Face aux problèmes de fécondité qui frappent plus d'une société occidentale, la classe politique propose toutes sortes d'approches: se montrer plus généreux avec les familles en offrant des bébé-bonus, favoriser le retour au travail des jeunes mères, s'assurer que les parents disposent d'horaires flexibles pour jouer leur nouveau rôle sans trop de stress...
L'ADQ, qui veut se positionner comme LE parti de la famille, consacrera quelques heures de son congrès, cette fin de semaine, à débattre de propositions susceptibles, du moins c'est ce qu'elle souhaite, de motiver le désir d'enfants au Québec.
Son objectif est ambitieux: faire passer la moyenne d'enfant par femme de 1,6 à 2.
Il faut dire que notre taux de fécondité est parmi les plus bas en Occident. Le Québec est pourtant loin d'être le pire endroit au monde pour fonder une famille. Avec nos généreux congés de maternité et notre réseau - bien qu'imparfait - de garderies à 7$, nous faisons l'envie de bien des parents, en particulier chez nos voisins américains.
Mais l'ADQ veut aller plus loin. Partant du succès de pays comme la France (plus haut taux de natalité de l'Union européenne) et la Suède (perçu comme un véritable paradis pour les familles), le parti de Mario Dumont mise sur l'argent en proposant d'investir trois milliards supplémentaires, ou 3% du PIB, pour accroître la natalité. (Dans un même souffle, l'ADQ assure qu'elle favorisera aussi le retour au travail des femmes, une précision destinée à celles qui craignent qu'on veuille plutôt les renvoyer à la maison.)
On peut se réjouir des propositions de l'ADQ. Elles encouragent les autres partis à courtiser davantage les familles (dans son budget, jeudi, la ministre des Finances a entre autres annoncé des places supplémentaires en garderie). Cela dit, il ne faut pas s'attendre à des miracles. Les gouvernements ont beau vouloir renverser la vapeur, leurs actions ont une portée bien limitée lorsqu'il est question d'«encourager la famille». Ce n'est ni l'argent ni la qualité des politiques familiales qui, ultimement, convaincront un couple de faire un enfant.
À ce sujet, les démographes sont beaucoup plus prudents que les politiciens. Ils remarquent qu'il y a d'autres raisons, plus complexes, qui freinent le désir des individus à se reproduire, des raisons contre lesquelles même les gouvernements les mieux intentionnés ne peuvent pas faire grand-chose. Outre l'infertilité (l'ADQ a déjà proposé, avec raison, d'aider financièrement les couples aux prises avec ce problème), il y a aussi des motifs propres à la société québécoise. Si on creusait davantage, on pourrait aborder le coeur du problème... et parler d'engagement. Ou d'absence de. Un enfant, c'est pour la vie. Or les unions se défont presque aussi vite qu'elles se forment. Près des deux tiers des couples en union libre se séparent. Or au Québec, la majorité des couples vivent sous ce régime. En France, société plus traditionnelle que la nôtre, les unions sont plus solides, remarquent les démographes. En d'autres mots, si les couples québécois peinent autant à concevoir un second ou un troisième enfant, c'est aussi parce qu'ils se séparent souvent après le premier.
Et ça, l'ADQ n'y peut rien.
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