L'anglais et le français sont peut être les deux langues de travail à l'ONU mais, dans les faits, c'est bien en anglais que tout s'y passe ou à peu près, comme c'est le cas dans la plupart des organisations internationales.
C'est tellement vrai que Ban Ki-moon, qui s'apprête à deveni secrétaire général de l'ONU, ne parle pas français, au grand dam de la France.
La Québécoise Louise Fréchette, qui a longtemps été la numéro 2 à l'ONU en tant que vice-secrétaire générale, a pu constater qu'aux bureaux de l'ONU, à New York, ça se passe en anglais. «Quand un poste est affiché, l'anglais est exigé, tandis que la maîtrise du français ou de l'espagnol n'est que souhaitable», dit-elle.
Il est bien loin le temps où la diplomatie se faisait en français. Aujourd'hui, «le jeune Malaisien ou Thaïlandais qui aspire à devenir diplomate se mettra évidemment à l'anglais», relève Mme Fréchette.
Préoccupant pour le français ? Pas outre mesure, selon elle. «Les gens ne choisissent pas davantage l'espagnol ou l'arabe et cela ne signifie pas non plus la disparition des langues nationales», dit-elle.
Seulement, il faut bien une langue commune et, même si les traducteurs des six langues officielles ne sont jamais loin, le délégué arabe ou chinois passera d'office à l'anglais le plus souvent. «Quand un délégué prépare une résolution, il veut en contrôler le mot à mot et ne veut pas risquer que le sens se perde dans la traduction», explique Mme Fréchette.
En Europe, c'est l'anglais aussi
Au total, 55 pays sont membres de la francophonie. Or, en 2005, à l'assemblée générale des Nations unies, «seulement 23 d'entre eux se sont exprimés en français», relève Louise Beaudoin, ex-ministre péquiste qui a notamment été responsable de la francophonie et des relations internationales.
À la Commission européenne et au Conseil européen, ce n'est guère mieux, observe-t-elle.
«La Grande-Bretagne est la plus frileuse face à l'Europe, dit-elle. Pourtant, c'est sa langue qui domine ses institutions. Il y a 10 ans, le français était à égalité avec l'anglais alors que, aujourd'hui, à peine 30 % des travaux se font encore en français.»
D'une manière générale, Mme Beaudoin note que le dynamisme des Alliances françaises, fondées en 1883 pour promouvoir la langue et la culture françaises, a porté quelques fruits. Il n'est pas rare, en effet, que l'on puisse converser en français là où l'on s'y attendrait le moins. Mme Beaudoin cite à cet égard le cas du ministre des Affaires étrangères de la Bulgarie, qui parle très bien le français pour l'avoir appris à Sofia, dans un lycée français. Cela étant dit, il faut mettre les choses en perspective, ajoute M me Beaudoin. Le français a beau gagner des locuteurs en nombre absolu, son poids relatif dans le monde est loin de monter en flèche. Si l'on compte quelque 175 millions de francophones dans le monde, il faut se rappeler que «la planète compte tout de même quelque 6 milliards d'êtres humains»!
Plus encore, fait observer Mme Beaudoin, il ne suffit pas de constater à quel point le français se porte bien au Sénégal. Encore faut-il faire un saut au Burkina Faso et dans d'autres pays pourtant membres de la francophonie pour observer qu'il ne s'y trouve souvent pas plus de 10 % à 15 % de citoyens parlant le français.
EN CRISE LE FRANÇAIS?
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