L’auteur de cette analyse n’est pas politologue ou géopoliticien. Ancien journaliste, spécialisé dans le domaine des affaires municipales et du développement urbain, je travaille présentement sur le front de l’analyse politique afin de faire en sorte que certaines synthèses puissent, enfin, émerger en toute lucidité.
Le Québec est un pays nordique. Bien que la majorité de sa population vive entre les 45e et 50e parallèles, la plus grosse portion du Québec est située au nord du 50e parallèle. Qui plus est, le Québec demeure, sans conteste, la province canadienne qui possède le plus gros accès aux mers arctiques. Voilà pourquoi le gouvernement Harper tente de découpler, par tous les moyens, les territoires du Nunavik (un espace qui compte pour le tiers du Québec et fait partie de son territoire depuis 1912) d’avec l’espace territoriale du Québec.
Tout dernièrement, lors d’un référendum tenu en 2011, les Inuits du Nunavik ont rejeté à 66 % le projet de création d’un gouvernement régional qui leur était présenté. Pourquoi donc ? Les principaux intéressés auront réalisé que ce projet ne leur accordait pas assez de souveraineté politique, surtout en regard de leurs prétentions quand à l’occupation du territoire et à l’exploitation des ressources naturelles qui s’y trouvent. Lorgnant du côté de l’autodétermination des peuples du Nunavut (obtenue il y a peu en 1999), les habitants de ce territoire de plus de 500 000 km2 rêvent d’un immense état inuit qui comprendrait le Nunavut, le Nunavik et le Labrador.
Défendre l’intégrité du territoire québécois
Les juristes qui oeuvrent au service des principaux intéressés comptent faire valoir que les territoires du Nunavik n’appartiendrait au gouvernement québécois qu'en vertu d'une convention politique négociée entre Québec, Ottawa et la communauté internationale. C’est ici que la question de l’adoption d’une constitution du Québec représente le dossier le plus urgent à mener et cela bien avant la fin du mandat du gouvernement Couillard.
Rappelons pour nos lecteurs que le Nunavik (incluant plusieurs de ses îles qui ont été temporairement rattachées à la création du gouvernement autonome du Nunavut) constitue un accès géostratégique privilégié à la baie James, la baie d’Hudson, le détroit d’Hudson et la baie d’Ungava et, par voie de conséquence, le principal canal de pénétration des flux maritimes provenant de l’arctique au cœur du territoire canadien.
Les frontières du Québec sont clairement définies à l’ouest, à l’est et au sud. Mais, c’est une autre histoire en ce qui concerne l’hémisphère nord ! N’oublions pas que les agents de la Couronne britannique (rappelons aux lecteurs que la majorité de ces territoires nordiques étaient, naguère, administrés par la Compagnie de la Baie d’Hudson, une entité très proche de la Couronne britannique) viennent tout juste d’annexer les îles de la baie d’Hudson au territoire autonome du Nunavut, cela sous le regard endormi (ou complice) de nos élites politiques.
Par ailleurs, le Labrador, que nous avons perdu (de manière fort contestable) en 1927 à la suite d’une décision arbitraire rendue par le Conseil privé de Londres, nous revient de jure. Mais, c’est une autre histoire que nous règlerons le jour où nous serons un pays indépendant et dans un contexte où nous serons en mesure de « sanctuariser » nos frontières, peu importe les alliances en jeu. Il convient, à court terme, d’englober tous les territoires du Nunavik (incluant les fameuses îles de la baie d’Hudson) à l’intérieur des frontières d’un pays du Québec qui n’attend que sa constitution pour se mettre à voler de ses propres ailes.
Il n’y a aucun problème à ce que la Convention de la Baie James constitue un modèle qui pourrait servir d’inspiration pour ce qui est d’octroyer aux peuples inuit de cette région une autonomie [réelle] assortie de droits d’exploitation et de redevances leur permettant de se développer et de participer à une occupation dynamique et responsable du territoire. Mais, dans le cadre d’un processus où le Québec tarde à réaliser son indépendance, nous devons faire en sorte que notre territoire ne prête pas flanc à des velléités de partition. Il s’agit d’une question de vie ou de mort.
