Indépendance politique du Québec

Comment peut-on monter vers l'indépendance ?

Concevoir l’indépendance comme un bien en soi

Chronique de Bruno Deshaies

Bruno Deshaies, 22-11-2015

«Et un État souverain, c’est d’abord et avant tout une constitution. Pas de constitution, pas d’État.» [Pierre Cloutier (1)]

Nous avons perdu assez de temps à tergiverser au sujet de la «question nationale» pour savoir qu’il est URGENT de prendre position sur l’indépendance POLITIQUE du Québec. Le mot POLITIQUE indique une force plus étendue que le mot ÉTAT, car il l’inclut comme une fonction essentielle pour toute nation indépendante qui jouit de sa souveraineté ou du self government complet à l’interne et à l’externe. Il faut mettre ensemble la complexité du puzzle indépendantiste pour se comprendre entre tous les indépendantistes d’abord avant de lancer dans le public toutes sortes de projets qui ne garantissent pas la crédibilité du discours des indépendantistes.

Les grandes manœuvres seront uniquement possibles si les Québécois se comprennent majoritairement entre eux sur l’objet même de l’indépendance comme solution politique. L’objectif doit être clair : c’est le préalable.

Quant à l’idée qu’il n’y aurait pas d’État sans une constitution, il y a un os! L’État du Québec serait dans les limbes, car la constitution canadienne n’a pas encore été approuvée par le Québec et pourtant nous continuons d’être gouvernés par un autre État à notre corps défendant. «Pas de constitution, pas d’État», est-ce si vrai dans la réalité historique ?

Par ailleurs, la doctrine d'État c'est bien beau comme ça pour le Québec mais celle du Canada, État souverain et indépendant, reconnu internationalement, est aussi dans la danse. La lutte intraétatique se fera à la fois au Québec-province et au Canada-Anglais (dont une minorité habite le Québec). Les indépendantistes ne devraient surtout pas sous-estimer la réaction du public qui donnera dans un sens ou l’autre (pro-fédéralistes c. pro-indépendantistes) selon les circonstances ainsi que des contradictions et des influences du moment. Le futur est imprédictible mais une préparation solide peut aider à agir lucidement (avec courage et détermination) pour obtenir les transformations que l’on veut pour plus tard.

Dans l’histoire, pour prendre le cas des Colonies anglaises, on sait que l’élite a dû travailler fort pour convaincre chacune des colonies locales de s'unir autour d’un «imperium» acceptable pour tous les États locaux. Les Federalists Papers ont joué un rôle important dans la prise de décision collective finale. La doctrine d’État de tous les gouvernements confondus du Canada-Anglais consiste à maintenir l’unité pancanadienne avec ardeur, voire même pugnacité.

Quant à la doctrine d'État dans le cas des Québécois, c'est Duplessis qui est allé le plus loin avec son projet d'impôt provincial. Toutefois, on sait qu’il a dû modifier finalement sa loi adoptée, en 1954, et en réécrire une deuxième version, en 1955, avec la contribution des fonctionnaires fédéraux sous le gouvernement du député de Québec-Est, Louis Stephen St-Laurent, 12e premier ministre du Canada.

Quant à nous aujourd’hui, la doctrine d'État risque de faire face au «cinq objectifs de négociation» décrit par Charles Iklé (cf. Image no 2). Le petit État du Québec a-t-il, stricto sensu, tous les moyens collectifs associés à son statut d'État fédéré ? L’analyse de R. Aron sur les relations interétatiques et intraétatiques mérite notre attention. Prenez le temps de lire attentivement cet extrait :

La souveraineté peut être considérée comme le fondement à la fois de l'ordre interétatique et de l'ordre intraétatique. UN ÉTAT EST SOUVERAIN EN CE SENS QUE, sur son territoire, réserve faite des règles coutumières, obligatoires pour tous les «États civilisés», et des engagements pris par convention ou traité, LE SYSTÈME LÉGAL QU'IL ÉDICTE OU AVEC LEQUEL IL SE CONFOND EST L'INSTANCE DERNIÈRE. Or, ce système n'est en vigueur qu'à l'intérieur d'un espace limité, il ne s'applique qu'aux hommes d'une certaine nationalité. Si donc la souveraineté est absolue, l'ordre intra et l'ordre interétatique sont essentiellement autres puisque le premier implique et que le second exclut la soumission à une autorité unique. (Dans Paix et Guerre entre les Nations, Paris, Calmann-Lévy, 1962. Huitième édition en 1984.)

