À un an de l'élection présidentielle, la déchéance de Dominique Strauss-Kahn a tétanisé le Parti socialiste. Cela se comprend aisément. Mais elle a également bousculé les plans comme les frontières érigées entre toutes les familles politiques. À tel point que l'horizon est passablement embrouillé.
Quelques jours avant que DSK commette une agression sexuelle, pour l'instant présumée, contre une femme de chambre, la campagne de «salissage» inhérente désormais à toute campagne électorale, et alimentée par les cabinets noirs, comme on les nomme en France, des deux camps adverses, avait débuté. Par le biais d'un hebdomadaire plus favorable à l'UMP qu'au PS, il s'agit de L'Express, un inventaire du patrimoine de DSK était brossé qui confirmait, comme si besoin était, que ce dernier était le symbole par excellence de la gauche caviar. L'étoile du patron du FMI ayant implosé, le duel attendu entre Sarkozy le bling-bling et DSK le caviar vient d'être renvoyé aux rayons de l'Histoire.
À gauche, le principal bénéficiaire de la chute de DSK profite, pour l'instant il va sans dire, à François Hollande. Selon un sondage réalisé ces jours-ci, celui qui promet une présidence normale a enregistré une progression de 27 % aux dépens principalement de l'actuelle patronne du PS, Martine Aubry. Mais elle a aussi aiguisé certains appétits, ceux de ténors comme Laurent Fabius, qui laissent entendre par lieutenants interposés qu'ils envisagent de se présenter en vue des primaires qui se tiendront cet automne.
Si tous ceux et celles qui jouent officieusement leur partition font le saut officiellement, alors il y aura foule aux portes de la candidature à la candidature. Ils prendront ainsi le risque, à la faveur de ce combat intra-muros, de mettre en relief davantage de divisions que celles anticipées par certains mandarins opposés aux primaires. Ces derniers craignent que la mise en lumière, par médias interposés, des discordes entre les uns et les autres ne profite à Sarkozy, qui annoncera à ce moment-là... la naissance d'un bébé. Depuis hier, c'est officiel, on sait que Carla Bruni est enceinte de quatre mois.
Mis à part Hollande, l'affaire DSK profite passablement au chef des centristes, Jean-Louis Borloo. Quelques heures avant que DSK soit menotté, l'ex-numéro trois du gouvernement Sarkozy annonçait le retrait de son parti de l'UMP. D'autres patrons de petites formations ou courants du centre étaient à côté de Borloo, qui va récolter, affirment déjà des sondeurs, toutes les voix centristes que DSK va attirer. Ce report — en trois jours il a gagné 5 % des intentions de vote — est d'autant plus embêtant pour l'actuel locataire de l'Élysée qu'il devrait encourager Borloo à se présenter au cours de l'été. Si tel est le cas, alors il pourrait être le fossoyeur de Sarkozy, bien des politicologues suggérant depuis plusieurs semaines qu'un boulevard s'est ouvert au centre.
Avec son discours contre les élites du bling-bling et du caviar, la chef du Front national, Marine Le Pen, est d'ores et déjà l'autre bénéficiaire de la chute de DSK. Elle était et reste en position de compliquer énormément la tâche de l'actuel président. On la dit même en mesure d'obliger l'UMP à poursuivre une transformation politique dont elle serait une actrice incontournable. DSK en prison, la campagne s'annonce beaucoup plus cahoteuse.
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