Les potentialités de l’Arctique
Le Canada, les États-Unis, la Russie et le Danemark se disputent, au moment d’écrire cet article, les eaux arctiques et toutes les potentialités que recèle cet espace libéré par la fonte d’une partie de la calotte polaire. Outre les gisements d’hydrocarbures ou de minerais, l’arctique recèle des quantités inouïes d’eau potable. Par ailleurs, si le Québec réussit à se prévaloir de ses prérogatives territoriales concernant ses frontières nordiques il sera en mesure d’imposer des droits de passage à tous les navires qui s’engouffreront dans cette sorte de détroit arctique. Pour nous, la portion nord-ouest de l’arctique québécois représente une zone géostratégique aussi importante que le détroit d’Ormuz pour l’Iran, le Canal de Suez pour l’Égypte ou le port de Sébastopol pour la marine russe.
Cette question des droits de passage a déjà été soulevée par Jean-Jacques Nantel, contributeur émérite du site Vigile.net, à l’intérieur d’une vidéo qui démontre, preuves à l’appui, que le Québec perd des dizaines de milliards de dollars chaque année du fait qu’il ne contrôle pas les flux de marchandises en transit sur son territoire. Ainsi, à l’instar de certaines lignes de chemin de fer, du Pont Champlain ou de la voie maritime du Saint-Laurent, une multitude d’axes de communication sont empruntés par les échanges économiques qui transitent entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Contrairement aux autres nations souveraines qui profitent des flux de marchandises pour imposer des droits de passage, nous nous laissons déposséder d’une mesure de taxation qui nous revient le plus naturellement du monde.
En outre, le Premier ministre du Canada, Stephen Harper, a compris que l’Arctique représentait un espace géostratégique à conquérir le plus tôt possible, surtout depuis qu’il a été établi que cette région pourrait receler l’équivalent de 90 milliards de barils de pétrole et 25 pour cent des réserves de pétrole et de gaz naturel qui n’ont pas encore été découvertes. Par ailleurs, la fonte de la calotte glacière fera en sorte d’ouvrir, naturellement, une nouvelle route maritime intercontinentale entre l’Eurasie et l’Amérique du Nord.
Prendre les moyens qui s’imposent
La Convention des Nations unies qui porte sur le droit de la mer stipule que les états côtiers ont un droit d’accès aux ressources des fonds marins qui constituent le prolongement de leur plateau continental et cela jusqu’à concurrence de 200 miles marins, ce qui est considérable. Voilà pourquoi le Canada et la Russie s’acharnent depuis ces dernières années à cartographier l’essentiel des fonds marins arctiques qui pourraient être rattachés à leur territoire respectif. Le Québec doit se doter d’une constitution qui fera en sorte de délimiter son territoire respectif et de réaliser son indépendance dans les meilleurs délais.
À l’heure où les oligarques qui président aux destinées des hydrocarbures extraits des sables bitumineux d’Alberta ambitionnent de faire passer de dangereux pipelines sur notre territoire, la classe politique québécoise doit se mobiliser afin que tous réalisent que notre territoire est inviolable. Si l’Alberta veut faire passer son pétrole sale à travers nos eaux et notre territoire, il faudra qu’elle verse des redevances à la hauteur du risque encouru dans le cadre d’une telle opération. Le peuple québécois devrait songer à retenir une partie des impôts versés au fédéral dans la négative.
Toutes ses questions devraient faire l’objet d’une stratégie préélectorale et concerner l’ensemble de la classe politique et de la société civile. Il y va de l’avenir de plusieurs générations de québécois. Outre l’adoption d’une constitution, par notre assemblée nationale et l’ensemble des représentants de la société civile qui devront être mobilisés à cet effet, il faudra trouver des alliés stratégiques capables de défendre nos positions à l’ONU et de nous aider à protéger nos arrières. C’est dans ce contexte que les pays scandinaves, la Russie et, pourquoi pas, d’autres pays européens à l’instar de la France pourraient représenter une occasion de tisser de nouveaux partenariats stratégiques.
Les affinités électives
Le Québec vient de passer de l’enfance à l’âge adulte en l’espace d’à peu près un demi-siècle. Notre fameuse « Révolution tranquille », oxymore par excellence, fut téléguidée par des élites désireuses de dissoudre le génie propre de la nation canadienne française. Colonie britannique, organisée en sol nordique, nous nous sommes ouverts tardivement à la modernité en laissant le jeune empire américain spolier l’essentiel de nos ressources aquifères, énergétiques ou ligneuses. Heureusement que les Jean Lesage de ce monde ont compris qu’il fallait nationaliser l’hydroélectricité et s’en servir comme levier de développement socioéconomique, dans un contexte où la maîtrise de nos richesses naturelles devenait une priorité stratégique incontournable.