Une constitution, en soi, ne donne pas la souveraineté de l’État. C’est le public (population, masse, peuple, État, nation) qui donnera, selon les règles démocratiques en usage, l’Autorité d’exercer en son nom les pouvoirs requis pour diriger l’État souverain du Québec sous les deux facettes de l’intra et de l’interétatique au sens de la pleine souveraineté. Cela dit, les institutions demeurent essentielles à la vie en société pour «tous les "États civilisés"».

Avec l’acceptation majoritaire par la nation québécoise, le gouvernement indépendantiste élu aura à exercer selon ses objectifs politiques tous les moyens pour conquérir son «status» de nation indépendante. Il faut reconnaître pour l’action les exigences de la tactique. Quant à la «discrétion» ou même la «ruse», je n'ai aucun problème. C'est même de bonne guerre.

L’action diffère de l’étude. L’action s’accompagne toujours d’une certaine propagande qui exagère dans un sens ou dans l’autre. Par conséquent, les politiques ont cette responsabilité de traduire dans les faits le changement souhaité, c’est-à-dire d’atteindre avec conviction la fin-en-vue. Alors, les représentants indépendantistes seront jugés sur leur conviction dans l’orientation de leur action politique et de leur prise de décision.

Qu’on le veuille ou non, le débat public aura lieu avec ou sans doctrine d'État, anyway !

L’urgence de la création d’un atelier de réflexion sur la mise en place de l’Institut s’impose de lui-même à la face des événements. Les colloques, c’est bien beau, les brûlots habituels sur notre «malaise collectif», c’est bien beau aussi, mais le travail en équipe pour la mise en place du discours indépendantiste demeure la priorité centrale du mouvement indépendantiste. La politique publique NATIONALE d'un gouvernement sur son statut politique impose une recherche, une affirmation et une défense de son objectif ambitieux, car elle consiste à faire l’indépendance POLITIQUE de la nation québécoise. Cette équipe aura à apprendre à penser en présence des faits et à donner concrètement une impulsion au plan des idées indépendantistes à l’action politique. Ce travail en amont permettrait aux hommes d’action d’élaborer la stratégie globale et d’organiser les forces de la collectivité. Cependant, cet effort collectif ne peut ignorer son vis-à-vis le Canada. Des tensions sont à prévoir mais il faudra surmonter les tentations de découragement, sachant que…

Le gouvernement du Canada a déjà sa feuille de route politique avec l’unité pancanadienne [l’idéologie du «canadianisme / canadianism» (2)]. Pour sa part, le Canada-Anglais et tous les partis fédéralistes ne se gêneront pas à utiliser tous les stratagèmes imaginables et inimaginables pour briser toutes les velléités de «séparation».

Il est trop facile de postuler que l'État du Québec possède de facto tous les atouts de sa géopolitique. J'ai déjà mis des bémols sur cette approche dans une chronique sur Vigile. Dans le Canada, la nation annexée du Québec est aussi une nation minoritaire au Canada où y demeure une minorité canadienne britannique intransigeante et de toute façon dominante. Pour le Québec-Français, montrer trop de «zèle» à vouloir démolir le Canada britannique et le Canada-Anglais multiculturel ouvre la porte à ce pancanadianisme qui «contribuerait à la centralisation et à une plus forte annexion de sa propre nation minoritaire» (Maurice Séguin, Les Normes, Chapitre Troisième : «Sociologie d du national», division 3.10.1.4- z). «La politique du "possible"» doit être évaluée sérieusement puisque «La "question nationale" n'est pas une voie à sens unique. » [Cf. Ibid., paragr. y)] Aux deux extrêmes du spectre des «solutions», on trouve, d’une part, l’indépendance possible et, d’autre part, l’assimilation totale de préférence.

En résumé, on peut noter finalement six options :

1. monter vers l’indépendance ;
2. accepter lucidement l’annexion ;
3. se laisser glisser vers l’assimilation (de préférence totale) ;
4. faire face lucidement à la provincialisation ;
5. tirer parti de la réalité « obligatoire » à l’échelon régional ainsi qu’à l’échelon central ;
6. parasiter de la manière la plus autonome possible… et attendre l’occasion… si jamais…

Finalement, la réponse repose dans les mains de tout groupement d’hommes et de femmes qui souhaite « maîtriser et réussir sa vie collective selon sa fin propre » (cf. Ibid., 3.2.4.c.1). Ce serait cette forme de nationalisme naturel que pourrait pratiquer consciemment une ethnie, c’est-à-dire «une communauté nationale» (cf. Ibid., 3.2.4.c.2) afin de « réussir sa vie collective selon sa fin propre » (cf. Ibid., 3.2.4.c.1). Il semble que ce serait l’«engagement» du Chef du Parti québécois (cf. infra Document).

