de leurs puissances économiques. Pas plus, pas moins.
En 2009, les membres de l'Union européenne (UE) avaient convenu, à la suite d'une requête formulée par les pays mentionnés, de réduire ses droits de vote au FMI de 33 à 30 %. Quand on sait que la croissance combinée de l'UE est égale à 20 % alors qu'elle possède 30 % des votes, la moindre des choses que l'on puisse dire est que la concession faite par les Européens se confond avec l'avarice. Ce n'est pas tout.
Lorsque DSK a été parachuté à la tête du FMI, des chefs d'État européens, notamment Angela Merkel, avaient promis, juré, que le prochain viendrait des pays émergents, dont la présence, par ailleurs, dans les institutions internationales est à l'image de la peau de chagrin. Ils ont patienté pendant des années. En vain. Car DSK parti, voilà que les Européens veulent conserver le poste.
Pour les leaders du Vieux Continent, il n'est pas question que l'ancien ministre turc des Finances, considéré comme un des favoris, ou l'ex-argentier du Brésil s'installe au poste détenu par DSK. Leur argument central est quelque peu spécieux. La Grèce, l'Irlande et le Portugal ayant évité la faillite grâce à des prêts accordés par le FMI mais aussi par la Banque centrale européenne (BCE), le successeur de DSK doit être un Européen. D'autant plus que les crises auxquelles sont confrontées ces trois nations se doublent d'une autre crise: celle de l'euro.
Pour ces raisons, ils estiment que seul un Européen, que seule une personnalité au parfum des plans d'aide alloués depuis un an et connaissant les méandres de la zone euro peut mener à bon port la barque du FMI. Au cours des dernières 24 heures, ils ont même avancé le nom de Christine Lagarde, l'actuelle ministre des Finances du gouvernement Sarkozy. Au train où vont les choses, il est fort plausible que cette dernière remplace DSK, au risque de heurter énormément les dirigeants chinois, brésiliens, turcs, russes, indiens et indonésiens. Mettons que ça fait beaucoup, beaucoup.
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