Dans sa lettre de démission, Sylvie Tremblay a même dit souhaiter que l'ADQ ne se retrouve pas au pouvoir aux prochaines élections. (Photothèque Le Soleil)
Michel Corbeil - Mauvaise «joueuse d’équipe», au comportement «ridicule» et un brin paranoïaque... L’ADQ ne regrette déjà plus son ex-vice-présidente Sylvie Tremblay, s’il faut en croire Tom Pentefountas, le président de la formation politique que dirige Mario Dumont.
M. Pentefountas a multiplié les entrevues, hier, après que Le Soleil eut publié une lettre cinglante où Mme Tremblay annonce qu’elle claque la porte de l’Action démocratique du Québec et brûle les ponts avec ses dirigeants.
Dans sa sortie, l’ex-candidate adéquiste dans Verdun affirme qu’elle a été victime d’intimidation. Un ancien membre de l’exécutif national lui aurait conseillé de «se fermer la gueule». Radio-Canada a obtenu copie d’extraits de courriels où transpirent des reproches. Deux des trois expéditeurs sont des députés, Catherine Morrissette (Charlesbourg) et Sylvain Légaré (Vanier).
«Vous ne passerez pas à travers le mandat important que les membres vous donneront, pensez-y vraiment avant de vous présenter», a écrit l’élu Sylvain Légaré, peu de temps avant que Sylvie Tremblay accède à la vice-présidence. «La région de Québec, autant la Rive-Nord que la Rive-Sud, est un bloc compact de gens qui pourraient très bien se rallier contre vous, lors de l’élection» gagnée au sein de l’ADQ par Mme Tremblay. «Un seul conseil (...), ne pas vous mettre à dos ces personnes qui ont une influence.»
Hier, le chef Mario Dumont, accusé par la démissionnaire de vouloir retourner «les femmes à la maison» avec sa proposition de verser 100 $ aux mères qui n’envoient pas leurs enfants en garderie, n’a pas voulu répliquer aux attaques. Les députés Légaré et Morrissette ont décliné les demandes d’entrevues.
Lors d’un entretien téléphonique, Tom Pentefountas a laissé tomber : «Je trouve cela sans équivoque, ridicule.» Il n’a pas été surpris par le départ, mais par le ton «qui manque de sérieux. Mme Tremblay éprouvait certaines difficultés à être une joueuse d’équipe», a estimé le président adéquiste.
Il a rappelé que Mme Tremblay avait défendu l’idée de donner un chèque de 100 $ aux mères lorsque l’ADQ en a fait un élément de son programme. À ses yeux, elle a dépassé les bornes lorsqu’elle s’en est pris au député Simon-Pierre Diamond en critiquant le fait qu’il est «un jeune homme de 22 ans n’ayant pas terminé son bac en droit, qui habite chez ses parents».
Mme Tremblay reproche à l’ADQ son manque de démocratie alors qu’elle-même a réclamé, selon lui, «d’agir de façon autocratique» pour être désignée candidate dans Verdun. M. Pentefountas n’a pas voulu voir dans les courriels des députés la moindre tentative d’intimidation. «Il n’y a rien de menaçant.»
La faute aux médias
Pour le député adéquiste Marc Picard, les médias «grossissent les histoires plus que ça devrait être. Je commence à être tanné de la couverture médiatique pour ces gens-là», a-t-il commenté.
Il ne comprend pas que Mme Tremblay renie des éléments d’un programme avec lequel elle a brigué les suffrages. «Ça fait cinq ans que je travaille avec M. Dumont et c’est un grand démocrate, a assuré M. Picard. On discute, puis on décide tous ensemble.»
La lettre de démission a suscité des échos chez leurs adversaires. La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, s’est moquée de l’ADQ qui veut ramener le Québec «dans le bon vieux temps».
Des militants péquistes ont souligné les déboires de leurs adversaires. Mais le Parti québécois n’a offert aucun commentaire officiel. Si ce n’est pour laisser tomber «qu’ils (les adéquistes) font la job comme il faut tout seuls. Les gens commencent à réaliser quel parti est l’ADQ.»
Avec la collaboration de Simon Boivin
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