PASSEPORT SANITAIRE

Des milliers de manifestants protestent contre le passeport vaccinal au Québec

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Importante mobilisation contre le passeport sanitaire


Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans les rues de Montréal samedi après-midi pour protester bruyamment contre l’instauration d’un passeport vaccinal au Québec, imposé par le gouvernement Legault.


Le signal de départ a été donné vers 14 h devant le 100, René-Lévesque Ouest, près des bureaux de Santé Canada. Les manifestants ont ensuite entamé une longue marche sur l’artère routière avant d’emprunter notamment les rues Guy et Sherbrooke sous la supervision de policiers du SPVM, qui avait été informé en amont de l’itinéraire de cette marche. Celle-ci doit prendre fin en début de soirée à la Place des Festivals avec une série d’allocutions.


L’événement est organisé par Québec Debout, qui était derrière une manifestation contre les mesures sanitaires en mai dernier dans le secteur du Stade olympique. Sur la page Facebook de l’événement, les organisateurs ont décrit le passeport vaccinal comme « un préjudice sans précédent pour la population » qui « est fortement discriminatoire ».


« Liberté ! » scandent d’ailleurs les manifestants, qui regroupent des personnes de tous âges allant des couples de personnes âgées aux jeunes familles avec enfants. « Coalition asservir Québec » et « Non au passeport sanitaire » sont quelques-unes des formulations que l’on peut lire sur les nombreuses affiches brandies au travers des drapeaux du Québec et des Patriotes dans cette foule dense, où le port du masque est l’exception plutôt que la règle.


« On veut revenir à notre liberté […] On ne veut pas d’une deuxième Chine », lance au Devoir une manifestante, Francine, qui a pris part à cette marche sous un soleil de plomb en compagnie de son fils, Gabriel. Tous deux se disent sceptiques quant à l’efficacité des vaccins contre la COVID-19, qui ont pourtant permis de limiter la hausse du nombre d’hospitalisations et de décès reliés à la maladie au Québec dans les derniers mois.


À compter du 1er septembre, seules les personnes doublement vaccinées pourront accéder à certains services non essentiels – comme les bars, les restaurants et les salles d’entraînement – en montrant leur code QR numérique prouvant qu’elles ont bien reçu les deux doses requises devant les protéger contre le virus de la COVID-19.


Des manifestants rencontrés par Le Devoir ont ainsi fait valoir que la mise en place d’un passeport sanitaire représente une atteinte à leurs libertés, puisque ceux-ci refusent de se faire vacciner. Pour le gouvernement du Québec, cependant, cet outil vise à limiter les répercussions sociales et économiques de la quatrième vague de la pandémie, en permettant à la majorité de la population, déjà entièrement vaccinée, de continuer à bénéficier d’une certaine normalité pendant la crise sanitaire.


Le gouvernement fédéral a par ailleurs annoncé cette semaine qu’il imposera la vaccination contre la COVID-19 à tous ses fonctionnaires. « Comment peut-on obliger quelqu’un à se faire vacciner ? » s’insurge Alex, qui affirme avoir quitté un poste dans la fonction publique fédérale dans les derniers mois en raison du port du masque obligatoire dans son lieu de travail.


« Une mesure discriminatoire »


Les manifestants étaient par ailleurs nombreux samedi à brandir des affiches montrant le visage de Maxime Bernier, le chef du Parti populaire du Canada (PPC), qui était présent à la tête de cette marche, entouré de gardes du corps et de nombreux partisans de sa formation, qui se fait l’apôtre du « libre choix ».


« C’est une mesure discriminatoire, injuste et inconstitutionnelle », a lancé M. Bernier au sujet du passeport vaccinal, lorsque rencontré dans la foule. Il n’hésite pas à dire qu’il n’a pas été vacciné, sans toutefois inciter ses partisans à suivre son exemple.

 


Photo: Jacques Nadeau Le DevoirLe chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, était à la manifestation.

« On n’est pas un pays où on doit brimer les droits des gens […] Tous les Québécois ont le droit de faire ce qu’ils veulent, que ce soit d’aller au gym, au restaurant ou quoi que ce soit. Ce sont des mesures qu’on voit dans les pays communistes et j’espère bien qu’on va avoir un débat au Québec par rapport à ça », a-t-il renchéri. Le passeport sanitaire est néanmoins une mesure qui gagne du terrain dans plusieurs pays à travers le monde, dans un effort de lutte contre la pandémie de COVID-19.


Un premier projet pilote a eu lieu les 11 et 12 août dans un restaurant de Québec afin de tester l’efficacité du passeport. Deux autres établissements, soit un restaurant et une salle de gym du Grand Montréal, se prêteront également à l’exercice au cours de la semaine prochaine.


Pendant ce temps, la vaccination contre la COVID-19 s’accélère au Québec. Samedi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a fait état d’environ 55 820 doses administrées dans les dernières 24 heures, contre une moyenne quotidienne de 43 307 personnes vaccinées au cours des sept derniers jours.


« Il faut profiter des prochains jours pour aller chercher ses 2 doses et ainsi être le plus possible à l’abri des variants à l’automne », a insisté M. Dubé samedi, dans un message Twitter, au moment où le dernier bilan fait état de 433 nouveaux cas de COVID-19 et d’un décès supplémentaire.


Jusqu’à maintenant, 74,5 % de la population québécoise a reçu au moins une dose d’un vaccin contre la COVID-19, tandis que 63 % des Québécois ont reçu deux doses.


Avec Zacharie Goudreault - Le Devoir



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