Le premier ministre Jean Charest aime bien avoir recours à la métaphore du char de l'État dont il tient le volant. «Les deux mains sur le volant», nous disait-il lors de la dernière campagne électorale. Mais depuis quelques semaines, il n'arrive pas à suivre une ligne droite. Devant une opposition déchaînée à l'Assemblée nationale et une opinion publique désabusée, il est constamment obligé de conduire tantôt à gauche, tantôt à droite pour éviter les obstacles, voire se mettre en marche arrière. Deux fois cette semaine, il a dû reculer, d'abord sur la politique d'attribution des permis de garderies, puis hier sur les primes aux dirigeants de sociétés d'État, lesquelles seront réduites. La semaine précédente, c'était sur la taxe santé.
D'autres reculs sont inévitables tant la grogne est forte et tant le Parti québécois se sent encouragé par cette grogne à attaquer tous azimuts. Le geste le plus attendu, le plus nécessaire aussi pour l'image du gouvernement, est le retrait du Conseil des ministres de Tony Tomassi. Il est devenu l'incarnation de tous les travers qui sont reprochés au gouvernement Charest: interventionnisme et favoritisme politique dans la prise de décisions gouvernementales en retour de contributions à la caisse du Parti libéral. Certaines affirmations de l'opposition péquiste sont des allégations non démontrées, mais celle-ci a établi suffisamment de faits pour que la crédibilité même du ministre Tomassi soit réduite à néant.
L'adoption de nouvelles règles pour l'attribution des nouveaux permis de garderie aurait dû apaiser le débat. Les jours suivants ont fait la démonstration que rien n'y fait. Tous les jours, de nouvelles questions s'ajoutent auxquelles Tony Tomassi n'a pas que des réponses maladroites. Plus, il est lâché par ceux qui devraient être ses alliés naturels, soit le réseau des garderies privées, qui demande sa tête.
La démission du ministre de la Famille est inévitable. Il est devenu un boulet. Sa présence dessert tout le monde, tant le milieu des services à la petite enfance que le gouvernement et le premier ministre. Celui-ci lui a accordé un appui obligé. Il peut difficilement le démettre sans que cela soit perçu comme un échec. L'opposition pavoiserait et continuerait de réclamer une enquête publique élargie sur la corruption dans les services gouvernementaux et municipaux.
Dans les circonstances actuelles, Tony Tomassi devrait comprendre qu'il est et continuera d'être la cible de toutes les attaques. Son rôle de «bagman» a laissé beaucoup trop de traces. S'il avait l'élégance de se retirer lui-même, son chef lui en saurait certainement gré. Certes, cela ne réglerait pas tous les malheurs des libéraux, mais son départ enlèverait un peu de pression. Reste à voir s'il est capable d'une telle abnégation.
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