Dans la foulée des nombreuses révélations scandaleuses qui ont cours depuis des mois, le rapport Baron déposé mardi au sujet du dérapage financier mis au jour au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) doit être replacé dans sa juste perspective : celle des neuf dernières années d’un gouvernement Charest qui avait promis plus de transparence et d’efficacité en faisant plus de place au secteur privé dans la gestion des services publics. L’échec est retentissant !
L'image choque : entre 2009 et 2011, le Centre universitaire de santé McGill a versé en salaires l’équivalent de 500 employés de plus qu’en 2008 sans qu’un seul patient supplémentaire ait été traité ou que la complexité des soins se soit accrue. Prévu pour atteindre 115 millions de dollars cette année seulement, le déficit du CUSM dépasserait alors celui qui a été enregistré l’an dernier par les 183 autres hôpitaux du Québec réunis, y compris les grands centres universitaires de Montréal et de Québec.
Voilà un aperçu du constat troublant effectué par le groupe d’experts mandaté par le nouveau ministre de la Santé, Réjean Hébert, dès son arrivée, en septembre dernier.
D’autres manquements graves ont été signalés, telle l’acquisition à prix fort, sans l’autorisation de l’Agence régionale, d’un immeuble inutilisable pour cause de zonage par une société affiliée au CUSM, ou encore la création d’une entreprise d’informatique hors du contrôle des autorités.
Au coeur du scandale, on retrouve l’ancien directeur général du CUSM, le Dr Arthur Porter, ce ratoureux homme d’affaires dont l’auteur du rapport, le Dr Michel Baron, soutient qu’il n’était pas du tout préoccupé d’assurer la saine gestion des finances de l’établissement. C’est pourtant cet homme qui prenait seul toutes les décisions au CUSM, se contentant souvent de présentations orales non documentées devant un conseil d’administration servile qui buvait ses paroles à l’instar des autres dirigeants de l’établissement. On le soupçonne maintenant d’avoir facilité l’obtention du contrat de gestion à long terme du futur CUSM par un consortium dirigé par SNC-Lavalin, une sale affaire pour laquelle l’ex-président de la firme, Pierre Duhaime, est accusé de corruption.
On comprend d’ailleurs difficilement que le ministre de la Santé fasse encore confiance au nouveau directeur du CUSM, Normand Rinfret, qui fut l’adjoint du Dr Porter, même en lui déléguant un « accompagnateur » chargé de s’assurer que les corrections seront apportées rapidement.
Depuis plusieurs mois, le Québec vit une véritable psychose alimentée par les enquêtes journalistiques, administratives, policières et par la commission Charbonneau. Les révélations se multiplient au rythme des milliards engloutis dans ces affaires frauduleuses.
Dans certains ministères et plusieurs municipalités, dans les services informatiques et la plupart des projets d’infrastructures, le loup est entré dans la bergerie au vu et au su de politiciens et de fonctionnaires corrompus qui lui ont ouvert la porte toute grande en échange d’avantages personnels ou politiques.
Ce n’est certainement pas faire preuve de partisanerie que d’établir un lien entre l’état lamentable dans lequel des pans entiers du secteur public québécois se retrouvent aujourd’hui et le projet avoué de rapprochement avec le privé qui fut à l’origine des décisions prises par le gouvernement Charest tout au long de ses neuf années au pouvoir.
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