Qu'est-ce que cette tendance «jovialiste» à prétendre que le français se porte bien au Québec, y compris à Montréal, alors qu'il suffit de tendre l'oreille pour constater que le portrait n'est pas tout rose? demande Mario Beaulieu, porteparole du Mouvement Montréal français.
Même quand l'Office québécois de la langue française et le Conseil supérieur de la langue française se font rassurants, M. Beaulieu demeure préoccupé. «Ces deux organismes ne sont pas indépendants mais relèvent du gouvernement», fait-il observer.
En d'autres mots, M. Beaulieu n'est pas certain que le gouvernement n'édulcore pas un peu le portrait. Paranoïa ou crainte légitime?
En mai 2006, une chercheuse de l'Office québécois de la langue française (OQLF) avait déclaré au congrès de l'Association canadienne française pour l'avancement des sciences (ACFAS) que ses patrons lui avaient interdit de présenter les résultats de ses recherches parce qu'ils n'avaient pas été approuvés par la ministre de la Culture. La chose avait ensuite été confirmée par le directeur de la recherche de l'OQLF. Dans ces conditions, la chercheuse a pu rendre compte de la méthodologie de ses travaux, mais pas de ses résultats.
Déjà, en 1996, une situation semblable avait fait grand bruit. Michel Plourde, un ancien président du Conseil de la langue française, et la politologue Josée Legault avaient causé une commotion en révélant que le rapport sur l'état du français au Québec qui leur avait été commandé avait été édulcoré. «On vit un ministère tenter de réécrire tout un chapitre, avec une analyse bien différente de celle qui avait été faite par le comité technique», avait écrit Michel Plourde dans une lettre aux journaux, dénonçant le fait que certaines conclusions peu reluisantes sur le français au Québec avaient été gommées.
Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, auteurs de The Story of French, se méfient tout autant des statistiques sur la langue, pour d'autres raisons : à leur avis, les recensements évaluent à la baisse le nombre réel de francophones.
Dans un recensement, il revient à chacun d'évaluer sa maîtrise de l'anglais et du français. Or, selon Jean-Benoît Nadeau, bon nombre de personnes sont intimidées et hésitent à déclarer qu'elles parlent français si elles font des fautes. «Par contre, dès que l'on sait baragouiner l'anglais, on se dit bilingue!» lance M. Nadeau.
Qui est francophone? Qui est anglophone? Qui est bilingue? Difficile de le déterminer. Au dernier recensement, une chaîne de courriels invitait les francophones hors Québec à minimiser leur connaissance de l'anglais de peur que les réponses ne soient utilisées pour justifier une baisse de services en français.
EN CRISE LE FRANÇAIS?
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