Le nationalisme canadian vs le nationalisme québécois

Ce qu’il faut comprendre au sujet du nationalisme, c’est que le Canada-fédération est fort de tout près de 150 ans d’une expérience du fédéralisme comme mode de régime administratif encadré par une loi fondamentale devenue intangible, quasi intouchable. Or, ce régime politique est un instrument institutionnel qui donne au gouvernement fédéral de tous les Canadiens les moyens d’aménager le régime selon ses fins politiques, économiques, sociales et culturelles. Le Canada pratique ce nationalisme à l’endroit du Québec-annexé sous tous les prétextes démocratiques ainsi que de l’ineffable doctrine de l’État de droit. Les Québécois savent de quoi ce statut lui en a valu dans son histoire de nation annexée devenue minoritaire.

Pour garder sa pleine légitimité démocratique, l’État du Québec-annexé doit constamment faire prévaloir tous ses pouvoirs et ses compétences au sein du régime politique actuel. Ce fardeau est très lourd à porter collectivement. Il est la marque de nombreuses privations de toutes sortes qui limitent la maîtrise de son agir par soi collectif. Par conséquent, les Québécois, comme société nationale, doivent prioritairement décider de sortir de ce carcan fédéraliste en accédant, pour toujours, à l’indépendance politique pure et simple du Québec. La maîtrise de son économie peut permettre d’être un peu plus moins maître chez soi, cela va de soi. Cette recherche, cette affirmation et cette défense de l’économie est nécessaire. Il doit en être tout autant, sinon plus, pour le politique qui interagit sur le culturel et l’économique (3) cf. [Image no 3 ].

Monter vers l’indépendance doit consister essentiellement à entraîner le public québécois à concevoir l’indépendance comme un bien en soi. Par un effort colossal, le mouvement indépendantiste doit s’imposer la responsabilité de porter le message dans tous les milieux au Québec afin de se donner l’assise démocratique nécessaire pour défendre l’option de l’indépendance politique du Québec et de réussir le pari de la liberté collective de la nation québécoise.

D’autres lisent aussi :

Indépendance nationale du Québec 413
METTRE FIN AU « RÉFÉRENDISME »
Place au concept de l’indépendance d’une collectivité. Chronique 413 de Bruno DESHAIES
16 avril 2014 Source : http://www.vigile.net/Mettre-fin-au-referendisme

DOCUMENT

Pierre Karl Péladeau

Mon engagement

Vous le savez, j’ai passé l’essentiel de mon existence à créer de la richesse, des emplois et aussi à poursuivre l’œuvre de mon père qui voulait démontrer que les Québécois pouvaient et devaient réussir aussi dans le monde des affaires, comme bien d’autres Québécois l’avaient fait dans d’autres champs d’activités.

Cela m’a appris une chose : il est absolument fondamental qu’un peuple contrôle son économie.

Maîtriser son économie, c’est être maître chez soi, c’est avoir le contrôle de son destin, ne pas être soumis à une volonté qui n’est pas prioritairement consacrée à nos concitoyens.

Être maître chez soi, c’est la grande leçon que nous ne devons jamais oublier de la Révolution tranquille, prélude à l’émergence des Québécois dans le monde économique.

NOTES

(1) Voir ses commentaires des 20 et 24 avril 2014 sur la Chronique (cf. Supra «D’autres lisent aussi».

(2) En juin 1956, ce thème a fait l’objet d’un symposium à l’Université de Montréal à l’occasion de la réunion annuelle de la Canadian Historical Association /Société historique du Canada. Sur Le Rond-Point des sciences, vous trouverez le résumé de l’exposé de Maurice Séguin et l’intervention de Guy Frégault à l’occasion des débats. En l’absence de Michel Brunet, Guy Frégault a lu le texte de sa communication intitulé «Canadianisme et Canadianism». Une deuxième édition de cette communication est disponible dans La Présence anglaise et les Canadiens, Montréal, Beauchemin, 1958, p. 167-190. Soixante ans plus tard, on est toujours aux prises avec le même problème d’unité canadienne et de «nation québécoise dans un Canada-Uni» (Déclaration Stephen Harper, premier ministre du Canada, le 24 novembre 2006 : «Une nation du Québec dans un Canada uni.» (Cf. Le Devoir http://www.ledevoir.com/non-classe/123442/une-nation-du-quebec-dans-un-canada-uni

(3) Les «facteurs /forces / domaines» du politique, de l’économique et du culturel font partie de toute la vie intraétatique qui a un lien avec l’interétatique et vice versa (selon la conception de Raymond Aron).

