Le Canada doit-il vraiment servir ses citoyens en punjabi, en cantonais et en mandarin?
En 2005, quand Ottawa a décidé de créer l'organisme Service Canada, espèce de guichet unique de tous les services gouvernementaux, la commissaire aux langues officielles d'alors, Dyane Adams, a sourcillé en apprenant que le service serait offert dans tant de langues. Pire, lors de l'inauguration du service, il manquait plusieurs renseignements en français en raison de pépins techniques.
«Quand on parle de services fédéraux, l'obligation du gouvernement est avant tout de servir tous les Canadiens dans les deux langues officielles. Et il faut admettre que, 35 ans après la promulgation de la Loi sur les langues officielles, beaucoup de services demeurent inadéquats dans plusieurs communautés francophones au pays», avait déclaré Mme Adams.
Sur le terrain, le bilinguisme connaît en effet beaucoup de ratés. Au congrès libéral qui a eu lieu récemment au Québec, le français a été malmené : pas de modérateur bilingue, des fautes flagrantes projetées sur écran géant, un site Internet en franglais, des résolutions lues en anglais seulement et tutti quanti.
Chez les conservateurs, le français n'est pas plus répandu. «C'est un combat permanent, résume Yves Malo, président de la tribune de la presse parlementaire canadienne. Les réunions techniques se passent à peu près toutes en anglais, et il faut se battre pour que les politiciens fassent de temps en temps des déclarations publiques en français. Même Stephen Harper se fait tirer l'oreille : pour les discours préparés, ça va, mais dès qu'il s'agit de déclarations spontanées, il préfère y aller en anglais.»
Voilà pour le côté noir des choses. Graham Fraser, nouvellement nommé au oste de commissaire aux langues officielles, signale certains aspects positifs, comme les exigences élevées pour tout chef de parti fédéral. «En pleine campagne électorale, alors qu'ils sont épuisés, les chefs de parti doivent participer à un débat en français, puis à un débat en anglais. C'est presque unique dans le monde.»
Aux quatre coins du pays, M. Fraser constate aussi la multiplication des programmes d'immersion française. «À Vancouver, on peut étudier en français de la maternelle jusqu'à l'université.»
Par ailleurs, en 2005, la Loi sur les langues officielles a été amendée et oblige désormais le gouvernement à non plus seulement assurer certains services bilingues, mais à «favoriser la progression vers l'égalité de statut et d'usage du français et de l'anglais».
Cette avancée juridique a cependant été accompagnée de l'abolition du programme de contestation judiciaire. Depuis 1978, ce programme accordait une aide financière aux Canadiens qui poursuivaient le gouvernement lorsqu'ils jugeaient leurs droits linguistiques bafoués.
EN CRISE LE FRANÇAIS?
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