L'électrification des chemins de fer au Québec

Dans le sens ouest-est pour l'or noir

et nord-sud pour le grand commerce des Amériques

Tribune libre


Il paraît entendu que, même pour les sociétés comme la nôtre qui attendent beaucoup de l'électrification du transport, nous devrons encore nous en remettre au pétrole quelques décennies avant de pouvoir entièrement nous en libérer.
Dans l'intervalle, cela n'empêche pas le Québec de se préparer à divers modes de transport tout électriques :
Le Québec explore déjà des variantes de l'autobus tout électrique.
Le Québec est singulièrement bien placé pour s'ajuster à la voiture électrique personnelle, tant du point de vue de l'aménagement des bornes d'approvisionnement que du point de vue de la mise au point du moteur.
À noter toutefois que l'Ontario compte bien inclure la voiture électrique dans son monopole canadien de la fabrication de l'automobile; une brêve nouvelle entendue à la radio la semaine dernière indiquait que l'Université McMaster, de Hamilton, vient d'obtenir une subvention fédérale pour ses recherches sur le moteur de la voiture électrique. Est-ce que pareille subvention peut être obtenue par le Québec aux mêmes fins?
Le Québec enfin se retrouve au coeur du conflit opposant les marchands d'oléoducs aux transporteurs ferroviaires qui veulent tous deux acheminer vers l'Est (le Québec, les Maritimes, les États du Nord-est des États-Uniss) le pétrole tiré des sables bitumineux de l'Alberta. Le Québec a ici un choix à faire et l'objet de ce texte vise à prôner l'option du transport par train tout- électrique de ce sale pétrole.
Récentes leçons
C'est une option qui peut évidemment paraître suspecte vu les récents déboires du transport pétrolier par train survenus au Canada, le drame du train fou de Lac-Mégantic se révélant un cas qui devrait assurer une vicotire pour les marchands d'oléoducs.
L'idée ici consiste à faire le bilan des déficiences fédérales en matière de sécurité des transports ferroviaires accumulées ces dernières années, déficiences qui contraignent finalement le Québec à établir ses propres règlementations en la matière.
Le Québec devrait exiger que le transport du pétrole sur son territoire se fasse par train électrique sous contrôle du gouvernement du Québec. Investir dans les oléoducs à ce moment-ci est inconséquent dans la mesure où la consommation de pétrole est appelée à diminuer pour éventuellement disparaître. Par contre, investir plutôt dans le transport du pétrole par train électrique rejoindrait les intérêts du Québec à plusieurs égards :
D'abord ce serait un façon économique de dépenser les surplus d'électricité qui s'annoncent, surtout avec l'aménagement de la Romaine.
Ensuite, une fois périmé le recours au pétrole pour le transport routier et le chauffage, les oléoducs deviennent eux aussi périmés, tandis que les trains électriques ouest-est bien gérés se révèlent d'une utilité croissante pour les transports des biens et des personnes.
Enfin, l'expérimentation acquise des trains électriques ouest-est permet d'envisager pour le siècle à venir pareil train électrique dans l'axe nord-sud, de la baie d'Ungava aux rives du Saint-Laurent dans un premier temps, pour le transport de minerais, de produits forestiers, de personnels divers, de touristes du monde venus se familiariser avec nos grands espaces nordiques. À noter que Bombardier Transport est déjà engagé dans ce type de transport nordique en Suède.
Finalement, l'amorce d'un nouveau millénaire et d'un nouveau siècle permet de rëver : pourquoi ne pas imaginer qu'un train tout-électrique puisse dans une décennie ou deux relier l'Arctique à l'Antarctique - de la baie d'Ungava au fond de la Patagonie, contribuant à soulager les systèmes autoroutiers de l'est de l'Amérique du Nord et de l'ouest de l'Amérique du Sud. Un circuit permettant au Québec d'acheminer sa production industrielle vers le sud (les deux-tiers des exportations internationales du Québec déjà sont dirigées vers les États-Unis). Remontant vers le nord, le train tout-électrique amènerait vers les États-Unis et le Québec les vins et productions maraîchères du Chili, de l'Argentine, du Brésil et des pays d'Amérique centrale, ainsi que les oranges et pamplemousses de Floride.
Un Plan Nord sur rails
Toutes ces idées me sont venues à l'occasion des promesses de Plan Nord formulées par l'ex-premier ministre Charest. Je me disais qu'un Plan Nord devrait peut-être débuter par un plan de transport par train tout-électrique, toute activité d'exploitation (minière, forestière, d'aménagement hydroélectrique) devant assumer les coûts de raccordement au réseau ferroviaire. J'envisageais même qu'au delà d'un certain parallèle, tout transport terrestre de longue distance doive se faire obligatoirement par train électrique..
Ce réseau de train électrique serait utile aux autochtones pour leur alimentation et leurs déplacements vers les maisons de santé et les institutions d'enseignement au Sud. Des petits convois pourraient être aménagés en cliniques médicales et dentaires, en tribunaux mobiles itinérants se rapprochant ainsi des communautés autochtones.
Ce chemin de fer tout-électrique emprunterait un itinéraire favorisant aussi le grand tourisme international : un parcours partant, disons, de Trois-Rivières rejoindrait le Saguenay-Lac-Saint-Jean, puis successivement les barrages de Manic-5 et de la Baie James, le réservoir de la Caniapiscau, et plus haut les rives du célèbre cratère Pïngualuit, de 3,5 kilomètres de diamètre, l'un des mieux conservé au monde, presque parfaitement circulaire, produit d'un météorite qui a atteint la Terre il y a 1,4 million d'années.
Le corridor ferroviaire longerait finalement les monts Torngat, la plus haute chaîne de montagnes du Canada à l'est des Rocheuses, avant d'aboutir à un port en eau profonde en baie d'Ungava, promesse de liens maritimes saisonniers tant avec l'Europe que l'Asie si la circulation maritime arctique prend forme économiquement - comme semble le pérfigurer la fonte massive accélérée des glaces dans cette région.
Cette ligne Ungava-Trois-Rivières se trouverait à longer une bonne portion du Labrador. Elle servirait ainsi de mode de transport pour les communautés de Terre-Neuve-et-Labrador, leurs services, leurs exportations et importations. On oublie souvent, dans les milieux indépendantistes, que Terre-Neuve-et-Labrador demeure une entité politique et économique intimement liée au Grand-Nord québécois et le demeurera pour longtemps quel que soit l'avenir constitutionnel du Québec.
Riche de son pétrole, Terre-Neuve-et-Labrador pourrait ainsi vouloir souscrire
aux investissements requis pour cette ligne, en échange de quoi Québec pourrait autoriser Terre-Neuve à acheminer l'électricité des chutes Churchill dans les Maritimes ou aux États-Unis en passant par le Québec, plutôt qu'en passant par des câbles sousmarins, projet jugé aberrant tant d'un point de vue économique que politique, même par certaines élites terre-neuviennes.
Par ailleurs, si les Chinois devaient s'intéresser sérieusement aux minerais québécois, ils pourraient eux aussi être mis à contribution pour le chemin de fer tout-électrique du Grand-Nord.