Featured b9f184bd28656f5bccb36b45abe296fb

Bruno Deshaies209 articles

  • 300 940

BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





Laissez un commentaire



6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 décembre 2015

    Bruno Deshaies, 2015-12-03 16h17
    Bonjour Monsieur Gignac,
    J’ai pris connaissance de votre commentaire seulement hier après-midi. Voici ce que j’aimerais vous répondre.
    Monter vers l’indépendance.
    «Par un effort colossal auprès du public québécois pour l’entraîner à concevoir l’indépendance comme un bien en soi.»
    Le défi est majeur. Pourquoi ?
    L’histoire ne plaide pas en faveur des nationalistes-indépendantistes. Malgré tout, le nombre de nations indépendantes augmente au sein de l’ONU depuis 1945 (de 51 États contre 193 États membres, en 2015, soit près de quatre fois plus en 70 ans !). Cela ne signifie pas que les États membres acceptent de gaieté de cœur de nouveaux membres dans le concert des États souverains.
    Les luttes nationalistes pour le maintien de l’intégrité des États souverains, de leur population, de leur territoire et de leur espace maritime et aérien, est généralement prétendu comme inviolable.
    Pour en venir, monsieur Gignac, à votre suggestion au sujet des problèmes de communication et de vulgarisation, j’en suis bien conscient. Malheureusement, le blocage est plus profond. D’ailleurs, vous semblez douter vous-même quand vous écrivez «Peut-être (?) que…» avec un point d’interrogation. Si, peut-être que, les médias s’intéressaient moins à la petite histoire, il serait possible de faire un clin d’œil à la grande histoire, le public verrait moins l’événement singulier que la durée du phénomène primordial de l’annexion qui est, en soi, un fait historique que l’on ne peut dater comme si c’était arrivé ce jour-là. C’est un fait historique qui s’étale dans le temps long, si bien qu’à la fin toute une société ignore la pénibilité de cet «événement». Or, le Québec est une société distincte annexée à une autre nation qui est majoritaire.
    Quant à «savoir mieux voter», ce n’est pas si simple que ça dans un régime où se retrouvent deux légitimités : l’une locale et l’autre fédérale. Allez démêler cela dans la tête des Québécois-Français, c’est compliqué. Le fédéralisme, qu’est-ce que c’est ? L’indépendantisme, l’autonomie politique d’une nation, qu’est-ce que c’est ? Et ce n’est pas l’histoire événementielle ou la petite histoire du cheval canadien ou de la généalogie des familles qui vont régler la dite «question nationale» qui est, au demeurant, une expression polysémique et ambiguë.
    Couvrir l’actualité est une chose mais mettre en perspective le passé plus ou moins lointain de l’histoire des Québécois-Français en relation avec le futur du présent afin de vouloir modifier une trajectoire historique d’annexion nationale en celui d’une nouvelle trajectoire pour «monter vers l’indépendance POLITIQUE du Québec», alors nous ne sommes plus dans le même registre conceptuel.
    Il faut se présenter différemment. C’est un travail de sape et de longue haleine. L’élite souverainiste n’est pas encore rendue là. Elle continue à s’agiter dans l’Actuel. La création de l’Institut vivote dans le secret et les groupes indépendantistes se multiplient. Un atelier de réflexion permettrait certainement de clarifier beaucoup d'idées au sujet de l'action politique indépendantiste auprès du public québécois au point où personne ne sait où donner de la tête. Il me semble que l’Institut devrait donner clairement le ton et le pas afin que le combat s’organise sur des bases solides et fondamentales. Le temps presse.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2015

    Monsieur Deshaies
    N'y a-t-il pas moyen de simplifier votre message pour le rendre plus accessible à la population québécoise qui en a grandement besoin? Peut-être (?) que ça l'aiderait les Québécois à savoir mieux voter dans le futur. Des chroniques pas trop compliquées comme dans le journal de Montréal, je suis sûr que ça marcherait.
    André Gignac 26/11/15