Nous avons alors subi des pressions incroyables, à une époque où d’autres jeunes nations en développement tentaient, elles aussi, de nationaliser une partie de leurs actifs en termes de ressources territoriales. Car il s’agit bien de cela en bout de ligne. Si nous avons été dépossédés d’une partie de notre legs culturel et spirituel à l’orée des années 1960, c’est à la fin des années 1990 que notre classe politique tentât de liquider la structuration de l’état-nation menée à termes par nos dirigeants les moins corrompus.
La Fédération russe, avant l’arrivée au pouvoir du Président Vladimir Poutine, aura connu les affres de la Révolution bolchévique, alors qu’une caste d’agitateurs, de financiers et d’oligarques étrangers allait mettre tout en œuvre pour détruire cette « âme russe » qui repose sur près d’un millénaire d’histoire jalonnée par l’incroyable interpénétration des cultures slaves, chrétiennes, autochtones, musulmanes et asiatiques. Puis, à l’instar du Québec, la Russie sera spoliée par une classe d’oligarques corrompus qui tentera de faire main basse sur certains secteurs de son économie domestique durant les mêmes années 1990.
Car, il faut bien le souligner, s’ils ont été dépossédés de leur patrimoine spirituel et culturel pendant un demi-siècle (la Russie entre 1910 et la Perestroïka – le Québec entre 1960 et maintenant), nos deux peuples se sont battus afin de se doter d’institutions publiques ou collectives susceptibles de préserver le bien commun. Cette observation ne s’embarrasse nullement d’une considération idéologique en particulier. Seuls nous importent les faits. Peuples agraires, tardivement expulsés de leur féodalité ancestrale, la Russie et le Québec n’ont jamais été en mesure de tirer profit du capitalisme d’après-guerre. Nous sommes passés d’une féodalité à une autre, le temps que de nouvelles oligarchies prennent les manettes, trop heureuses de pouvoir compter sur des nations meurtries et des peuples tenus en laisse depuis si longtemps.
L’Eurasie contre l’Empire thalassocratique
L’Empire anglo-américain s’est construit à partir de la maîtrise des mers et en s’appuyant sur de puissantes guildes, à l’instar de la Compagnie des Indes, pour spolier ses colonies tout en menant une guerre économique sur le long cours. Les spéculateurs de la City qui ont attaqué la monnaie russe, à la veille de Noël 2014, ont précisément agi dans le cadre de cette guerre économique qui ne s’arrête jamais, même en temps de paix. C’est par la maîtrise des mers – thalassocratie – que l’Empire a tissé ses pôles de gouvernance, en s’appuyant sur la maîtrise des flux de marchandises, puis monétaires, pour détruire des économies nationales au profit d’une financiarisation du capitalisme.
Poutine, géopoliticien de génie, a compris que c’est en jetant les bases de l’Eurasie – comme entité spatiale et économique – qu’il pouvait parvenir à contourner les dictats de l’Empire thalassocratique. Pourtant, cette démarche n’a pas empêché la Fédération de Russie de voter d’énormes crédits pour la consolidation de ses forces navales. Puisque pour consolider son projet eurasien, Poutine sait pertinemment qu’il convient d’avoir accès à certaines mers qui permettront aux troupes de son pays de se déplacer sur des terrains d’opération particulièrement stratégiques.
C’est ce qui explique le fait qu’un référendum ait été organisé en Crimée, question que la marine russe ait, de nouveau, accès au port de Sébastopol et, in extenso, au pourtour méditerranéen. Le deuxième coup a été porté par le bouquet d’accords économiques qui ont été signés avec la Turquie. Chrétien convaincu, Poutine rêve que Sainte-Sophie (Hagia Sophia) soit restituée au monde orthodoxe dans un contexte où l’Empire ottoman aura été instrumentalisé à la fin de son règne pour que les chrétiens d’Orient soient exterminés.
