Chemin Roxham : un donateur libéral a reçu 28 millions $ du gouvernement fédéral

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Le trafic des êtres humains est payant

Un donateur du Parti libéral du Canada (PLC) a signé pour plus de 28 millions $ de baux locatifs de gré à gré avec le gouvernement fédéral pour la location et l’aménagement de ses installations adjacentes au chemin Roxham. 


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Ottawa a signé un total de neuf baux avec les sociétés de l’homme d’affaires Pierre Guay, dont le terrain de camping et l’hôtel servant à l’hébergement des demandeurs d’asile qui traversent la frontière de manière irrégulière.


Une note détaillant la valeur des baux signés entre les deux parties a été envoyée aux membres du Comité de l'éthique une heure avant que ceux-ci n’entament une assemblée, lundi après-midi, à laquelle M. Guay a été invité à témoigner.



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«Aucun de ces dons n’a été effectué en échange ou dans l’objectif ou l’espoir de signer plusieurs années plus tard, quelque contrat que ce soit avec le gouvernement fédéral en place, quel qu’il soit, et encore moins de recevoir quelque traitement de saveur de sa part», a déclaré d’emblée M. Guay.


Il a précisé avoir versé environ 20 000 $ au PLC depuis une vingtaine d’années, ainsi qu’aux alentours de 11 500 $ au Parti conservateur du Canada (PCC) depuis une trentaine d’années.


Questionné à savoir s’il reconnaissait qu’il pourrait y avoir un conflit d’intérêt dans cette affaire, M. Guay a affirmé que «ça ne [lui] est jamais vu à l’esprit».


Il a martelé à plusieurs reprises qu’il n’avait eu de contact avec aucun élu, qu’il soit ministre ou simple député, en lien avec l’attribution de ces contrats de gré à gré. Sa députée locale, la libérale Brenda Shanahan, a déjà visité une de ses entreprises et rencontré ses employés. Il n’est membre et ne milite pour aucun parti politique, a-t-il déclaré.


Pierre Guay a indiqué que c'étaient des douaniers de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) qui avaient été les premiers à l’approcher pour se servir de ses installations devant l’afflux croissant de migrants à Saint-Bernard-de-Lacolle, en Montérégie, et non l’inverse.


Des hauts placés du ministère fédéral des Travaux publics et des Services gouvernementaux convoqués au comité ont assuré qu’aucune interférence politique n’avait eu lieu dans le processus d’attribution de ces contrats.


Ils ont précisé qu’«une bonne partie» des montants des ententes conclues avec les sociétés de M. Guay comprenaient non seulement l’utilisation des installations, mais aussi leur amélioration. Il a fallu, par exemple, amener au terrain de camping de l’eau courante et de l’électricité, en plus d’aménager des dortoirs.


Une foule de contrats de gré à gré ont été signés dans ce dossier par le gouvernement, totalisant un peu plus de 500 millions $.


La demande pour ces investissements est venue des ministères de l’Immigration, de l’ASFC et de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), soit les branches du gouvernement les plus étroitement liées à la gestion du chemin Roxham.


Le tout a été fait dans un esprit d’urgence, étant donné l’afflux important de demandeurs d’asile. Depuis le 1er janvier 2022, l’ASFC a travaillé à l’accueil de 26 500 migrants, la plupart ayant traversé le chemin Roxham.


M. Guay possède aux alentours de 224 acres dans cette région frontalière. Il a fait savoir que son hôtel qui borde l’autoroute 15 connait un taux d’occupation qui oscille entre 75 % et 80 %.



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