Le propriétaire de deux mosquées a fait des pressions sur un entrepreneur pour qu’il n’y ait aucune femme sur un chantier de construction à proximité d'un de ses lieux de culte, le jour de la prière du vendredi.
Celui qui possède notamment la mosquée Ahl-Ill Bait, située dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, a d’abord demandé à l’entrepreneur de ne pas faire de travaux le vendredi pour ne pas nuire au jour de la prière. Cette requête lui a été refusée en raison des retards qui en auraient résulté.
Il a ensuite réclamé que les femmes ne soient pas visibles les vendredis sur le chantier à proximité de cette mosquée. Cette clause est d’ailleurs écrite noir sur blanc dans le contrat signé par l'entrepreneur.
La mesure vise trois femmes, deux signaleuses et une inspectrice, que l’entreprise G-Tech a dû réaffecter ailleurs, selon une information obtenue via le compte Facebook de TVA Nouvelles.
Le PDG de Map Signalisation, responsable de deux des chantiers, n'a pris connaissance que de cette exigence que lundi, car il était absent depuis deux semaines. «Je trouvais ça complètement inacceptable», a déclaré Marc-Alexandre Perreault à TVA Nouvelles.
Malgré tout, il s'est senti obligé de donner son aval à cette demande. «On m'a dit qu'elle serait en danger si elle travaillait le vendredi. Une fois elle a été obligée de travailler et elle devait être accompagnée d'un travailleur», a ajouté M. Perreault qui a évoqué des menaces et de l'intimidation.
Il maintient que les femmes ont leur place sur les chantiers de construction. «Peu importe le chantier, peu importe l'endroit, les femmes ont autant le droit de travailler sur n'importe quel chantier», insiste-t-il.
«En retrait, juste un peu plus loin»
«Aujourd’hui, dans la construction, on a beaucoup de femmes, parce qu’on a réussi à les faire rentrer [dans le milieu]», a indiqué Jean-Sébastien Samson, contremaître pour G-Tech, à TVA Nouvelles.
M. Samson mentionne qu’une travailleuse visée par la demande a «travaillé pareil», mais que sa présence a nécessité quelques accommodements.
«Elle n’a pas manqué de travail parce qu’elle ne pouvait pas être là, sauf qu’on l’a mise juste en retrait, un peu plus loin», a-t-il expliqué.
Le chantier est actif depuis un peu plus d’un mois dans ce secteur de la ville. Les femmes qui y oeuvraient ont été déplacées du site il y a trois semaines.