Le jeu de go – pour que l’Empire s’épuise
Il n’y a pas qu’un Zbigniew Brzezinski – géopoliticien au service de l’Empire anglo-américain – qui sache jouer quelques coups d’avance. Si le premier aura axé le plus clair de sa démarche sur l’adage « diviser pour régner », Poutine semble plutôt tabler sur celui qui stipule que « l’union fait la force ». Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le dirigeant russe s’est servi de la guerre économique qui lui est menée pour tisser des liens avec la Chine et l'Alliance de Shanghai, avec une Turquie qui se positionne désormais comme un pivot géopolitique, avec le Brésil et ses alliés des BRICS. Il ne manque plus qu’un front dans l’arctique, celui qui unira les destinées du Québec, de la Scandinavie, des peuples autochtones et, même, d’une partie du Canada anglais le jour où Stephen Harper et ses affidés jetteront la serviette.
Incroyable paradoxe, le Québec semble être en porte-à-faux entre l’Empire thallasocratique et cette nouvelle Eurasie qui se construit vaille que vaille. Terre nordique, une partie importante de notre territoire est posée sur le socle du Bouclier Laurentien, alors que le Fleuve Saint-Laurent représente, toujours, le principal accès fluvial de la côte-est nord-américaine. Cela sans compter sur la pénétration du Québec en plein cœur des mers de l’Arctique. Bientôt, dans un contexte de changements climatiques et géostratégiques, le Québec redeviendra un carrefour d’échanges économiques incontournable, tout en pouvant se replier sur son énorme socle territorial. C’est en apprivoisant sa nature nordique, en sortant de la DOXA atlantiste et en se positionnant comme une véritable « Suisse des Amériques » que le Québec pourra assumer son devenir et rejoindre le concert des nations souveraines.
La Realpolitik de l’âge adulte
Nulle question de provoquer indûment nos voisins nord-américains ou de nous lancer dans de folles entreprises chimériques. Il importe, en définitive, de saisir l’opportunité que représente la mise en forme d’une constitution qui sera entériné par notre Assemblée nationale et qui nous permettra de préciser les constituantes de notre futur état. Puisque la nation québécoise possède un parlement et des institutions pérennes, une langue officielle qui est toujours pleine de vigueur, une économie qui n’a rien à envier à celles des autres pays de l’hémisphère occidentale, un vaste territoire et des débouchés sur plusieurs axes géostratégiques.
Les Russes ont démontré qu’ils sont des partenaires fiables lorsque vient le temps de tisser des accords économiques ou de nouer des alliances stratégiques. À l’orée de l’âge adulte, le Québec doit assumer sa position nordique et équilibrer son portefeuille d’alliés … alors il vaut mieux avoir des comptes à rendre à deux protecteurs, que de se voir réduit à faire les quatre volontés d’un seul et unique. Le Québec doit se positionner, rapidement, sur les nouveaux marchés et débouchés qui s’offriront à ceux qui auront compris toute l’importance de posséder une pénétration dans les eaux arctiques.
Chemin faisant, il lui faudra profiter de la joute diplomatique qui s’y déroule afin de tirer son épingle du jeu et démontrer sa bonne foi en toutes circonstances. S’il convient de se positionner sur le pourtour du Pôle Nord, cela ne doit pas se faire au détriment des peuples inuit qui y ont élu domicile depuis la nuit des temps. Ainsi, nous pourrons mettre les représentants de ces communautés à contribution dans le cadre de partenariat de type « gagnant – gagnant », pour que le développement de certains secteurs du Nuvavik se fasse en accord avec un réel développement durable.
Par ailleurs, c’est en assumant nos prérogatives quand à la maîtrise de notre territoire national que nous pourrons entreprendre des négociations de gré à gré avec les producteurs d’hydrocarbures de l’Ouest canadien. Finalement, une meilleure maîtrise de nos instruments de développement collectif nous permettra de dégager de plus grands surplus d’Hydro-électricité que nous pourrons vendre à prix raisonnable à nos voisins de la côte-est américaine. Voyant que le Québec ne leur tourne pas le dos, toujours intéressé à livrer de l’énergie propre à prix compétitifs et à développer de nouvelles dessertes en matière de transports en commun, plusieurs états de la Nouvelle-Angleterre réaliseront que nous sommes toujours intéressés à maintenir des relations de bon voisinage avec eux. Les relations saines, entre les peuples, ne sont possibles qu’au prix d’une réelle autonomie.
