L’auguste présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), Diane Francœur, a finalement daigné se pointer en public. Flanquée de son négociateur et ex-premier ministre Lucien Bouchard, elle a présenté sa version de l’entente controversée sur la rémunération des spécialistes.
Jongler avec les chiffres – telle est la vraie spécialité de la Dre Francœur. Après avoir joué à la victime des médias depuis des mois, elle en a lancé des chiffres. « Cette entente n’est pas facile à comprendre », répétait-elle. Comme si le bon peuple qui signe le chèque manquait de neurones pour la comprendre.
Que de poudre aux yeux elle a lancée sur cette nouvelle entente. Laquelle ajoutera encore aux augmentations déjà considérables – soit de plus de 100 % – accordées aux spécialistes au cours des 10 dernières années. Le tout, sans bonification de l’accès aux soins. En février, le Conseil du trésor avançait d’ailleurs que 2 milliards $ de plus leur seraient versés d’ici huit ans.
Oh joie !
Oh joie ! Dre Francœur jure que la FMSQ se préoccupera dorénavant du bien-être des patients. Désolée. Il aurait fallu y penser bien avant au lieu de passer aussi souvent à la caisse sous le tandem complaisant des docteurs Barrette et Couillard.
Diane Francœur a aussi repris son refrain victimaire. Des « attaques acerbes », dit-elle, ont été faites contre les médecins. Le « lien de confiance » entre eux et leurs patients en a souffert. Or, personne, ou presque, ne s’en prend aux médecins. Ce qui est dénoncé est la gloutonnerie de la FMSQ depuis 2007.
Quant au « lien de confiance », s’il est brisé, ce n’est pas entre patients et médecins, mais entre les contribuables, la FMSQ et le gouvernement Couillard. La distinction est essentielle.
Le pire, s’il s’en faut, est que rien ne change sur le fond des choses. Les mêmes dogmes trompeurs triomphent à nouveau. Le gouvernement et la FMSQ continuent de tabler sur le « rattrapage » avec le reste du pays – la clé de cet enrichissement exagéré depuis des années. Le Québec n’est pourtant pas une « province riche ».
Rien ne change
La FMSQ conserve aussi son pouvoir de distribuer elle-même les « enveloppes » de rémunération. Quel autre syndicat a un tel pouvoir de gestion directe des fonds publics ? Lesquels, cette année, frôlent les 8 milliards, tous médecins confondus et sans vérification réelle par la RAMQ. Le nombre croissant de médecins millionnaires ne tient pas du hasard.
Rien ne change. Pas de remise en question du mode de rémunération ni de certains privilèges fiscaux outranciers. Massive, la rémunération des médecins continuera aussi à vampiriser d’autres postes budgétaires en santé et en services sociaux.
Pour améliorer l’accès aux soins, Diane Francœur lance quelques dizaines de millions de dollars ici et là. Une goutte dans l’océan des augmentations accordées depuis dix ans.
Ne reste donc plus qu’une solution. Que le prochain gouvernement fasse le grand ménage dans cette oligarchie médicale née sous le duo des médecins spécialistes Barrette et Couillard. Dans une société vieillissante, aux besoins en expansion constante, ça urge.