  • Bruno Deshaies Répondre

    23 novembre 2015

    Bruno Deshaies, 2015-11-23 23h07
    Je remercie Madame Chapdelaine d’avoir pris le temps de lire attentivement cette chronique. Elle a compris que le message indépendantiste doit être appuyé par «un plan d’action solide» qui vise l’objectif de l’indépendance politique du Québec.
    Par ailleurs, elle a volontiers pris le soin d’attirer mon attention sur une phrase ambiguë de l’avant-dernier paragraphe de ma chronique. La voici : «La maîtrise de son économie peut permettre d’être un peu plus moins maître chez soi, cela va de soi.» Je vais tenter d’expliquer cette ambiguïté.
    L’économique et le politique
    Par rapport au facteur politique, si le développement d’une «économie progressive» s’accroît favorablement pour le Québec, il peut renforcer le politique. Mais on n’est pas nécessairement plus maître chez soi compte tenu, entre autres, du «partage des compétences et des revenus» dans le système fédéraliste du Canada.
    Il ne s’agit plus de quêter des pouvoirs, de quémander des sources de revenus, de s’acharner à répéter que les Québécois ne veulent pas de cette constitution canadienne rapatriée de force. Il faut surtout mettre l’accent sur le rôle puissant d’intervention, d’organisation du pouvoir politique.
    L’État du Québec a des pouvoirs de «province» comme toutes les autres provinces au Canada. Donc, ce «progrès» économique n’élimine pas les privations dues à notre statut politique d’État provincial au sien d’un État fédéral très centralisé. Le statut du Québec, même avec une vie économique plus enviable, ne change rien au phénomène d’une nation annexée dans un système d’union fédérale. En revanche, admettons qu’il vaut mieux être en meilleures conditions économiques qu’être moins riche collectivement. Ce qui est tout à fait légitime.
    Nationalisme économique et le nationalisme politique
    Sur cette question du nationalisme économique et du nationalisme politique, l’historien Maurice Séguin nous fait remarquer ce qui suit :
    «Être suffisamment maître chez soi et être présent par soi-même au monde s’appliquent aussi bien au politique qu’à l’économique.» (Maurice Séguin. Histoire de deux nationalismes au Canada, Montréal, Guérin Éditeur, 1997, p. 6.)

    Le nationalisme incomplet
    se contente finalement d’une autonomie locale plus ou moins bien définie. Mais le nationalisme complet recherche, affirme et défend la maîtrise suffisante de sa vie intérieure et une maîtrise suffisante de sa vie extérieure. Donc, il faut parvenir à s’affirmer pleinement pour s’assurer solidement d’une maîtrise suffisante de sa vie politique ET économique. Ce qui est le propre d’une nation dans le monde, mais distincte de lui. Voilà le fait de la nation indépendante.
    J’espère que ces explications ont pu répondre à vos préoccupations.

  • Bruno Deshaies Répondre

    23 novembre 2015

    2015-11-23 11 :10
    Je constate que M. Roger Turcotte cite incomplètement ma phrase.
    «Il faut mettre ensemble la complexité du puzzle indépendantiste pour se comprendre entre tous les indépendantistes d’abord avant de lancer dans le public toutes sortes de projets qui ne garantissent pas la crédibilité du discours des indépendantistes
    Le dernier membre de la phrase en gras indique qu’il faut faire une analyse critique et même une autocritique du passé du PQ et des autres formations politiques qui se disent souverainistes. Un bon coup de réalisme s’impose.
    Quant aux têtes blanches, la réponse est simple :
    Parmi les Québécois-Français :
    - les croulants (de 15 à 90 ans) acceptent… le canadianisme ;
    - les jeunes (de 15 à 90 ans) se révoltent contre le canadianisme.
    Or, il semble encore aujourd’hui que la majorité se retrouve parmi les croulants de 15 à 90 ans. Et selon les derniers sondages, ce serait les jeunes croulants de 16 à 44 ans qui acceptent massivement le canadianisme, c’est-à-dire l’unité canadienne ou sont indifférents au discours péquiste et des nationalistes fédéralistes.
    La question qui tue : «De quelle façon peut-on expliquer et persuader une majorité démocratique au Québec favorable à l’indépendance politique du Québec ?»

  • Monique Chapdelaine Répondre

    23 novembre 2015

    M. Deshaies, votre chronique rappelle aux représentants indépendantistes l'importance d'établir, en équipe, un plan d'action solide pour atteindre l'indépendance politique du Québec, et leur responsabilité de porter le message dans tous les milieux au Québec. 
    Cependant, il y aurait une coquille dans la phrase suivante : La maîtrise de son économie peut permettre d'être un peu plus moins maître chez soi, cela va de soi.
    Gardons le cap sur l'indépendance politique du Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2015

    Je cite une phrase de votre texte: IL FAUT METTRE ENSEMBLE LE COMPLEXE DU PUZZLE.
    Beau programme à faire pour les cinquante prochaines années par les vielles têtes
    grisonnantes des séparatistes.