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4 commentaires
Bruno Deshaies Répondre
9 janvier 2015La question territoriale du Québec avec l'indépendance
Cette question est importante. Ce n'est pas la seule pour la résolution du problème de l'indépendance politique du Québec. Toutefois, elle est essentielle. En gros, face au trois commentaires précédents, je suis presque complètement d'accord.
Au sujet de l'article de Patrice-Hans Perrier, j'admets son point de vue surtout quand on sait les problèmes que soulèvent notre rapport au territoire du Labrador. Par conséquent, on a aussi des raisons sérieuses à nous préoccuper au sujet de notre frontière dans l'Arctique
Je profite de l'occasion pour manifester mon appui à la belle démonstration de Gilles Verrier sur cette question. Je note ce commentaire :
Je ne veux pas nier le fait culturel du catholicisme au Québec qui demeure toujours réel malgré le dénigrement d'une certaine élite intellectuelle bien pensante et individualiste (formée jadis dans nos collèges classiques). Ce fait culturel devrait être assumé aujourd'hui par les leaders de l'indépendance du Québec. Ce pas franchi permettrait de mieux se comprendre sur l'essentiel au lieu de se diviser.
Le prochain chef du PQ doit mettre le cap sur l'indépendance politique du Québec. Dans ses cartons, il aura à s'occuper du territoire du Québec et de ses frontières. Pour y arriver, il devra comprendre qu'il doit d'abord réaliser l'indépendance du Québec et la reconnaissance internationale de l'État souverain du Québec.
Si l'on admet le point de vue de Patrice-Hans Perrier :«Le grand Nord et le Labrador nous appartiennent», il faudra d'abord ÊTRE indépendant, car l'histoire et la géopolitique vont devenir essentielles à notre développement politique et collectif en devenant une nation indépendante plutôt que de demeurer une «nation annexée».
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
6 janvier 2015"...il sera en mesure d’imposer des droits de passage à tous les navires qui s’engouffreront dans cette sorte de détroit arctique."
Cette affirmation, que vous appuyez des travaux de J.-J. Nantel, est d'une importance capitale.
"...questions devraient faire l’objet d’une stratégie préélectorale..."
Justement, PKP, aspirant à la chefferie d'un parti indépendantiste, s'est associé aux propos de Nantel sur les divers droits de passage qui constitueront une grande source de richesse pour le pays du Québec.
Et c'est ce qui le fait tant craindre du ROC, en panique de nous voir profiter de notre position géo-stratégique au coeur même de ce pays qui nous aime "petits".
Pour l'empêcher de se rendre à "la chaise" ils n'ont pas fini de déployer les pires tricheries (commençant par la commission parlementaire paquetée)
Gilles Verrier Répondre
5 janvier 2015L'auteur prend la liberté d'esquisser un avenir du Québec qui oserait se prendre en mains. Ce que j'apprécie. Dans le Nord, les possibilités évoquées font apparaître la grande timidité du Plan Nord de Jean Charest. Il reste que l'occupation du territoire par une présence humaine continue est un élément clé de souveraineté qui n'a pas de substitut à ces latitudes. Ce qui est un problème pour le Québec. Les Russes qui y avaient abandonnés leurs investissements après le démembrement de l'Union soviétique, ré-investissent massivement depuis quelques années dans leur région polaire. Ils le font à l'instar des autres joueurs sur l'échiquier comme les États-Unis, la Norvège et le Danemark qui reconnaissent tous que les régions polaires sont parmi les dernières frontières avec des zones mal définies. Les Russes englobent, à part la réouverture de bases militaires, la recherche scientifique (météo, océans, etc.), l'exploration minière, pétrolière, gazière, etc. Avec leur flotte du Nord et d'importants chantiers naval ouverts sur l'Arctique, il est vrai qu'ils auront toujours plus de moyens que le Québec. Mais le Québec pourra jouer son rôle comme il a su le faire dans le passé avec des surprises comme, par exemple, l'invention de la motoneige. Si Armand Bombardier a mené son projet avec peu de moyens, il ne faudrait plus laisser sans appui nos ingénieurs et nos scientifiques les plus talentueux et les plus créateurs, sans quoi le Québec ne se maintiendrait pas au niveau mondial de pointe. Avec une classe politique renouvelée, mentalement libérée et sincèrement dévouée au bien du pays, le Québec pourrait faire aussi bien que les petits pays scandinaves qui sont reconnus partout pour la qualité de leur apport.
