On comprend que le programme officiel de n'importe quel parti politique
oblige ses membres, particulièrement les plus connus, à un devoir de
réserve. Par ailleurs, aucun parti ne peut légitimement censurer leur
droit à l'expression sur tout et n'importe quoi, même lorsqu'il s'agit d'un
sujet qui touche, de près ou de loin, les responsabilités gouvernementales
qu'a déjà exercées par le passé le chef actuel. Les membres, même les plus
notables, sont avant tout des individus dont on n'a pas le droit d'exiger
qu'ils requièrent la bénédiction du parti ou du chef chaque fois qu'ils
agissent à titre de citoyens.
Faudrait-il donc défendre les effets d'un programme scolaire qui a tourné au vinaigre par esprit partisan? Aucun des "dissidents", que je sache, n'a
impliqué la responsabilité de madame Marois dans le détournement d'une
réforme dont elle admet elle-même qu'elle ne l'avait pas approuvée pour ce
qu'elle est devenue. Tous ceux qui connaissent un tant soit peu le monde
bureaucratique, public ou privé, savent à quel point se creuse parfois, au
cours des ans, un fossé entre les intentions originales d'un projet et ses
conséquences une fois qu'il est passé par la pyramide hiérarchique et les
transformations qu'il subit à chaque étape lorsque tous les comités, les
sous-comités et les experts lui ont passé sur le corps. D'autant plus
qu'une réforme scolaire n'est pas l'apanage d'un parti politique et ne
relève pas d'une consigne de solidarité clanique: elle regarde tous les
citoyens, à plus forte raison tous ceux qui en constatent le résultat chez
leurs enfants ou leurs élèves.
S'il serait malhonnête d'en faire porter le chapeau à l'ex-ministre
Marois, la volonté de cette dernière de baîllonner ses troupes sur un sujet
qui échappe à ses prérogatives relève d'une attitude paternaliste et
autoritaire malvenue. Un chef du Parti québécois a déjà bien assez de
peine à exercer la discipline dans ses rangs lorsqu'il y va des articles
importants de son programme — et à respecter lui-même le programme actuel —
sans exiger en prime que tous s'engagent à voir par ses yeux, entendre par
ses oreilles et parler par sa bouche en tant que citoyens.
Raymond Poulin
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Détannez-vous, madame Marois...
Faudrait-il donc défendre les effets d'un programme scolaire qui a tourné au vinaigre par esprit partisan?
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
3 février 2008Comment ne pas comprendre que seul le monopole qu'exerce le ministère de l'Éducation explique l'ampleur d'une telle gabegie ? Ce monopole élabore le programme, la pédagogie et jusqu'aux bulletins scolaires à utiliser dans les écoles québécoises. Si le ministère n'exerçait plus ce monopole, les parents auraient droit à un véritable marché de l'enseignement d'où naîtraient une saine concurrence et une plus grande liberté et adaptation aux besoins et désirs des parents.
On ne comprend pas qu'aucun parti au Québec ne prône la concurrence scolaire alors que tant vantent les vertus de la concurrence dans d'autres domaines. Depuis quand l'enseignement des enfants est-il un pouvoir régalien. Pouvoirs régaliens traditionnellement limités aux droits de perception d'impôts, de police, de justice et de lever une armée ? Rappelons qu'il n'est nul besoin d'avoir un monopole étatique de l'enseignement pour garantir un bon niveau d'éducation. Il suffit, en effet, de se remémorer l'exemple de la Nouvelle-Angleterre où le taux d'alphabétisme était probablement supérieur à celui d'aujourd'hui, plus d'un siècle après l'introduction de l'obligation scolaire et la constitution d'un vaste réseau coûteux d'écoles publiques dites gratuites (il faut bien que quelqu'un paie : les contribuables).
Si l'État peut jouer un rôle dans l'éducation, c'est en permettant aux personnes issues des milieux les moins favorisés d'accéder à un niveau d'instruction qui dépend plus d'eux-mêmes que des ressources de leur famille. Toutefois, et contrairement à la pratique actuelle, cette participation de l'État n'implique pas l'existence et le maintien d'établissements scolaires publics gratuits qui faussent le marché, ni bien sûr d'un programme et d'une pédagogie uniques. Elle peut, par exemple, se faire par une distribution de moyens auprès des personnes concernées que ce soient par des coupons scolaires utilisables auprès d'écoles privées ou de crédits d'impôt liés au nombre d'enfants d'âge scolaire, mesure qui s'appliquerait alors aussi aux parents qui éduquent leurs enfants à la maison que ce soit à l'aide d'un précepteur ou non.