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4 commentaires

  • Sylvain Boucher Répondre

    24 novembre 2013

    Je me souviens il y a de cela environ 5 ans, l'administration OBAMA avait dans ces plans préliminaires le tracé d'un TGV New-York à Montréal et de Montréal à Chicago en passant par plusieurs grandes villes américaines. Montréal devenait le pivot ferrovière entre l'ouest et l'est des Appalaches. J'avais complètement " capoté " à la lecture de ce document et je m'attendais à ce que les responsables politiques et Bombardier inc réagissent rapidement et positivement, surtout à cause du tourisme qui aurait certainement augmenté. Or, Ottawa a mis le couvercle sur ce projet et Labeaume, Charest ainsi que G Tremplay avec l'aide des médias trop souvent condescendants envers les québécois, ont déclaré tous en coeur qu'il fallait que ce soit Québec-Montréal-Windsor et Toronto. Incroyable.
    Au lieu de foncer avec OBAMA pour travailler NORD-SUD (200M d'habitants au sud des USA), on a PRÉFÉRÉ EST-OUEST (14M d'habitants en Onrtario) en honneur de ce grand Canada. Avec le PQ, il faudrait en plus des projets ferrovières actuels mentionnés dans l'article avec les commentaires, relancer le train rapide NY-Montréal.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2013

