53 mémoires régionaux et 21 mémoires montréalais plus tard, tous lus intégralement, bien sûr, la croqueuse de mots souffre actuellement d'une indigestion aiguë, d'un mal de coeur persistant et quitte l'Hôtel "Boutay" pour rejoindre sa cuisine. La vraie, la réelle. Bye, donc, tous ces plats intellectuels, idéologiques, et bonjour ma tourtière du temps des Fêtes, mes pâtés à la viande, mon ragoût de pattes de cochon et ses tendres boulettes de porc, ma grosse chaudronnée de fricassée, mes beignes et croquignols, mes dix sortes de biscuits, mon "gâteau du diable" et mes "boules de neige" (ah-ha! Moi, j'ai les moules pour les faire!), mes petits mokas, mon gâteau des anges, mes carrés aux dattes et, cette année, peut-être bien la traditionnelle dinde et sa délicieuse farce me venant de ma mère, et... mes indispensables coquilles Saint-Jacques en guise d'entrée, et mes jolies salades de poulet, de pommes de terre et de betteraves à la marocaine qui serviront d'accompagnements, au Réveillon, à mes pâtés à la viande "pur porc", svp.
(Diantre! Avec pareil menu, j'aurais presque envie d'inviter Monsieur et Madame Drouin, ainsi que Monsieur Bernard Thompson à ma table!!)
Je reviens à ma québécitude pour un moment. Le temps des Fêtes, ça sert entre autres à cela! Je reviens donc à ma cuisine, à mes recettes, à mes traditions familiales - traditions qu'on ne voit plus guère, maintenant, qu'à cette époque restreinte - et à moi-même, pour tout dire, après avoir consacré des mois (presque 12) à examiner et à étudier ce que les autres, incluant moi-même, pensent...
La semaine a été dure et éprouvante, je dois vous l'avouer, chers lecteurs et lectrices. Comble du comble, ça a commencé lundi, le premier jour de la semaine! Pour deux raisons: 1) Mon tempérament réactif cherchait son prochain sujet de chronique, mais rien à me mettre sous la dent, ou rien n'éveillant ma passion dans ma liste de sujets à croquer... 2) A son émission quotidienne de 5 jours/semaine, Madame Geneviève Asselin traitait des aspects juridiques des accommodements raisonnables et de toutes les propositions faites jusqu'à présent, à la lumière du Droit et des Chartes. Conclusion unanime des experts: RIEN À FAIRE, tout cela va à l'encontre du Droit et de toutes les lois établies... Et puis, à quoi sert-il d'essayer d'imaginer des solutions alors qu'elles sont déjà inscrites, ne serait-ce qu'implicitement, dans nos Chartes??
Ainsi, lundi le 10 décembre à 22h25, j'étais non seulement sidérée, mais à terre. Démoralisée. Complètement. Mais comme je suis une incorrigible optimiste, j'ai cru qu'un élément nouveau apparaîtrait dans le décor au cours de la semaine, qui m'inspirerait et qui, comme dans cette annonce de l'oeuf, me pousserait dans le dos pour me faire avancer à nouveau, pleine d'énergie et d'esprit.
Mardi en fin d'après-midi: j'entends cette nouvelle de ce père musulman qui, à Mississauga, Ontario, a tué sa fille parce que, dit-on, elle refusait de porter le voile islamique... Mercredi matin, j'entends à la radio de Radio-Canada que "Maisonneuve en direct" va traiter de ce sujet délicat par le biais de la question: "A-t-on tendance à occulter les pressions exercées sur les femmes et les filles, pour le port du voile?"
Midi quinze, je suis tout ouïe, crayon en main. - Mais rien de vraiment significatif - du moins pour la croqueuse de mots - n'est ressorti de cette émission. Cette mort est majoritairement considérée comme un cas, parmi bien d'autres, de violence familiale et de confrontation parents-enfants. Un problème qui existe PARTOUT, dans tous les pays et dans toutes les cultures. (Ne pas oublier - ça ne s'est pas dit mais moi, je le dis - que nous avons notre petite Aurore dont, comme par hasard, la version 2005 nous a été présentée la veille à la télé! Son enfer de petite fille justifié maternellement par des arguments religieux, en plus, et avec la complicité partielle du curé...!)
Même l'intervention de Yolande Geadah, mon mentor dans la question des accommodements, ne m'a pas inspirée: Décourager (et non interdire) tout port de signe religieux, dit-elle, parce que cela crée des barrières... Favoriser les interprétations les plus larges, les moins rigides, d'une religion... Miser sur l'éducation...
La seule piste intéressante, pour moi, fut une information fournie par Maisonneuve lui-même, rapportant un propos d'Albert Jacquard: ce dernier lui a dit qu'en France, on a précisément interdit le voile à l'école pour éviter ces pressions familiales et communautaires. - Mais de quoi en faire un sujet de chronique? - Mouais! Etant donné le peu d'information sur les circonstances de ce meurtre et après avoir lu, et ce dans une même journée, deux ou trois, minimum, mémoires défendant fort bien, dois-je dire, le port du voile, pas de quoi inspirer et se mettre à l'ouvrage! Surtout que l'analyse risque de s'avérer longue et assez ardue, même si, dans mes dossiers, ce sujet du voile est assez avancé. (La seule chose dont je suis sûre, c'est que "le droit de ne pas montrer son visage" n'est pas, ou ne doit pas être un droit dans nos sociétés démocratiques. Donc, pas de niqab ou tchador, ni de burka.)
Il y a bien eu, aussi, hier soir, au dernier des forums montréalais, la mise au point de Gérard Bouchard sur "l'esprit de la souche" et non "les souches" (à brûler au feu de la Saint-Jean), mais trop tard, trop à la dernière minute sonnant l'heure de tombée. - Alors, un nouveau mot ajouté dans ma liste de mots à croquer!! Et, d'ailleurs, probablement bientôt, car il semble tout à fait succulent, celui-là!
Donc, je prends une pause, je prépare la période gastronomique des Fêtes et peut-être bien que, cette année, je ferai un effort suprême pour aller entendre les chants de Noël à la messe de minuit!