Des odeurs nauséabondes de corruption flottent au-dessus du Québec. Et un nouveau scandale de plus mine le gouvernement Charest.
Des promoteurs qui n’avaient jamais souscrit au Parti libéral dans le passé sont curieusement devenus de gros donateurs après l’acceptation de leurs projets de garderies privées. Qui plus est, dans certains cas, leur dossier avait reçu la note D de la part des fonctionnaires responsables de l’évaluation de la faisabilité et de la qualité des projets.
Le député péquiste Nicolas Girard, qui pourchasse le gouvernement dans cette nouvelle affaire, n’a pas manqué d’ironiser à l’Assemblée nationale, hier : « Pour les fonctionnaires, D, ça signifie difficile à réaliser, décevant pour la qualité, alors que pour le gouvernement libéral, D, ça signifie donateur. »
Le ministre de la Famille et de l’Enfance, Tony Tomassi, s’est finalement engagé à transmettre aux associations des détenteurs de permis de centres de la petite enfance et de garderies privées l’évaluation des 1 900 projets soumis au ministère. Cette mesure est cependant nettement insuffisante. Une enquête du Vérificateur général s’impose sur le processus d’attribution des places en garderies et sur les interventions politiques dans le choix des projets acceptés, après l’analyse des dossiers par des fonctionnaires. Le Vérificateur n’a pas à attendre la commande du gouvernement; il peut prendre lui-même l’initiative de scruter le fonctionnement du programme.
Les liens entre l’octroi des permis et les dons faits au PLQ ne peuvent être l’effet du hasard, comme l’a invoqué le ministre Tomassi. Par ailleurs, le député Girard n’a fouillé que les dossiers des régions de Montréal, Lanaudière et des Laurentides. Il faut mesurer l’étendue du cancer à travers tout le Québec.
Par ailleurs, la rareté des places en garderies a engendré un trafic ouvert d’influence dans les communautés et des soupçons de corruption pour l’acceptation des enfants, sur lesquels les gouvernements successifs ont fermé pudiquement les yeux.
MŒurs politiques dissolues
Le gouvernement Charest a chuté dans les sondages ces dernières semaines, alors que le premier ministre s’entête toujours à refuser la mise sur pied d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction et l’attribution des contrats par les administrations publiques.
Pour les citoyens, il est maintenant acquis que si M. Charest écarte toujours une telle commission d’enquête, c’est que son gouvernement et le Parti libéral seraient éclaboussés par les révélations qu’on y entendrait. L’affaire des places en garderies vient sceller cette perception populaire d’un gouvernement corrompu jusqu’à l’os et elle aura très certainement un effet accélérateur sur la descente de popularité du gouvernement et du premier ministre.
Le climat politique actuel rappelle étrangement la fin du premier régime Bourassa, de 1973 à 1976, alors que le gouvernement croulait sous les accusations de corruption et qu’il avait perdu tout respect des citoyens. Le même phénomène a pu être observé à Ottawa à la fin du régime Mulroney et après l’éclatement du scandale des commandites à la fin du règne de Jean Chrétien.
Un grand ménage
Les mœurs politiques relâchées à différentes époques de notre histoire ont fait une très mauvaise réputation au Québec. Nous vivons une autre de ces périodes sombres. Le malheur est que nous n’avons pas en attente cette fois un M. Net ou une Mme Blancheville en qui nous pourrions nous fier pour faire le grand ménage qui s’impose.
jjacques.samson@journaldequebec.com
D pour donateurs
Des odeurs nauséabondes de corruption flottent au-dessus du Québec. Et un nouveau scandale de plus mine le gouvernement Charest.
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