En matière de distribution de fonds publics, la transparence doit être un dogme. Y a-t-il passe-droits? Favoritisme? Ce sont des questions légitimes à poser, et c'est à l'opposition de jouer les chiens de garde. Le Parti québécois le fait actuellement très bien dans le dossier de l'attribution des populaires places à 7 $ à des garderies privées dont les propriétaires ont financé le Parti libéral du Québec.
Au Québec, selon les plus récents calculs sur le sujet, le don annuel moyen aux partis politiques est de 176 $. Il est donc légitime de s'interroger quand on constate que dans une région donnée, des propriétaires ou administrateurs de six garderies privées ont versé au PLQ plus de 30 000 $ en cinq ans.
Les libéraux sont évidemment agacés par de telles révélations, vu le «climat actuel», pour reprendre l'expression de la ministre Michelle Courchesne, qui n'en décolérait pas. Ils n'ont pourtant qu'une porte de sortie possible: tout dire du processus en place.
Madame Courchesne — qui, curieusement, portait hier le dossier alors qu'elle n'est plus ministre de la Famille... mais qui est autrement plus solide que l'actuel ministre, Tony Tomassi — a fait la moitié du chemin. Le ministère, a-t-elle clairement fait voir, n'y va pas au petit bonheur la chance dans l'attribution des places: une répartition régionale exécutée selon six critères évalués par des fonctionnaires préside à la sélection. On comprend dès lors que les cas soulevés par le PQ ne s'appuient pas sur un système non balisé ou vicié, comme on le soupçonne pour certains contrats municipaux de construction.
Le procédé du ministère n'est toutefois pas imperméable à toute influence. L'octroi final de l'attribution de places relève du ministre qui, comme Mme Courchesne a dit l'avoir elle-même fait, peut demander son avis au député du coin. Certains avaient-ils des préférences partisanes? Pour le savoir, il faudrait rendre publique l'évaluation de l'ensemble des projets soumis au ministère.
Ce bout de chemin, les libéraux ne veulent pas le faire. Le ministre Tomassi a plutôt indiqué qu'il donnera cette évaluation aux associations de centres de la petite enfance et de garderies privées qui pourront, si elles le souhaitent, la rendre publique. Façon bien légère de se décharger de ses responsabilités!
Mais le ministère de la Famille est abonné au mutisme. Comme le révélait récemment la Presse canadienne, il y a maintenant cinq ans que le portrait annuel des services de garde n'est plus publié, rendant impossible toute évaluation globale de leurs activités... notamment la répartition détaillée des places. Il faut donc croire le ministère sur parole ou recourir à la Loi sur l'accès à l'information pour en savoir davantage.
C'est aussi à la parole du ministre qu'il faut se fier quand il affirme que l'octroi de places à des donateurs libéraux est le fruit du hasard. Mais le destin semble ici si accommodant qu'une intervention du vérificateur général va de soi.
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jboileau@ledevoir.com
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