    Finalement, l’amorce d’un nouveau millénaire et d’un nouveau siècle permet de rëver : pourquoi ne pas imaginer qu’un train tout-électrique puisse dans une décennie ou deux relier l’Arctique à l’Antarctique - de la baie d’Ungava au fond de la Patagonie, contribuant à soulager les systèmes autoroutiers de l’est de l’Amérique du Nord et de l’ouest de l’Amérique du Sud.
    Oublions l'Antarctique pour des raisons évidentes.
    Un circuit jusqu'à la Terre de Feu implique une intégration poussée des deux continents qui écraserait bien des souverainetés. Propos inacceptables chez les souverainistes.
    Déjà qu'il faut résister à l'intégration des infrastructures de transport, d'eau et d'énergie en Amérique du Nord, contrôlé par une super-entité qui ne relèvera pas des gouvernements. Nous avons déjà le corridor CANAMEX, produit de l'ALÉNA, ainsi que l'autoroute pan-américaine.
    Et s'il y a un projet d'infrastructure ferroviaire à l'échelle mondiale qui est discuté, c'est le tunnel interhémisphérique sous le détroit de Béring qui unirait l'Eurasie aux Amériques.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Tunnel_sous_le_d%C3%A9troit_de_B%C3%A9ring

    Ce projet de $100M inclurait pipeline/gazoduc, fibre optique et lignes de haute tension pour des échanges longitudinaux d'énergie qui compenserait la variabilité diurnal de la consommation pour augmenter l'efficacité des installations nucléaires ou marémotrices notamment.
    Il risque de concentrer beaucoup d'investissements et de laisser peu de ressources pour les autres mégaprojets.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2013

    Un Plan Nord sur rails : Vos propos superposent, par hasard, plusieurs de mes idées sur le projet Chemin de fer TransQuébec Express www.transquebecexpress.ca. Ce projet se veut économique, collectif, rassembleur, respectueux des communautés et des gens du milieu, multifonctionnel, écologique et touristique. Sa construction serait échelonnée sur environ 20 ans. La phase 1 débute par le prolongement du troncon Schefferville/Kuujjuaq lequel unirait le Nunavik au Sud du Québec, ouvrirait des marchés avec le Groenland et les pays nord-européens tout en nous rapprochant du Passage du Nord-Ouest. Impliquons les Jeunes des régions du Québec pour la conception, la planification et la construction de ce réseau écotouristique. Fierté pour nos Jeunes et legs pour les générations futures.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2013

    Est-ce que le train electrique pourrait remplacer tout transport lourd et tant qu'a y etre transporter la lune et le soleil ...
    Le Gouv du Quebec a une fenetre d'opportunite, pendant que le transport CP , CN se consacre a l'or noir et aux matieres premieres et qu'ils reduisent leurs offrent de services aux passagers.
    Le train electrique de type monorail ( suspendu par le haut, non restreint aux intersection comme le sont les trains). Il y a quand meme une limite de surcharge comme quelques ponts qui mettent en garde par une limite de tonnage.
    En passant , oui la liaison Quebec --TerreNeuve devrait etre revue. Que ce soit par avion (montreal ottawa sydney st-john) ou bateau (de sydney 5hres ou 14hres selon ) route ou train ( toujours Passe par Sydney Nlle Ecosse) ....
    Mais si nos liens de proximite sont evident
    Quelles seraient les autre liens qui pourraient se developper entre Terre Neuve et le Quebec