Le parallèle entre la Russie et le Québec que fait l'auteur est intéressant. Il faut prendre conscience de la proximité de voisinage que constitue pour le Québec - ouvert sur le monde - un pays comme la Russie. Quant on songe à ce regroupement économique que constitue l'ALENA, il est utile de considérer qu'il n'y a pas de telles différences de distances entre la Baie James et Mexico et la Baie James et des métropoles de la Russie nordique comme Mourmansk et Arkhangelsk. Pour qui pense en termes de liberté politique, le Québec avec sa petite taille devra toujours manoeuvrer adroitement, se tenir autant qu'il le peut à l'écart des clans idéologiques et apprendre à équilibrer ses relations avec tous ses voisins. Ici, je suis entièrement d'accord avec l'auteur. Dans un monde où il faut continuer d'espérer que le droit international l'emporte sur la brutalité des puissants, ce sera toujours le meilleur gage d'indépendance pour un petit pays.
Bien qu'il y aurait plusieurs autres commentaires à faire sur cette tribune, j'y reviendrai peut-être, je terminerai en commentant cet extrait :
«Car, il faut bien le souligner, s’ils ont été dépossédés de leur patrimoine spirituel et culturel pendant un demi-siècle (la Russie entre 1910 et la Perestroïka – le Québec entre 1960 et maintenant)»
À ce sujet, je dois dire qu'à la différence de la Russie, pour laquelle la ré-appropriation de son patrimoine spirituel et culturel est indissociable de sa renaissance économique et nationale, le Québec demeure divisé et affaibli par l'incapacité de son élite intellectuelle à conjuguer la volonté d'émancipation politique avec l'adhésion «naturelle» à son histoire et à son patrimoine marqués par le catholicisme. Le replacement laïc m'apparaît ici comme un appauvrissement. On pourra être en désaccord mais la laïcité est d'abord pour moi une idéologie individualiste qui s'accorde mieux avec la montée du mondialisme (qui gomme les différences nationales) qu'avec la défense de la nation organique.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
5 janvier 2015Le Québec et le Groenland
André Binette
L’Action nationale
mercredi 18 février 2009
http://www.vigile.net/Le-Quebec-et-le-Groenland
...
Éric Canobbio
Géopolitique d’une ambition inuite : le Québec face à son destin nordique
Sillery, Septentrion, 2009, 365 pages
André Binette
13-10-2010
Le 28 avril 2009, l’Inuit Circumpolar Council (ICC), organisme représentant les quelque 135 000-150 000 Inuit répartis en quatre États souverains (la Russie, les États-Unis, le Canada et le Danemark), a adopté en Norvège une déclaration de souveraineté sur l’ensemble de l’Arctique, en guise de prélude à l’indépendance annoncée du Groenland. La souveraineté est considérée dans ce document comme un concept évolutif sans définition établie (article 2.1). Les auteurs s’y réfèrent afin d’affirmer leur identité millénaire, leur sentiment d’appartenance, et leur désir de signifier aux États de cette région de plus en plus névralgique que l’on ne pourra ignorer ni leur présence ni leurs droits dans la prise de décision relative à leurs territoires historiques.
(...)
L’objectif d’une partie de l’élite politique inuite est de démontrer, lorsque les circonstances internationales s’y prêteront, que le Canada et le Québec sont tous deux divisibles. L’autonomie régionale n’est pour elle qu’une étape historique, nécessaire, mais transitoire, dans cette direction. Lors de mon mandat à la coprésidence de la Commission du Nunavik, certains membres de cette élite ont eu la franchise, dans des échanges souvent empreints d’une inoubliable intensité, de le reconnaître. Lorsque j’ai entrepris ce mandat, le meilleur conseil que j’ai reçu était : « N’oublie jamais que ce sont des Chinois. » Je me méprenais toutefois sur la portée de cette remarque. J’ai longtemps cru qu’elle ne signifiait que l’horreur asiatique de perdre la face devant des vérités dites trop brutalement. Il y a bien davantage. Comme leurs cousins chinois, nos Inuits du Nunavik ont une intelligence politique et une vision stratégique à mon avis considérablement supérieures à celles de la plupart des hommes et des femmes politiques du Canada et du Québec,
http://www.action-nationale.qc.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=1096&Itemid=81