Pour la première fois depuis 1985, les chefs (et la porte-parole) des partis politiques représentés à l'Assemblée nationale croiseront le fer lors d'un débat en anglais au cours de la prochaine campagne électorale.
Mardi matin, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a ouvertement demandé à ses adversaires de participer à un débat électoral à l'invitation d'un consortium de médias anglophones. Le premier ministre Philippe Couillard et le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, ont par la suite tour à tour accepté.
«Je veux participer à un débat en anglais, je souhaite que Philippe Couillard, François Legault et Manon Massé acceptent également [d'y participer]. Il y a beaucoup à dire à la population anglophone du Québec, qui sont tenus pour acquis par les libéraux», a spontanément affirmé M. Lisée, mardi, lors d'un point de presse, avant même que la journaliste de CTV News à l'Assemblée nationale pose une première question.
«Je serais très heureux d'y participer», a répondu quelques minutes plus tard le premier ministre Philippe Couillard dans les corridors de l'Assemblée nationale, selon CTV News.
«J'accepte avec plaisir de tenir un débat en anglais et [d'y] présenter les idées de la CAQ pour enrichir le Québec et les Québécois. J'ai hâte!», a écrit quelques heures plus tard François Legault sur Twitter.
Québec solidaire, dont la porte-parole Manon Massé est présentement hospitalisée en raison d'une fracture du fémur, mais qui doit revenir à l'Assemblée nationale au cours des prochaines semaines, a finalement accepté l'invitation en fin d'après-midi.
Une première à la télévision
Le dernier débat en anglais réunissant des chefs de partis représentés à l'Assemblée nationale remonte à 1985, écrit CTV News. À l'époque, le débat avait été diffusé à la radio.
Lors de la dernière élection, en 2014, l'ancienne chef du PQ et première ministre sortante, Pauline Marois, avait décliné l'offre de CBC, CTV, Global, CJAD et The Gazette, justifiant son refus parce qu'elle n'était pas entièrement bilingue.
«Je suis capable de parler anglais, avait-elle affirmé à l'époque, je crois que j'ai amélioré mon anglais, mais je ne pense pas que je serais à l'aise dans un débat pour expliquer mes positions précises. Je ne crois pas que cela serait utile pour les Anglo-Québécois. Mais je suis capable d'avoir un dialogue avec eux. Je l'ai prouvé dans le passé, et je continuerai de le faire dans le futur.» De son côté, Jean-François Lisée maîtrise bien la langue anglaise.
Au cours de la campagne électorale, qui mènera au scrutin général le 1er octobre prochain, les chefs de partis s'affronteront également aux Face à face de TVA, le 20 septembre, ainsi qu'au débat d'un consortium médiatique francophone (incluant La Presse) le 13 septembre.
Les partis politiques doivent désormais s'entendre avec le consortium médiatique anglophone sur la date de ce troisième débat.