Sylvie Tremblay aurait été conseillée par des experts en communications qu’elle n’aurait pu choisir un meilleur moment : en claquant la porte un dimanche tranquille, juste avant que la folie du hockey n’accapare à nouveau l’espace médiatique, l’ex-vice-présidente de l’ADQ (elle a quitté en mars) a obtenu une couverture médiatique digne des démissions ministérielles.
Le mutisme de Mario Dumont hier, est révélateur de l’embarras que cette histoire, somme toute assez banale, a créé dans l’entourage du chef. On a laissé au président du parti, Tom Pentefountas, un personnage peu connu, le soin de réagir à la démission et d’en minimiser l’importance.
L’ADQ a connu des problèmes d’organisation et de cohésion liés à sa croissance rapide au cours de la dernière année, mais le dernier incident trouve son explication au bureau même de Mario Dumont.
La querelle qui a opposé Mme Tremblay aux instances du parti remonte au congrès de septembre dernier à Victoriaville, lorsque le député Simon-Pierre Diamond a fait bloquer les résolutions soumises par les associations régionales. À peine élue à la vice-présidence, Mme Tremblay a dénoncé cette tactique, mais elle n’a pas trouvé une oreille sympathique chez M. Dumont.
Au lieu de déplorer ces incidents, le chef a trouvé le moyen de les encourager, en rappelant qu’il s’était livré aux mêmes «stratégies de plancher» lorsqu’il était chez les jeunes libéraux. C’était une erreur de jugement.
C’est dans l’espoir de trouver une nouvelle façon de faire de la politique que de nombreux Québécois ont abandonné le PQ ou le PLQ au profit de l’ADQ. Ce n’était donc pas très habile, de la part de M. Dumont de référer aux bonnes vieilles tactiques des libéraux tout en défendant le stratagème de son député Diamond.
Il était clair que Mme Tremblay n’était pas la candidate des instances du parti, en septembre dernier, lorsqu’elle s’est présentée à la vice-présidence de l’ADQ. Malgré tout, elle s’est fait élire, ce qui démontre tout de même un certain sens de l’organisation, dont le parti aurait pu profiter. Si on se fie à sa lettre de démission, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Elle s’est heurtée à une petite chapelle tricotée serrée où on lui a fait sentir qu’elle n’était pas la bienvenue. Contrairement au PQ, où les dissidents peuvent trouver appui et réconfort dans les différents clans, il n’y a encore qu’un clan à l’ADQ, celui du chef. Hors de l’église, point de salut...
Jusqu’à tout récemment, Sylvie Tremblay a conservé le mutisme sur ses démêlés, expliquant qu’elle ne voulait pas nuire à Mario Dumont, en qui elle avait mis toute sa confiance. Comme des milliers de militants, c’est l’image de jeunesse, d’intégrité et de transparence projetée par M. Dumont qui la retenait à ce parti. Il aurait probablement suffi d’un appel du chef pour désamorcer la crise. L’appel n’est pas venu. La désillusion n’en a été que plus grande.
Ce n’est donc pas un problème de croissance qui explique cette démission bruyante. C’est l’oubli d’un principe sacré en politique : le chef doit rester connecté sur sa députation et ses militants.
Hier, la direction de l’ADQ a dit espérer que cette histoire n’aurait pas d’influence négative sur l’électorat. Une chose est certaine, elle n’est pas passée inaperçue : à 17h, 36 736 visiteurs avaient consulté la nouvelle sur le site de Cyberpresse. Entre deux matchs de hockey, cette petite controverse adéquiste a eu beaucoup de visibilité. Beaucoup trop, pour un parti en baisse dans les sondages d’opinions qui cherche à redorer son image.
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